Easy Rider
Easy Rider
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».
Drame social de Dennis Hopper, avec Peter Fonda (Wyatt), Dennis Hopper (Billy), Jack Nicholson (Hanson), Luana Anders, Luke Askew, Toni Basil, Karen Black, Warren Finnerty, Robert Walker.
- Scénario : Peter Fonda, Dennis Hopper, Terry Southern
- Photographie : Laszlo Kovacs
- Musique : pop-music des années 1970
- Montage : Donn Cambren, Larry Robbins
- Production : Columbia, Pando, Raybert (P. Fonda)
- Pays : États-Unis
- Date de sortie : 1969
- Son : couleurs
- Durée : 1 h 34
- Prix : Prix de la Première œuvre, Cannes 1969
Résumé
Deux hippies californiens, Billy et Wyatt, qui ont amassé de l'argent en revendant de la drogue, partent à moto pour le carnaval de La Nouvelle-Orléans, dormant à la belle étoile car les propriétaires de motels voient ces « chevelus » d'un mauvais œil. En cours de route, ils séjournent quelque temps dans une communauté dont les membres mènent une vie spartiate et fraternelle. Dans le Sud, l'hostilité de la population devient de plus en plus évidente. Ils sont arrêtés pour s'être joints sans autorisation à un défilé officiel et font la connaissance en prison d'un avocat alcoolique, Hanson, avec qui ils sympathisent. Ils reprennent la route ensemble, se heurtent à un refus de service et à des quolibets xénophobes dans un café ; la nuit, alors qu'ils campent, ils sont matraqués et Hanson est frappé à mort. Après avoir enterré son cadavre dans la campagne, les deux amis arrivent à La Nouvelle-Orléans où ils font la fête toute la nuit avec des filles, se livrant à un trip au LSD dans un cimetière. Plus tard, en route vers la Floride, ils sont doublés par une voiture dont l'un des occupants, « pour leur faire peur », s'amuse à tirer sur Billy, qui tombe, mortellement blessé. Wyatt fonce sur les agresseurs, qui ont fait demi-tour et tirent à nouveau : touché à son tour, il est éjecté de sa moto qui prend feu sur le bord de la route.
Commentaire
Une rédemption païenne
Ce film fut en son temps l'une des plus significatives manifestations de l'esprit de liberté issu du mouvement intellectuel de 1968 : pamphlet ironique et amer contre les préjugés, la sottise et la violence de l'Amérique « profonde », il se situe dans le courant de dénonciation des tares sociales qui a toujours été une constante de la production hollywoodienne. Ces deux garçons s'attirent la haine des médiocres et des conformistes parce qu'ils sont différents, en ce sens qu'ils affichent une insolente liberté dans leur habillement et leur comportement, même si cette liberté est en partie conditionnée par une dépendance à l'alcool et à la drogue.
Ce film sarcastique (la route des pionniers parcourue en sens inverse, la destruction du « rêve américain ») et iconoclaste (la séquence du cimetière), chargé de souvenirs historiques (Billy et Wyatt sont comme des « Indiens » dans cette société blanche) et cinéphiliques (la visite à Monument Valley), prend une résonance universelle par sa condamnation de l'intolérance comme source de toutes les violences possibles, mais aussi par sa dimension christique, les héros étant éliminés, comme Jésus, parce qu'ils dérangent, rachetant ainsi tous les péchés du (Nouveau) Monde.