mimêsis
(gr mimêsis, imitation)
Terme tiré de la Poétique d'Aristote, qui définit l'œuvre d'art comme une imitation du monde tout en obéissant à des conventions.
Le poète – l'écrivain – façonne des images, comme le fait le peintre, suivant la reproduction langagière de ce qui est ou a été réellement, de ce qui semble être, de ce qui devrait normalement être. Cette imitation n'exclut pas l'initiative : le poète est encore un artisan de la fable suivant un travail personnel d'agencement et de structure. La mimêsis touche, non la nature, mais l'homme, la vie humaine, dans ses états, ses actions, ses gestes, représentés, paradoxalement, au moyen des altérations langagières propres à la poésie. L'estimation de la mimêsis n'est pas estimation par rapport au réel même, mais par rapport à la vraisemblance et à la finalité de l'œuvre considérée. La mimêsis, ainsi conçue, et qui concerne l'ensemble des genres et des situations d'énonciation, tend à se confondre, depuis le xixe s., avec le procès littéraire attaché à lier l'œuvre à l'univers ; elle se distingue alors de l'expressif – l'œuvre fait retour sur l'auteur –, du pragmatique – l'œuvre met en forme le rapport avec le lecteur –, de l'objectif – l'œuvre s'expose en tant que telle et ensemble autonome. Ces trois états ont fourni aux écrivains les moyens d'une critique de la mimêsis, tenue pour un asservissement de la lettre à ce qui lui est étranger.