U2
Groupe irlandais de rock formé en 1978 à Dublin par Paul Hewson, dit Bono, né à Dublin, en 1960, (chant), Dave Evans, dit The Edge (guitare), Adam Clayton (basse) et Larry Mullen (batterie).
L'aventure d'un des plus importants groupes de rock des années 1980 a débuté banalement. En 1976, Larry Mullen Jr, batteur de fraîche date et bien décidé à tenter sa chance dans le rock, rencontre par petite annonce Adam Clayton et Dave Evans, puis Paul Hewson, futur Bono. C'est lui qui rebaptise Dave « The Edge » (la limite). Dans un premier temps, la bande — complétée par le frère de The Edge, Dick, à la seconde guitare — se nomme Feedback et se fait la main sur des reprises des Rolling Stones et de Bowie. Délaissé par Dick (trop occupé à fonder les Virgin Prunes), le groupe — dont la composition est désormais définitive — se rebaptise The Hype. Lors d'un concours organisé par le journal local Evening Press (mars 1978), Adam change The Hype en U2 (avion espion et sous-marin de reconnaissance américains) sur la feuille d'inscription, et c'est sous ce nom que le groupe gagne un chèque de 500 livres et la promesse d'enregistrer une maquette dans les studios CBS. Paul McGuinness (réalisateur de films publicitaires) devient leur manager en mai 1978. U2 enregistre et publie deux 45 tours (Out Of Control en 1979 et Another Day en 1980), avant de signer avec Island.
Hors des sentiers battus. Le single 11 O'Clock Tick Tock, produit par Martin Hannett (producteur en deuil de Joy Division), donne le ton. Boy (1980), premier album efficace, réalisé sous la houlette de Steve Lillywhite (XTC, Eddie & The Hot Rods), séduit tant l'Amérique que l'Angleterre. Avec des titres comme I Will Follow ou Electric Co, The Edge s'impose comme la principale force musicale du groupe. October (1981) délivre une énergie débordante, mais aussi une maturité nouvelle et de nouveaux hymnes pour leurs prochains concerts, comme Gloria, dans lequel Bono n'hésite pas à chanter en latin. En 1983, War (qui reprend sur la pochette le petit garçon à peine grandi apparu sur celle de Boy) est le disque de la reconnaissance américaine et planétaire. La formation peaufine un son issu de la new wave, que The Edge et Larry Mullen Jr personnifient, l'un ayant souvent recours à un système d'écho, l'autre en tentant de sortir des schémas traditionnels habituellement prisés des batteurs de rock. Cela donne une musique intense, presque emphatique, souvent qualifiée de « rock héroïque ». Sunday Bloody Sunday (allusion à un dimanche de manifestation sanglante en Irlande du Nord), avec son introduction — un arpège de guitare saturée chaloupé sur un roulement de caisse claire percutant —, en est un bel exemple. Avec ce titre et New Year's Day, U2 démontre sa capacité à écrire de véritables standards, simples et puissants. Une volonté aussi d'apparaître comme un groupe engagé contre le racisme et l'apartheid (Pride), la faim dans le monde (Do They Know It's Christmas ?) et pour une morale pacifique, imprégnée de catholicisme (In The Name Of Love).
Consécration. Cherchant à se régénérer, le groupe contacte Brian Eno. C'est lui qui, assisté de Daniel Lanois, produira ce qui va devenir The Unforgettable Fire (1984), dont le single Pride (In The Name Of Love) — dédié à Martin Luther King — s'impose comme un nouvel hymne enlevé et héroïque. En 1987 est commercialisé The Joshua Tree (№ 1 dans 23 pays), pour lequel le groupe a réitéré sa collaboration avec le tandem Eno-Lanois. L'album et les titres With Or Without You et I Still Haven't Found What I'm Looking For se classent en tête aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France et dans plusieurs autres pays européens. L'énergie juvénile semble avoir fait place au sérieux. Au cours de tournées-sensations, U2, devenu un mégagroupe, reprenant parfois Dylan (All Along The Watchtower), Lennon (Cold Turkey) ou les Beatles (Helter Skelter) est filmé par Phil Joanou, pour ce qui va devenir le premier film — ainsi que le premier double album — d'une carrière déjà jalonnée de succès : Rattle And Hum (1988). Série de concerts ou de scènes individuelles, comme celle où The Edge interprète seul Van Diemen's Land, ballade dans la plus pure tradition irlandaise, dédiée au poète nationaliste irlandais John Boyle O'Reilly.
Survivre aux années 1990. U2, groupe le plus populaire des années 1980, survivra-t-il aux années 1990 ? Achtung Baby ! (1991) et Zooropa (1993) approfondissent le travail entre Eno et le quatuor, qui cultive à présent une sorte de melting-pot multi-style, naviguant entre ballades (One) et bruitages décalés électroniques (Numb, chanté par The Edge). En 1995, les quatre U2 associés à Brian Eno deviennent les Passengers. Le temps d'un album (Original Soundtracks 1), ils rassemblent autour d'eux des personnalités aussi diverses que Luciano Pavarotti ou Howie B (DJ du label acid-jazz anglais Mo Wax). En 1997, Pop, leur dixième album, joue entre classicisme rock et audaces futuristes, avec des clins d'œil peut-être trop appuyés à la techno, ce qui visiblement laisse leurs fans perplexes. La tournée Pop mart qui suit aux États-Unis n'attire guère les foules et ils doivent annuler plusieurs dates… Pour la première fois, U2, pris entre la contradiction de jouer un rock populaire et le souci de défricher de nouveaux espaces sonores, semble marquer le pas.
Le calme après la tempête. À la fin de l'année 1998, le groupe revient avec l'album Best-Of 1980–1990, le premier d'une série de compilations de leurs plus grands hits. Trois ans aprés le semi-échec de l'album Pop, U2 sort son dixième opus All That You Can't Leave Behind en 2000, qui, loin des incartades techno-dance des trois précédentes galettes, retourne aux sources du bon vieux pop-rock. En 2002 sort une seconde compilation, The Best-Of & The B-Sides of 1990–2000, puis, fin 2004, le groupe revient dans les bacs avec l'album How To Dismantle An Atomic Bomb, qui fait la part belle aux guitares furieuses de The Edge. L'année 2009 semble être celle du retour de U2 avec un nouvel album No Line On The Horizon et une tournée délirante dans les plus grands stades de la planète.