le Joli Mai

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Documentaire de Chris Marker, avec la participation de la population parisienne dans « 76 grands rôles ».

  • Scénario : Chris Marker, Catherine Varlin
  • Commentaire : Texte de C. Marker, dit par Yves Montand
  • Photographie : Pierre Lhomme, Denys Clerval assisté d'Étienne Becker
  • Musique : Michel Legrand
  • Montage : Eva Zora, Annie Meunier, Madeleine Lecompère
  • Pays : France
  • Date de sortie : 1963
  • Son : noir et blanc
  • Durée : 1 h 50

Résumé

En mai 1962 – premier mois de paix depuis sept ans – Chris Marker et son équipe, caméra Coutant à l'épaule, filment Paris et ses habitants. Ainsi naît le Joli Mai dont la Prière sur la tour Eiffel (première partie) s'ouvre sur une vue panoramique de la capitale. Dans les rues, des Parisiens, de tous milieux sociaux, disent leurs préoccupations immédiates. Le Retour de Fantômas (seconde partie) les confronte au passé récent des attentats O.A.S., du massacre de Charonne et à l'actualité du procès Salan et d'une grève à l'E.D.F. Quelques spectacles du mois – concours de twist au Garden-Club, etc. – interfèrent avec les commémorations nationales du 13 mai, place des Pyramides et place de l'Étoile sur l'image emblématique de « De Gaulle ». Les portraits d'une costumière de théâtre, d'un ancien prêtre ouvrier (militant syndicaliste), d'un étudiant africain et d'un ouvrier algérien concluent cette enquête lucide et personnelle qui se referme sur une vue de Paris en accéléré.

Commentaire

Après Cuba si ! (encore censuré en 1962), Chris Marker joue le jeu du cinéma direct. Muni d'une caméra légère son synchrone, il développe une approche subjective de l'interview qu'il enrichit au montage de jeux sur l'image. Entre les entretiens, ou pendant, il glisse une ponctuation de plans fétiches (chat, chouette), de détails insolites et de tics d'auteur. Avec le même esprit inventif, il mixe son direct et quantité de bruits rapportés pour casser la trame linéaire des questions-réponses et la monotonie du champ-contrechamp. Avec brio et impertinence, Chris Marker fait un sort au « docu-cu » insipide. Le Joli Mai est un regard sur le peuple de Paris aux antipodes des clichés et des idées reçues.