Paris, Texas

Paris, Texas

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Drame psychologique de Wim Wenders, avec Harry Dean Stanton (Travis), Nastassja Kinski (Jane), Dean Stockwell (Walt), Aurore Clément (Anne), Hunter Carson (Hunter).

  • Scénario : Sam Shepard, avec L. M. Kit Carson
  • Photographie : Robby Müller
  • Décor : Anne Kuljian
  • Musique : Ry Cooder
  • Montage : Peter Przygodda, Barbara von Weitershausen
  • Production : Don Guest, Karen Koch, Chris Sievernich, Anatole Dauman
  • Pays : R.F.A. et France
  • Date de sortie : 1984
  • Son : couleurs
  • Durée : 2 h 25
  • Prix : Palme d'or, Cannes 1984

Résumé

Comme poussé par une idée fixe, un homme marche dans le désert américain. Il s'appelle Travis et revient auprès des siens, qui le tiennent pour mort ou disparu. Travis ne parle pas, même lorsqu'il a retrouvé son frère Walt qui s'occupe d'une petite entreprise de panneaux publicitaires et qui, avec sa femme Anne, élève comme son propre fils Hunter, l'enfant de Travis. Le film retrace les étapes du « retour » de Travis chez les vivants et de sa « remontée » le long de sa propre histoire, laquelle a commencé, pense-t-il, dans une petite ville du Texas du nom de Paris. Il montre comment Travis découvre son propre fils et gagne peu à peu sa confiance. Et surtout la façon dont il se rapproche de son ancienne femme, Jane, qu'il retrouve travaillant dans un peep-show de Houston. Avant de disparaître de nouveau, Travis fait en sorte que l'enfant retrouve sa mère.

Commentaire

Le récit retrouvé

Couronné à Cannes en 1984, Paris, Texas illustre parfaitement la façon dont le désir de raconter une histoire et la peur de ne pas y parvenir préoccupa les auteurs de la première génération d'après les Nouvelles Vagues. Jeune cinéaste allemand au talent déjà reconnu, Wim Wenders raconte l'histoire de quelqu'un qui, sorti du désert, prendra un nouveau départ à condition d'avoir renoué les fils de son passé. Il en va de même pour Wenders qui, après une période marquée par le thème de la « mort du cinéma », se demande à quelles conditions un cinéaste peut retrouver le goût du récit tout en sachant que, depuis Homère, toutes les histoires ont été racontées. Très conscient du poids de l'histoire du cinéma, Wenders se lance le défi de faire un film américain sans rien renier de son histoire de cinéphile européen, né après la guerre et fortement marqué par la culture populaire américaine.

Paris, Texas parcourt donc plusieurs strates du cinéma américain, du western au mélodrame en passant par la comédie et le documentaire. Le film possède toutes ces dimensions et prend le temps de jeter sur elles un regard d'observateur affectueux. Wenders filme en effet un paysage et des personnages qui ont changé depuis l'âge d'or du cinéma et qu'il est possible de voir d'un œil plus contemplatif. Sociologiquement, le succès du film auprès de plusieurs générations de cinéphiles tend à prouver que Wenders est le cinéaste qui a réussi à articuler un sentiment généalogique (et nostalgique) du cinéma avec le désir (un peu volontariste) de continuer à raconter. L'esthétique maniériste qui en découle trouve dans Paris, Texas l'un de ses grands moments.