la Fronde
Troubles qui éclatent en France entre 1648 et 1653 pendant la régence d'Anne d'Autriche et le ministère du cardinal Mazarin.
Unis contre l'absolutisme monarchique et la politique fiscale de Mazarin, les différents acteurs sociaux de ces troubles conservent des motivations et des aspirations peu conciliables. Les officiers, notamment les parlementaires, protestent contre les pouvoirs accrus des intendants et du Conseil du roi ; les nobles n'acceptent plus leur exclusion du pouvoir au profit de commis d'origine roturière ; la bourgeoisie et plus encore le peuple, éprouvé par les mauvaises récoltes, sont exaspérés par l'accroissement de la pression fiscale qu'engendre la guerre contre l'Espagne.
La Fronde parlementaire (1648-1649) est provoquée par l'édit du 30 avril 1648, auquel s'oppose le parlement de Paris faisant corps avec les cours souveraines. Il rédige une charte en 27 articles contenant des réformes (suppression des intendants, enregistrement des édits fiscaux par les cours, etc.). Trois parlementaires (dont Broussel) ayant été arrêtés par Anne d'Autriche et Mazarin (26 août), la population parisienne obtient, à l'issue de trois journées dites des Barricades, leur libération. Retiré à Saint-Germain avec la régente et Louis XIV (5-6 janvier 1649), Mazarin fait assiéger, par Condé, Paris où le parlement, qui s'est emparé du gouvernement, organise la résistance avec des grands seigneurs (Conti, Longueville, Beaufort), le coadjuteur de l'archevêque, Gondi, et la municipalité bourgeoise. Mais, craignant l'agitation populaire, le parlement négocie la paix de Rueil (11 mars) avec la régente, dont il obtient le pardon moyennant l'abandon de ses prétentions politiques.
La Fronde des princes (1650-1653) est déclenchée par l'arrestation, sur ordre de Mazarin, des princes de Condé et de Conti et du duc de Longueville (18 janvier 1650), qui menaçaient le ministériat. Le soulèvement en leur faveur des provinces sous la conduite de la haute noblesse, aidée par les troupes espagnoles, est mis en échec à Rethel (15 décembre) par l'armée royale. Mais une nouvelle coalition des parlementaires et des grands obtient la libération des trois princes et l'exil de Mazarin à Brühl (6 février 1651). De graves dissensions naissent alors entre les frondeurs : Turenne se rallie à Louis XIV, qui, parvenu à sa majorité (septembre), s'installe à Poitiers avec Mazarin, tandis que Condé et ses partisans entretiennent, depuis Bordeaux, le soulèvement provincial avec l'appui de l'Espagne.
Après le combat indécis de Bléneau (avril 1652), Condé se rend maître de Paris grâce à la Grande Mademoiselle, qui fait tirer de la Bastille sur les troupes royales (1er juillet 1652). Mais ses violences à l'égard de la bourgeoisie et la lassitude générale engendrent un ralliement à la monarchie : le 21 octobre 1652, Louis XIV et Anne d'Autriche entrent à Paris, suivis par Mazarin (3 février 1653) qui interdit au parlement de se mêler des affaires d'État et fait surveiller étroitement la noblesse. L'échec de la Fronde aboutit ainsi au renforcement de l'absolutisme qu'elle avait combattu.