Jethro Tull
Groupe britannique de rock et de rock progressif formé en 1967 à Luton, Bedfordshire, autour de Ian Anderson (chant, flûte).
« Trop vieux pour le rock and roll, trop jeune pour mourir… » Ce titre d'un ancien album de Jethro Tull pourrait lui servir de devise : quarante ans après ses débuts, le groupe est toujours là. Et Ian Anderson, son leader, semble avoir gardé bon pied bon œil. Aujourd'hui, tout en continuant d'enregistrer à l'occasion quelques disques, il est devenu un florissant éleveur de saumon en Écosse. Ce qui ne l'a pas empêché de superviser, en 1993, la parution d'un luxueux coffret discographique retraçant la carrière d'un des plus curieux et anachroniques orchestres du rock anglais.
Rock anachronique. Un kaléidoscope sonore où l'on trouvait pêle-mêle folk médiéval, hard-rock, free jazz et même… musique classique. Le premier succès de Jethro Tull ne fut-il pas, en 1970, un morceau instrumental baptisé Bourrée, emprunté à Jean-Sébastien Bach ? Mais l'ambition de Ian Anderson, l'homme qui grogne en jouant de la flûte traversière, a toujours été d'être reconnu comme un compositeur à part entière. D'où la succession d'opéras rock enregistrés par le groupe, sortes de suites théâtrales un tantinet mégalomanes, dont l'exemple le plus réussi demeure l'album Thick As A Brick, en 1972. Un rock dit « progressif » qui allait ouvrir la voie à des prétendants plus tape-à-l'œil comme Genesis, Yes ou Emerson Lake and Palmer. Depuis son époque glorieuse, Jethro Tull, son patronyme emprunté à un agronome anglais du XVIIIe s., ses musiciens interchangeables et sa figure de proue obstinément barbue, ne produisent plus qu'une musique un brin ampoulée et désuète, à l'écart des modes et des médias. Demeure pourtant, à jamais gravée dans l'imagerie du rock, la silhouette de ce clochard bucolique, en équilibre sur une jambe, soufflant comme un damné dans sa flûte.