Paul Adam
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Romancier français (Paris 1862 – id. 1920).
Le parcours de ce romancier brillant et fécond, que certains en son temps comparèrent à Balzac, est représentatif des évolutions littéraires et idéologiques de la fin de siècle. Après la provocation de ses débuts naturalistes (Chair molle, 1885), il est acteur et témoin privilégié des années héroïques où s'affirment les mouvements décadents et symbolistes. Il contribue avec Fénéon, Méténier et Moréas au Petit Bottin des lettres et des arts en 1886. Il compose avec Jean Moréas en 1887 deux romans d'un symbolisme militant : les Demoiselles Goubert et le Thé chez Miranda, et signe sous le pseudonyme de Jacques Plowert un savoureux Petit Glossaire pour servir à l'intelligence des auteurs décadents et symbolistes en 1888. Les romans Être (1888) et En décor (1891) relèvent de l'ésotérisme et du subjectivisme symbolistes. Ouvrant ensuite son univers romanesque à des préoccupations plus contemporaines, à l'Histoire et à la politique, il publie des romans de mœurs (les Robes rouges, 1891 ; la Force du mal, 1896 ; l'Année de Clarisse, 1898), des romans antiques (Basile et Sophia, 1900 ; Irène et les Eunuques, 1907), un cycle de romans historiques (la tétralogie du « temps de la vie ») évoquant l'épopée d'une famille sous l'Empire et la Restauration (la Force, 1899 ; l'Enfant d'Austerlitz, 1902 ; la Ruse ; Au soleil de juillet, 1903). Son anarchisme de jeunesse a fait place à une pensée morale et politique de l'énergie, inspirée par Nietzsche, par Barrès (le Mystère des foules, 1895) et par les socialismes utopiques (les Lettres de Malaisie, 1898). Ses nombreux romans, très lus au tournant du siècle où Adam est devenu une personnalité reconnue de l'institution littéraire, pour ambigus parfois qu'ils soient sur le plan idéologique, témoignent d'une capacité surprenante à traduire dans des fictions originales et audacieuses (dont certaines vont vers la science-fiction) les questionnements et les débats de l'époque.