Bérurier Noir
Groupe français de rock alternatif formé en 1983 en région parisienne avec Loran (guitare, réglages boîte à rythmes), François (chant, sirènes, instruments hétéroclites, masques, grimages), Masto (saxophone), les Titines (chœurs) et Marsu (management, production).
Le concert d'adieu donné à l'Olympia au printemps 1989 par les Bérurier Noir sonna le glas du mouvement alternatif en France. Cet autosabordage intervint après la récupération par des labels « sous-marins » issus de grandes compagnies de la plupart des groupes de la nouvelle scène rock française, et peu y ont survécu….
Il est vrai que le parcours des Bérurier reste hors du commun. Seulement reconnus en 1984 par une frange « punkoïde » du public parisien, ils arrivèrent en 1987 à remplir le Zénith avec une assistance qui allait de l'élève admis en seconde au vieux soixante-huitard retrouvant la fougue de ses jeunes années… Tournant inlassablement dans toute l'Europe avec un répertoire fait de slogans libertaires, anti-Front national et défenseurs des droits de l'homme, ils répondent présent pour animer grèves et fêtes de soutien.
Les mouvements lycéens et étudiants des années 1986, 1987 et 1988 les rendront sympathiques aux yeux de toute une jeunesse fatiguée du Top 50 et saisie par l'angoisse du chômage et la montée de l'extrême droite. Du coup, les ventes de disques montent en flèche, permettant à leur label, Bondage Records, de financer toute une panoplie de groupes alternatifs : les Satellites, les Endimanchés, Washington Dead Cats, Ludwig Von 88, Nuclear Device et bien d'autres….
Antivedettes. En 1988, ils remportent le Bus d'acier, trophée décerné par un jury éclectique du monde du rock et de la variété. Mais ils boycottent la soirée, de la même manière qu'ils refusent tout passage à la télévision, comme ils renoncent à se présenter aux remises de disques d'argent ou d'or. Leur seule « conférence de presse », aura lieu lors de l'annonce de leurs deux ultimes concerts à l'Olympia, où ils déclareront arrêter parce qu'ils ne veulent pas assumer le fait de devenir un produit de consommation. Si on peut regretter que leur sabordage ait entraîné avec eux presque tous les créateurs alternatifs, rendons-leur cet hommage d'avoir été jusqu'au bout de leur logique… À noter que le chanteur tentera bien de reprendre le flambeau en formant le groupe Molodoï quelque temps plus tard, mais le cœur n'y est plus : c'est désormais le rap qui est devenu LA musique contestataire….
Contre toute attente, les Bérus remontent sur scène pour un concert exceptionnel, aux Transmusicales de Rennes, en décembre 2003. C'est l'émeute ! Au même moment sort un DVD + CD : Bérurier Noir : Même pas mort (Wagram), qui réveille les anciennes troupes alliées du commando des agités. On aurait pu espérer un retour en force des Bérus mais l'histoire de ce groupe hors norme semble cependant s'arrêter là.