Hitler, un film d'Allemagne

Hitler, ein Film aus Deutschland

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Monologue dialogué de Hans-Jürgen Syberberg, avec Heinz Schubert, Peter Kern, Hellmut Lange, Rainer von Artenfels, Martin Sperr, Peter Moland, Johannes Buzalski, Alfred Edel, Amelie Syberberg, Harry Baer, Peter Lühr, André Heller. En hommage à Henri Langlois et à la Cinémathèque française.

  • Scénario : Hans-Jürgen Syberberg
  • Photographie : Dietrich Lohmann
  • Musique : Mahler, Mozart, Wagner
  • Montage : Jutta Brandstaedter
  • Pays : R.F.A.
  • Date de sortie : 1977
  • Durée : 7 h 20

Résumé

En deux séances et quatre parties (Un film d'Allemagne, Un rêve allemand, la Fin d'un Conte d'hiver, Nous, les enfants de l'enfer), « pas une histoire des hommes, mais l'histoire de l'humanité. Pas un film catastrophe, mais la catastrophe en tant que film. (…) Il est question d'Hitler en nous, sans décors, en projections, artisanat imaginaire que le budget nous permet juste et où chacun peut participer » (H.-J. Syberberg). Un narrateur protéiforme, Koberwitz, est interprété par trois acteurs différents.

Commentaire

Un pari insensé, un événement de cette fin de siècle. Il appartenait à cet Allemand venu de l'Est, expert en mythes germaniques, de traiter du grand cauchemar et de sa survivance sous les traits du « culturel » et de l'asservissement de la planète : Hitler est en nous indubitablement. Pour Syberberg, Hitler est d'abord un prodigieux cinéaste, véritable metteur en scène d'une guerre conçue pour être filmée (« Oui, qui tient le cinéma tient l'avenir du monde »). Aussi, jouant sur les projections, recréant la Black Maria d'Edison – conçue comme un nouveau Graal –, se livrant à un étourdissant montage sonore, Syberberg utilise tout l'arsenal audiovisuel pour faire exister un monologue à plusieurs voix, véritable chant de détresse d'un Allemand d'aujourd'hui. Le film connut un immense retentissement en Occident, sauf en Allemagne.