unanimisme
Doctrine littéraire selon laquelle l'écrivain doit exprimer la vie unanime et collective, l'âme des groupes humains, et ne peindre l'individu que pris dans les rapports sociaux. (Cette esthétique fut particulièrement illustrée par Jules Romains.)
Cette doctrine littéraire du début du xxe siècle assignait pour but à l'écrivain d'exprimer la vie unanime et collective, l'âme mystérieuse des groupes humains, des plus petits aux plus vastes, avec ses sentiments, ses désirs, sa volonté, et de ne peindre l'individu que dans le réseau de ses rapports sociaux. Conçu par Jules Romains, dès 1903, sous l'influence de Zola et de Verhaeren (l'observation des foules et des cités tentaculaires) mais aussi des théories de Gustave Le Bon (auteur de Psychologie des foules) et de Durkheim, et caractérisant toute son œuvre – depuis le Bourg régénéré (1906), et surtout la Vie unanime (1908), jusqu'aux Hommes de bonne volonté (1932-1947) –, l'unanimisme a fait école en France (Georges Duhamel) et à l'étranger.
Plus souterrainement, il a marqué les premières œuvres d'un Éluard ou d'un P. J. Jouve. Sans que l'on puisse conclure à des influences ou des imitations directes, l'unanimisme, qui rejetait la vieille tradition lyrique au bénéfice de la « poésie immédiate », a également contribué au développement de la technique simultanéiste de romans français et américains (Sartre, Dos Passos), et imposé l'idée que l'œuvre doit enregistrer les grandes pulsations de la société moderne à travers la représentation d'individus considérés dans leur singularité, mais soumis aux mêmes forces sociales et, par là, porteurs de caractères, de leçons, similaires ou complémentaires.