The Grateful Dead
Groupe américain de rock formé au milieu des années 1960 à San Francisco par Jerry Garcia, né en 1942 et mort en 1995, (guitare), Bob Weir (guitare rythmique), Phil Lesh (basse), Ron « Pigpen » McKernan, mort en 1973, (claviers) et Bill Kreutzmann (batterie), rejoints en 1970 par Mickey Hart (percussions).
Le Grateful Dead reste, avec le Jefferson Airplane, le groupe le plus représentatif, aussi bien d'un point de vue musical qu'humain, du San Francisco des années 1960 et du « flower power ». D'abord nommé The Warlocks, le groupe, en prenant son appellation définitive en 1965, précise son projet : celui de vivre à fond les nouvelles formes de vie hippie (communauté, drogues) et de les retranscrire dans la musique. Jerry Garcia et sa bande se livrent ainsi à une consommation effrénée de LSD sous la direction hallucinée de l'écrivain Ken Kesey (l'auteur de Vol au-dessus d'un nid de coucou). Leur premier album éponyme, en 1967, traduit cette volonté de recherche tous azimuts (longues improvisations, morceaux peu structurés par un format mélodique). Toutefois, sous l'aspect un peu brouillon du disque, on remarque vite les bases musicales du groupe — folk et country —, ainsi que le grand talent de guitariste de Garcia, au jeu fluide et mélodique, inspiré par Django Reinhardt (comme le grand gitan, Garcia avait perdu l'usage d'un doigt de la main droite). Les albums suivants (Anthem Of The Sun, 1968, et Aoxomoxoa, 1969) sont davantage structurés et l'on y trouve de très belles chansons comme Mountain Of The Moon. Toutefois, aucun disque ne pourra réellement traduire l'essence du « Dead », une formation faite pour le jeu en public, lors de concerts marathons pouvant durer toute la nuit, et qui participera à bien des grands festivals de l'époque, dont Altamont, Woodstock ou Watkins Glen. Garcia appelait cela « le facteur X », c'est-à-dire une alchimie d'ambiance, de virtuosité et de fraternité. L'arrivée en 1970 du percussionniste Mickey Hart va affermir la personnalité musicale du groupe, dont l'album Live Dead (à côté des excellents Workingman's Dead et American Beauty, enregistrés la même année en studio, sous influence country et Crosby, Stills And Nash) porte au pinacle sa capacité au jeu libre. Ainsi, la chanson Dark Star, qui dure 23 minutes, ne compte pas moins de 4 ruptures ouvrant chacune sur une suite remarquable d'improvisations menées par la guitare de Garcia. Sans quitter le groupe, celui-ci fonde, toujours en 1970, The New Riders Of The Purple Sage, qui va contribuer, aux côtés des Byrds, de Commander Cody ou des Flying Burrito Brothers, à la naissance du country rock.
Les années 1970, qui correspondent à la fin de la période hippie, constituent une phase moins productive pour le groupe. Ron McKernan succombe à la suite de ses excès alcooliques en 1973, et Jerry Garcia va progressivement s'accrocher à l'héroïne. Les albums se suivent, de plus en plus somnolents et ennuyeux. Cela n'empêche pas pourtant le groupe de continuer ses innombrables concerts, auxquels un public nombreux et fidèle se presse toujours. Ces fans, on les appelle les « Deadheads », collectionnant les produits dérivés du groupe frappés de son enseigne à la tête de mort et assurant sa survie financière. En 1987, les vieux hippies reviennent (presque) au sommet de leur forme avec In The Dark, et la chanson Touch Of Grey (avec son refrain « I will survive ») sonne comme un hymne pour les « vétérans » des années 1960. Hélas, rattrapé par ses frasques d'antan, Garcia meurt en 1995. Son décès est salué par des personnalités aussi différentes que Bob Dylan, le sénateur démocrate du Vermont ou le ministre bosniaque des Affaires étrangères. Tous honoraient à leur manière l'âme de ce qui était devenu en plus de trente années une institution américaine, la dernière flamme des espoirs fous d'une époque bénie.