Moi, un Noir (Treichville)
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».
Documentaire subjectif de Jean Rouch, avec Oumarou Ganda (Edward G. Robinson), Petit Touré (Eddie Constantine), Alassane Maiga (Tarzan), Amadou Demba (Élite), Seydou Guede (Facteur), Karidyo Daoudou (Petit Jules).
- Scénario : Jean Rouch et les interprètes
- Photographie : J. Rouch
- Musique : Joseph Degré, Myriam Touré, N'Dyaye Yera, Amadou Demba
- Montage : Marie-Josèphe Yoyotte
- Pays : France
- Date de sortie : 1958
- Son : noir et blanc
- Durée : 1 h 20
- Prix : Prix Louis-Delluc 1958
Résumé
Le portrait d'un groupe d'adolescents africains de Treichville, faubourg populaire d'Abidjan. Leur vie quotidienne, du lundi au week-end ; leur rapport au travail (ils sont manœuvres, journaliers ou dockers) et aux loisirs de la vie urbaine, à travers les mythologies du cinéma de consommation populaire tel qu'il était distribué en Afrique coloniale.
Commentaire
Les surnoms que les protagonistes se donnent à eux-mêmes sont tout un programme : Eddie Constantine, Edward G. Robinson, Tarzan, Dorothy Lamour… Ces jeunes Africains, frais sortis de la brousse nigérienne, découvrent la civilisation blanche à travers les mythes des films policiers américains et français de grande série. Le génie de Jean Rouch est d'avoir laissé le protagoniste principal, Oumarou Ganda, improviser un commentaire en voix off où il se double lui-même, faisant du film un miroir où le personnage se découvre avec son imaginaire et ses mythes. Jean-Luc Godard se souviendra très directement de cette liberté de ton lorsqu'il concevra les dialogues de Michel Poiccard dans À bout de souffle.