secte
(latin secta, de sequi, suivre)
Groupement religieux, clos sur lui-même et créé en opposition à des idées et à des pratiques religieuses dominantes.
Souvent nées de la contestation d'une institution ecclésiale, les sectes se sont multipliées dans toutes les religions et à toutes les époques ; on en trouve de nombreux exemples dans l'hindouisme, dans le bouddhisme, dans l'islam.
Certains mouvements religieux contemporains, qu'on appelle parfois « nouvelles sectes », font pression sur leurs adeptes, les dépouillent de leurs biens, et vont jusqu'à provoquer des suicides collectifs ou des attentats aux motivations apocalyptiques. Contre de tels agissements, des associations de défense se sont développées, sous l'égide des Églises instituées, des États et des familles des adeptes.
La notion sociologique de secte
Le latin secta, chez Cicéron par exemple, désigne une voie dans laquelle on s'engage (de sequi, « suivre »), une manière d'agir ou un système particulier de conduite. La secte religieuse désigne alors l'ensemble des disciples qui suivent un maître dans ses doctrines hérétiques ou déviantes. Parfois, on invoque une autre étymologie : « secte » viendrait de secare (couper) et désignerait alors un petit groupe qui se retranche d'un ensemble plus vaste et qui y provoque une sorte de déchirure.
Dans les deux cas, ce concept revêt une acception normative et dévalorisante, que la sociologie religieuse juge illégitime. D'autant plus qu'une prétendue secte peut perdre très rapidement son statut minoritaire : ainsi, le christianisme, apparu sous la forme d'une secte juive, parvint à supplanter le judaïsme.
Les « Églises » et les sectes
« Église » désigne une forme d'organisation qui, selon les auteurs, représente le point d'aboutissement de l'évolution d'une communauté, la réussite de son expansion à l'échelle d'une civilisation, une structure socialisée, hiérarchisée et reconnue par la culture où elle s'est implantée, une institution caractérisée par sa visibilité et convaincue d'être le seul dépositaire du salut et de la vérité universels, une communauté dotée d'un corps sacerdotal et fondée sur le principe de l'appartenance objective (en général, c'est par la naissance qu'on adhère à une Église).
La secte, en revanche, se distingue d'une Église par le fait que l'adhésion y est volontaire et repose sur un mouvement de conversion et sur une profession de foi personnelle (qui ne peut être que le fait d'un adulte). En deuxième lieu, la secte refuse toute médiation de type sacerdotal. Chaque adepte est censé avoir les mêmes pouvoirs et être soumis aux mêmes efforts personnels que les autres membres de la communauté. Enfin, la secte est généralement un mouvement né de la contestation d'une institution ecclésiale, critiquée pour son laxisme ou ses compromissions avec la société séculière. Le groupe dissident adopte alors, sous la conduite d'un leader charismatique ou d'une poignée de « prophètes », une attitude « fondamentaliste » par rapport aux textes sacrés originels, révolutionnaire à l'égard des structures sociales et politiques, égalitariste quant à son organisation interne.
La sociologie et l'histoire des religions perçoivent dans l'évolution des mouvements sectaires un moment où, après deux ou trois générations, les traits contestataires s'atténuent et s'assouplissent : le groupe religieux, dès lors, ne prétend plus être l'unique chemin du salut et adapte sa doctrine aux exigences pluralistes de la société.
Dans le monde nord-américain, on parle de cult. Ce serait une forme d'agrégation sociale et religieuse qui se soucie principalement de satisfaire les demandes ou de résoudre les problèmes des individus, à la manière d'une « agence de biens et services symboliques », ainsi qu'en proposent la Méditation transcendantale ou l'Église de scientologie.
Les « nouvelles sectes »
Depuis la fin des années 1960 se sont multipliées des sectes qui, nées en Occident ou importées d'Orient, se présentent comme relevant d'un type nouveau de religiosité. Elles se caractérisent par leur idéal de renouvellement (tel le New Age) et par leur goût pour l'exotisme, le syncrétisme, le non-conformisme le plus radical, le souci de changer la vie individuelle et de faire advenir sur terre une société totalement harmonieuse. On peut citer parmi elles : l'Église de scientologie ou de la nouvelle compréhension, qui s'inspire des doctrines de l'écrivain américain L. R. Hubbard (1911-1986) ; l'Église (ou Association) pour l'unification du christianisme mondial (fondée en 1954 par le Coréen Sun Myung Moon) ; l'Association internationale pour la conscience de Krishna (fondée aux États-Unis en 1966 par l'hindou Bhaktivedanta) ; la Mission de la lumière divine de Guru Maharaj Ji (née en Inde en 1960).
On reproche généralement à ces mouvements le caractère exclusif de l'adhésion qu'ils exigent, la rupture qu'ils établissent ainsi entre leurs jeunes adeptes et les familles de ceux-ci, leur charlatanisme et leurs malversations camouflées sous des promesses de guérison. En fait, ces nouveaux mouvements doivent une grande partie de leur succès à l'éclatement de l'univers religieux traditionnel et à l'effondrement de la contre-culture à la fin du xxe s.