The Eagles
Groupe américain de country rock formé en 1971 à Los Angeles par Glenn Frey (chant, guitare, claviers), Randy Meisner (chant, basse), Bernie Leadon (chant, guitare, banjo), remplacé en 1975 par Joe Walsh, et Don Henley (batterie, chant), rejoints en 1974 par Don Felder (guitare).
Dans le sillage des Byrds, Flying Burrito Brothers et autres Buffalo Springfield, la Californie invente un rock aux mélodies ensoleillées qui projette tous ses mirages. Los Angeles sera le nid de ce rock californien d'où s'envoleront les Eagles. Au tournant des années 1970, Meisner, bassiste chez Poco et James Taylor, Frey, claviers chez Bo Diddley, et Henley, qui officiait avec Carl Perkins, sont enrôlés par la pulpeuse baby doll pop Linda Ronstadt pour accompagner ses tournées.
Six mois plus tard, les garçons se font la belle, non sans avoir laissé à Linda une brassée de hits. En s'inspirant de l'imagerie sioux, ils se métamorphosent en héros de l'Ouest, cooptant justement le guitariste des Flying Burritos, Bernie Leadon. David Geffen, le manager de Crosby, Stills, Nash and Young, signe des deux mains sur Asylum, le label qu'il vient de créer. Et tout ce petit monde se retrouve aux studios Olympic de Londres, sous la direction de Glyn Johns (producteur, notamment, des Beatles, des Stones, des Who, de Joan Armatrading et de la chanteuse country Nanci Griffith). De retour à LA, les Eagles griffent les charts de leur album éponyme grâce à un premier tube, Take It Easy, coécrit par un jeune prodige, Jackson Browne, qui avait déjà composé Chelsea Girl pour le Velvet Underground.
Le style Eagles. Vestes à franges, boots de cow-boy, Stetson et bolo tie, les Eagles se font un look à la Dalton pour Desperado, leur second album, enregistré à Londres avec Glyn Johns. Et le style du groupe colle à cette image de garçons vachers. D'abord, les thèmes des chansons, où il n'est question que de hors-la-loi ou de tequila, mais surtout la musique, où les trois guitaristes se livrent à un duel au soleil sur l'harmonie vertigineuse de leurs voix à l'unisson. En 1974, les Eagles enrôlent Don Felder et sa fameuse slide guitar (jouée au bottleneck) pour les accompagner à Londres où l'imprononçable Bill Szymczyk succède à Glyn Johns. Il produira désormais tous leurs 33 tours. L'album On The Border achèvera d'imposer les Aigles de part et d'autre de l'Atlantique. Un an plus tard paraît One Of These Nights — avec le fameux Lyin'Eyes —, mais Bernie Leadon décide de chevaucher vers d'autres aventures : Joe Walsh, le guitariste de James Gang prend la relève. Abandonnant leur panoplie western, les Eagles Mark II imposent leur country rock façon glamour hollywoodien avec l'incontournable Hotel California. Paradoxalement, leur extrême popularité précipitera leur chute. Les Eagles, prisonniers des clichés qu'ils ont inventés, n'y survivront pas. Et puis le punk est passé par là… Un dernier album en 1979, The Long Run (pourtant remarquable), au texte désabusé et à l'arrière-goût de séparation sous sa pochette noire, et nos Eagles voltigent vers des carrières solos. Un double Eagles Live, publié à titre posthume, témoignera de l'incroyable impact que nos desperados avaient en public.
L'épopée des Eagles aurait dû logiquement s'achever, mais avec les années CD une nouvelle génération découvre soudain la décontraction cool du son californien. Quinze ans après sa sortie, Hotel California explose dans les charts, entraînant inexorablement le « Best Of… » jusqu'au sommet des ventes. Et l'inconcevable se produit en 1994 : les Eagles se reforment pour une tournée et un nouvel album, plutôt réussi, Hell Freezes Over, mi-unplugged (non électrifié)/mi-best of, revisité avec quelques inédits, quelques hits de Henley — dont le délicieux New York Minute — et, à la demande générale, une nouvelle version bluesy nostalgique de l'increvable Hotel California. Si les Eagles n'ont fait que perpétuer les harmonies sucrées des Beach Boys, y intégrant les vocalises western des Byrds, ils ont tout de même inventé, avec Fleetwood Mac et Doobie Brothers, ce qui reste aujourd'hui comme la quintessence du style californien, un feeling né des années hippies insouciantes où ne manquaient ni l'amour libéré ni le travail. On comprend que vingt ans plus tard cela fasse encore rêver !.