pogrom
(russe pogrom, dévastation)
Attaque accompagnée de pillage et de meurtres perpétrée contre une communauté juive dans l'Empire russe.
Les pogroms sont particulièrement nombreux entre 1881 et 1921. Durant cette période, les communautés juives servent de bouc émissaire à la population, dont la condition s'aggrave, tandis qu'un climat de nationalisme militant et de prosélytisme orthodoxe est entretenu par la propagande officielle des règnes d'Alexandre III et de Nicolas II.
Trois vagues de pogroms marquent les crises que traverse l'Empire russe.
De 1881 à 1884 : après l'assassinat d'Alexandre II. D'Ielizavetgrad (avril 1881), cette première vague gagne les villes et les bourgs du sud et de l'est de l'Ukraine, puis Varsovie (Noël 1881) et Balta (Pâques 1882). Elle est perpétrée par des paysans, des ouvriers et la populace urbaine, qui se livrent au pillage des maisons et boutiques juives. Elle amène le gouvernement d'Alexandre III à adopter en mai 1882 une politique systématique de discrimination à l'égard des Juifs, visant à les priver des positions économiques et sociales qu'ils avaient acquises. Dans le même temps, les autorités administratives et la police sont enjointes d'adopter une attitude ferme pour réprimer de nouvelles attaques contre les Juifs. Des pogroms se produisent encore en 1883 (Rostov-sur-le-Don) et en 1884 (Nijni-Novgorod).
De 1903 à 1906 : pendant la crise révolutionnaire. Des sociétés conservatrices, les Centuries noires et la police secrète jouent un rôle important dans le déclenchement de la seconde vague de pogroms, tandis qu'une certaine presse rend les Juifs responsables du mouvement révolutionnaire. Partie de Kichinev (Pâques 1903, 45 morts, 1 500 maisons et boutiques pillées), cette vague atteint son paroxysme après la proclamation du manifeste d'octobre 1905 et touche 64 villes et 600 bourgs, principalement d'Ukraine et de Bessarabie.
De 1917 à 1921 : pendant la révolution et la guerre civile. Cette troisième vague, qui aboutit au massacre d'environ 60 000 Juifs, est essentiellement dirigée par des soldats des armées qui traversent l'Ukraine : ceux de l'armée ukrainienne après la déclaration d'indépendance (1918), de l'armée de Denikine (fin 1919), de l'Armée rouge lors de la retraite de Pologne (1920), des bandes armées antibolcheviks (1920-1921). Ces massacres ne cesseront qu'avec la consolidation du pouvoir soviétique.
Pour en savoir plus, voir les articles antisémitisme, révolution russe de 1917, Russie : histoire.