La Dolce Vita
La Dolce Vita
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».
Chronique dramatique de Federico Fellini, avec Marcello Mastroianni (Marcello), Anita Ekberg (Sylvia), Anouk Aimée (Maddalena), Yvonne Furneaux (Emma), Lex Barker (Robert), Alain Cuny (Steiner), Nadia Gray (Nadia), Magali Noël (Fanny), Jacques Sernas (l'idole), Annibale Ninchi (le père de Marcello).
- Scénario : Federico Fellini, Ennio Flaiano, Tullio Pinelli, Brunello Rondi
- Photographie : Otello Martelli
- Décor : Piero Gherardi
- Musique : Nino Rota
- Montage : Leo Cattozzo
- Production : Riama et Pathé
- Pays : Italie
- Date de sortie : 1960
- Son : noir et blanc
- Durée : 2 h 58
- Prix : Palme d'or, Cannes 1960
Résumé
Jeune journaliste sans caractère, Marcello fréquente les milieux riches de Rome. Il passe la nuit chez une prostituée avec la mondaine Maddalena, tandis que sa compagne Emma, maladivement jalouse, tente de se suicider chez lui. Il va à l'aérodrome accueillir Sylvia, star scandinave qui le fascine : elle l'agace par ses coquetteries, mais il se fera rosser par son amant en titre. Son père, venu le voir à Rome, est frappé d'une crise cardiaque chez une entraîneuse. Son ami Steiner, homme cultivé, apparemment heureux, se suicide après avoir tué ses enfants. Marcello sombre peu à peu (et lucidement) dans une débauche qui n'est que l'envers du désespoir. Moins acteur que spectateur, il participe à la fête que donne Nadia pour fêter son divorce. À l'aube, il aperçoit, visions antithétiques, un monstre énigmatique échoué sur la plage et une fillette pleine de grâce qui l'avait ému naguère.
Commentaire
De grands tableaux juxtaposés
Objet d'un énorme scandale à sa sortie (Anita Ekberg y est déguisée en cardinal, on passe directement d'une séance de spiritisme à une messe chez des nobles décadents…), La Dolce Vita est pour nous le tournant décisif dans la carrière de Fellini. Sans se soucier d'une intrigue à proprement parler, il reprend la structure en grands tableaux des revues de music-hall, pratique qu'il n'abandonnera plus guère. Le monde qu'il décrit (celui du cinéma international, notamment) était déjà alors près de son déclin. Mais ce n'est pas là qu'il faut chercher le sens de l'inquiétude qui habite tous les personnages. Inquiétude religieuse ou non ? Fellini (qui s'est bien gardé de trancher) est probablement plus vrai quand il parle de la « peur des Martiens » (métaphore de la peur atomique). Cette inquiétude laisse aussi apercevoir la peur de mourir qui nourrit dès lors la vitalité de l'artiste, lequel se cite (le faux miracle renvoie à Il Bidone) et ne cessera plus de se citer, comme pour compenser l'écoulement du temps, suggéré à plusieurs reprises de façon saisissante dans cette vaste fresque moderne.