la Terre de la grande promesse
Ziema obiecana
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».
Drame d'Andrzej Wajda, avec Daniel Olbrychski (Karol), Wojciech Pszoniak (Moritz), Andrzej Seweryn (Max), Anna Nehrebecka (Anka).
- Scénario : Andrzej Wajda, d'après le roman de Wladyslaw Reymont la Terre promise
- Photographie : Witold Sobocinski, Edward Klosinski, Waclaw Dybowski
- Décor : Tadeusz Kosarewicz, Maciej Putowski
- Musique : Wojciech Kilar
- Pays : Pologne
- Date de sortie : 1975
- Son : couleurs
- Durée : 2 h 48
Résumé
La ville de Lodz à la fin du xixe siècle. Elle est occupée par les Russes tandis que le reste de la Pologne est occupée par les Autrichiens. Karol, un polonais dont le père, noble terrien, est ruiné, Max, un Allemand, fils d'un petit industriel de la filature et Moritz, un juif sans le sou mais ayant des relations, décident de construire leur propre filature. Ils se partagent les tâches pour trouver le terrain, l'argent et les occasions d'arriver à leurs fins.
Commentaire
Cette œuvre pleine de bruit et de fureur est une adaptation passionnée d'un classique de la littérature polonaise qui évite le piège de l'académisme respectueux. Wajda situe son film dans un contexte où l'on voit se dessiner, dans la dislocation d'un pays et la construction ébauchée d'un capitalisme sauvage provoquant nécessairement l'organisation du monde ouvrier, toutes les tendances, tous les avortements et toutes les interrogations de la Pologne contemporaine. L'utilisation audacieuse de grands angulaires très déformants agresse les personnages et les rend bestiaux tout en les réduisant à des marionnettes sans épaisseur humaine. Les personnages sont des archétypes que les acteurs habillent de leur chair fatiguée et de leurs nerfs à vif. La caméra, très mobile et présente, a le statut d'un témoin privilégié dans un documentaire reconstitué qui fait revivre les enjeux de toute une époque bouleversée. Les seules séquences « fraîches » du film concernent la fiancée de Karol, qu'il abandonnera pour satisfaire son ambition, et qui apparaît comme une vision désuète et nostalgique d'une ancienne Pologne qui se meurt, accompagnée par la belle musique néoromantique de Kilar.