l'Important, c'est d'aimer

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Mélodrame d'Andrzej Zulawski, avec Romy Schneider (Nadine Chevalier), Fabio Testi (Servais), Jacques Dutronc (Jacques), Klaus Kinski (Zimmer), Claude Dauphin (Mazelli), Roger Blin (le père), Michel Robin (Lapade), Guy Mairesse (Messala).

  • Scénario : Andrzej Zulawski, Christopher Frank, d'après son roman la Nuit américaine
  • Photographie : Ricardo Aronovich
  • Musique : Georges Delerue
  • Pays : France, Italie et R.F.A.
  • Date de sortie : 1974
  • Son : couleurs
  • Durée : 1 h 50

Résumé

Servais, reporter, paye les dettes de son père en photographiant des partouzes huppées pour un maître chanteur : Mazelli. Nadine, comédienne, attend une chance à laquelle elle ne croit plus en tournant des films minables. Il la rencontre par hasard sur le plateau d'un film porno et tombe amoureux d'elle. Il décide de l'aider, mais s'aperçoit qu'il est difficile de le faire sans que cela passe pour de la pitié intéressée. Nadine, quant à elle, vit avec Jacques, à qui l'unit un lien douloureux, mais solide.

Commentaire

Ce premier film français de Zulawski s'appuie sur les mêmes lignes de force que ses deux précédents films polonais : une structure au bord du chaos, à laquelle donne forme une forte intensité visuelle, l'éclairant de lueurs tour à tour sinistres et solaires, manifestations d'une providence cachée, secrète – et souvent cruelle – qui ordonne le destin des personnages. Dans ce film de commande, tous ces traits singuliers d'un créateur en marge des courants artistiques « majeurs » sont présents « sur la pointe des pieds ». Car ce qui trouble dans ce film, c'est l'irruption décapante de ce monde personnel dans des schémas scénaristiques conventionnels, auxquels la rage filmique de Zulawski et l'investissement total des interprètes redonnent vie, interrogeant la conscience du spectateur de manière particulièrement physique. Le film bénéficie en outre d'un « casting magique », c'est-à-dire d'une distribution homogène dans la disparité de ses interprètes, adéquats à leurs rôles et dont l'inégalité même crée une étrange et indéfinissable alchimie. Romy Schneider obtint en 1975 le premier César de la meilleure actrice.