villa et jardins Lante
Près de Viterbe (seconde moitié du xvie siècle).
Dans la seconde moitié du xvie s., le cardinal Giovan Francesco Gambara confie à l'architecte Vignole la création d'un jardin en terrasses autour de sa villa de Bagnaia, près de Viterbe. Au début du siècle, le précédent propriétaire, un autre cardinal, Raffaele Riario, y avait aménagé un barco, parc clos de hauts murs et peuplé d'animaux. Le nouveau programme iconographique oppose un parc d'aspect plutôt sauvage – dédié à l'âge d'or, évocation des Métamorphoses d'Ovide et des Géorgiques de Virgile – à un jardin dans lequel l'art des hommes triomphe de la nature. L'eau y court de terrasse en terrasse et jaillit de sculptures représentant des écrevisses (gamberi), figures emblématiques des Gambara. Cette cascade bondissante ne s'assagit qu'en contrebas, où l'eau s'étend en une surface lisse et sereine dans les quatre bassins carrés de la fontaine des Maures. Selon les visiteurs, l'eau peut donner lieu à des interprétations très différentes : pour les humanistes, qui prennent plaisir à la regarder jouer avec la lumière et à prêter l'oreille à son bruissement, elle est source de plaisirs sensuels ; en revanche, pour les catholiques de la Contre-Réforme, qui voient en elle l'élément du baptême et de la sanctification, elle est symbole de renouveau spirituel.