King Kong
King Kong
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».
Film fantastique de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, avec Fay Wray (Ann Darrow), Bruce Cabot (John Driscoll), Robert Armstrong (Carl Denham), Frank Reicher, Sam Hardy, Noble Johnson, James Flavin.
- Scénario : Merian C. Cooper, Ruth Rose, James A. Creelman, d'après une idée d'Edgar Wallace
- Photographie : Eddie Linden, Vernon Walker, J.O. Taylor
- Décor : Willis O'Brien, Carroll Clark, Al Herman
- Musique : Max Steiner
- Montage : Ted Cheeseman
- Production : Merian C. Cooper (R.K.O.)
- Pays : États-Unis
- Date de sortie : 1933
- Durée : 1 h 40
Résumé
Sur le point de partir en expédition, des cinéastes engagent une jeune actrice au chômage, Ann Darrow. Il se révèle en cours de route que l'un d'eux, Denham, a prévu de gagner une île mystérieuse de l'océan Indien où il espère trouver un monstre qui fera de son film un événement. Effectivement, à peine ont-ils débarqué que les choses se précipitent : les indigènes s'emparent de la jeune femme pour l'offrir en sacrifice au roi King Kong, gigantesque singe qui l'enlève aussitôt. L'autre chef de l'expédition, Driscoll, qui est tombé amoureux d'Ann, s'engage alors dans une poursuite folle, au cours de laquelle surgissent des bêtes préhistoriques terrifiantes. Finalement, King Kong est fait prisonnier et ramené à New York, où on l'exhibe dans un théâtre. Mais il détruit ses liens et sa cage, retrouve Ann et, après avoir démoli une partie de la ville, se réfugie au sommet de l'Empire State Building. Il ne faudra rien de moins qu'une escadrille aérienne pour en venir à bout.
Commentaire
Le triomphe du mythe
King Kong est assurément un des films qui ont marqué le cinéma, en tant qu'il est un art de la mise en résonance de l'imaginaire avec les sentiments les plus profonds de l'humanité. Un succès total et jamais démenti, dont témoignent aussi les multiples suites, remakes et imitations qu'il connut, vint d'ailleurs récompenser tout de suite un travail énorme – un an de tournage, des maquettes exceptionnelles, un très gros budget. Ainsi arrivait à son apogée la collaboration de Cooper et Schoedsack, qui, fait particulièrement intéressant, avait commencé par des documentaires à la fois très réalistes et très travaillés en Asie.
Très allégoriquement, la mise en situation de l'histoire s'appuie sur des éléments absolument contemporains : la capitale du progrès technique, le plus récent et le plus haut de ses gratte-ciel, le tournage d'un film. Mais ce n'est que pour mieux retrouver dans toute leur puissance les grands thèmes mythiques de la Belle et la Bête et du monde primitif de la jungle. C'est en effet ce double croisement qui a donné au film son impact indélébile par une série d'images définitivement inscrites dans la mémoire collective – et ce, que l'on ait ou non vu le film lui-même. De la fragile créature féminine perdue dans la paume du monstre au déchaînement de sa force aussi bien face aux bêtes de la préhistoire que parmi les constructions de l'homme, la liste est longue de ces images auxquelles il faut bien sûr associer, à côté de Cooper et Schoedsack, O'Brien qui en fut, au sens propre, le génial animateur.