The Doors
Groupe américain de rock, fondé à Los Angeles en 1965 et dissous à Los Angeles en 1972, composé de : Jim Morrison (Melbourne, Floride, 1943-Paris 1971) [chant], Ray Manzarek (Chicago 1935-Rosenheim 2013) [chant, claviers], John Densmore (Los Angeles 1945) [batterie] et Robbie Krieger (Los Angeles 1946) [guitare].
En quelques années seulement de création, les Doors sont entrés dans la légende impérissable du rock. Ils le doivent tant à leur musique, qui reste d'une absolue modernité, qu'à leur chanteur charismatique, Jim Morrison, mort à 27 ans.
Les « portes de la perception »
Pendant l'été 1965, sur une plage californienne, Jim Morrison, fils d'officier de marine, étudiant passionné de poésie et de théâtre, rencontre Ray Manzarek, étudiant en cinéma et, surtout, joueur chevronné de blues, de rock et de jazz. Ensemble, ils décident de fonder un groupe de rock. Ce sera The Doors, dont le nom leur est inspiré par l'essai d'Aldous Huxley The Doors of Perception, lequel comporte en exergue une phrase du poète William Blake : « Si les portes de la perception étaient nettoyées, toute chose apparaîtrait à l'homme telle qu'elle est, infinie. » En guise d'absolu philosophique, les Doors exploreront plutôt l'univers psychédélique.
La formation comprend alors, outre Jim Morrison, les trois frères Manzarek – Rick et Jim tenant les guitares. Ceux-ci seront bientôt remplacés par John Densmore, batteur féru de jazz, et par Robby Krieger, fan de rock et surtout de blues. Découverts, un soir de 1966, par le président de la firme Elektra, Jac Holzman, les Doors sortent, dès janvier 1967, leur premier album, précisément intitulé The Doors. C'est un manifeste, d'emblée abouti, de leur dévotion au blues, avec des titres emblématiques comme Back Door Man et Light My Fire.
Les Doors forment un groupe désormais à part, au sein duquel Jim Morrison, star à la gestuelle reptilienne, jouera pleinement son rôle de sex-symbol. Après un autre album en 1967, Strange Days, dont la pièce maîtresse est When the Music's Over, paraît en 1968 Waiting for the Sun, bâti sur des chansons d'amour mais contenant aussi une charge antimilitariste (The Unknown Soldier). Dans la foulée aura lieu un fabuleux concert au Hollywood Bowl (5 juillet 1968).
La force du destin
Mortifié par l'insuccès de ses recueils poétiques (The New Creatures ; The Lords : Notes on Vision and New Creatures), Jim Morrison donne peu à peu, sur scène, dans l'« autoparodie » et multiplie les outrances qui le font vivre dans la hantise de la prison. Le quatrième album du groupe, The Soft Parade (1969), fait craindre l'épuisement – malgré le tube Touch Me. Les orchestrations en sont trop clinquantes et les compositions, peu percutantes.
En 1970, les Doors font un retour en force, avec Morrison Hotel, album rock gorgé de blues. Morrison y signe certainement ses meilleures compositions (Roadhouse Blues, You Make Me Real, Maggie M'Gill). Sur scène, aussi, la résurrection se produit, comme l'atteste le monumental double album Absolutely Live. Mais Morrison ne saurait renoncer à ses excès : après s'être déshabillé devant le public de Miami, il est condamné à 500 dollars d'amende, à six mois de travaux forcés et à trente de liberté surveillée. À son sentiment de persécution s'ajoute l'accablement qu'il éprouve devant les décès, coup sur coup, de Jimi Hendrix et de Janis Joplin. Il donne encore, cependant, d'extraordinaires concerts, à Dallas et à La Nouvelle-Orléans.
Dans un dernier sursaut créatif, Morrison pilote les Doors jusqu'à LA Woman (1971), chef-d'œuvre crépusculaire qu'immortalise sa voix grave et profonde. Le blues y fait constamment référence au mojo, philtre magique de l'amour et du bonheur, qui reste pourtant inopérant dans la vie du chanteur. Ce dernier, venu à Paris avec sa femme Pamela, y cédera inexorablement à son penchant pour l'autodestruction. Victime d'une crise cardiaque, il sera inhumé au Père-Lachaise, où sa tombe, depuis lors, reste l'une des plus visitées du cimetière.
An American Prayer
Le 8 décembre 1970, à l'occasion de son vingt-quatrième anniversaire, Jim Morrison avait enregistré un de ses poèmes, An American Prayer. Il y parlait sans tabou de ses obsessions – la religion et le sexe. Quelques années plus tard, la bande fut découverte. Les trois autres membres des Doors, Ray Manzarek, Robby Krieger et John Densmore, décidèrent alors de se retrouver en studio pour mettre en musique cette ultime confession poétique de leur mythique chanteur – ou, plus précisément, pour y ajouter une sorte de musique d'atmosphère.
An American Prayer est sorti en 1978 (puis en 1995 dans sa version remastérisée). Il offre pour toujours un poignant témoignage de l'immense complicité, personnelle et artistique, qui continuait d'exister entre les trois musiciens et leur défunt chanteur, sept ans après la tragédie. « Le futur est incertain et la fin est toujours proche » avait prophétisé Jim Morrison dans la chanson The End.