Loulou
Lulu, die Büchse der Pandora
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».
Mélodrame de Georg Wilhelm Pabst, avec Louise Brooks (Loulou), Fritz Kortner (Peter Schoen), Franz Lederer (Alva Schoen), Carl Goetz (Schilgoch), Alice Roberts (Anna Geschwitz), Gustav Diessl (Jack l'Éventreur), Krafft Raschig (Rodrigo), Daisy d'Ora (la fiancée de Peter Schoen), Michael von Newlinsky (le marquis Casti-Piani).
- Scénario : Ladislao Vajda, d'après deux pièces de Frank Wedekind
- Photographie : Günther Krampf
- Décor : Andrei Andrejew, Hesch
- Montage : J.R. Fiesler
- Production : Seymour Nebenzahl (Nero Film)
- Pays : Allemagne
- Date de sortie : 1929
- Son : noir et blanc ; muet
- Durée : 3 254 m (environ 2 h, copie d'origine) ; 2 880 m (environ 1 h 46, copie actuelle)
Résumé
Splendide créature capricieuse, insouciante et voluptueuse, Loulou ne vit que pour l'amour physique, entretenue par un grand bourgeois, le Dr Peter Schoen. Elle reçoit la visite de son ancien protecteur, le vieux Schilgoch, qui veut la convaincre de reprendre sa carrière de danseuse. Mais elle prépare un numéro dans une revue dont s'occupe Alva, le fils de Schoen, et dont les costumes sont dessinés par Anna Geschwitz, une lesbienne amoureuse d'elle. Bien qu'elle ait été sciemment cause de la rupture de ses fiançailles avec une bourgeoise, Schoen décide d'épouser Loulou, mais, choqué par ses louches fréquentations et découvrant son fils en posture compromettante avec elle, il lui tend un pistolet et lui ordonne de se suicider : elle se débat, le coup part, mais c'est lui qui est tué. Au tribunal, elle parvient à s'enfuir avec la complicité de ses amis et devient la maîtresse d'Alva. À la suite de diverses aventures, elle se retrouve à Londres avec Alva et Schilgoch dans la plus noire misère : elle décide de se prostituer et attire dans leur mansarde un client désargenté qui n'est autre que Jack l'Éventreur. Qui la poignarde.
Commentaire
L'innocence corrosive
Le scénario s'inspire de deux pièces du grand dramaturge expressionniste allemand Frank Wedekind : l'Esprit de la terre (1893) et la Boîte de Pandore (1901). Loulou est à la fois la cause du déchaînement des tempêtes de la passion et l'incarnation de la nature, de la vitalité pulsionnelle opposée aux tabous imposés par la « culture » d'une société prisonnière d'une « morale » immorale : en ce sens, elle est parfaitement innocente des drames qu'elle suscite. Elle représente, pour le meilleur et pour le pire, l'« éternel féminin » : c'est une créature totalement possessive dans ses désirs érotiques, mais profondément désintéressée dans ses rapports avec les hommes, à la fois force de vie et instrument de destruction, dont l'existence et la mort sont l'illustration de la dialectique freudienne Éros-Thanatos. On comprend que cette image vénéneuse et provocante de la femme libre ait fait scandale à l'époque : le film a été mutilé et défiguré par la censure, et la copie actuelle n'est que partiellement reconstituée. Le personnage a trouvé dans la sculpturale et incandescente Louise Brooks une interprète idéale, dominant magistralement cette tragédie de sexe et de sang dans la visualisation superbement expressionniste qu'en donne Pabst.
Autre version réalisée par :
— Leopold Jessner, intitulée Loulou (Erdgeist), avec Asta Nielsen, Albert Bassermann, Rudolf Forster, Carl Ebert.
- Pays : Allemagne
- Date de sortie : 1922
- Durée : environ 2 000 m (1 h 15)