fanatisme

(de fanatique)

Dévouement absolu et exclusif à une cause qui pousse à l'intolérance religieuse ou politique et conduit à des actes de violence.

Étant de l’ordre de l’engagement, le fanatisme se distingue du sectarisme, qui est de l’ordre du ralliement. Porteur d’une idée devenue passion, il l’exalte au-delà du zèle. On ne peut guère être fanatique d’une vérité scientifique, la vérité étant intrinsèque à l’idée. À l’inverse, la croyance possède une vérité extrinsèque, à prouver par le sacrifice. La foi intraitable transforme une opinion en obligation morale d’avoir à l’incarner. S’en abstenir peut équivaloir à une profanation. Le fanatique voit des profanateurs potentiels en tous ceux qui ne partagent pas son fanatisme, sorte de relation tautologique soulignant que le fanatisme consiste à être fanatique. À ses yeux, en effet, il ne suffit pas d’afficher les mêmes idéaux que lui ; encore faut-il les promouvoir de la même façon, selon le même rituel.

Dans une acception édulcorée, le fanatisme peut renvoyer à une allégeance certes inconditionnelle, mais purement individuelle, dont l'auteur ne cherche pas à se poser comme gardien du temple. Dans une acception géostratégique, il désigne une alliance de la religion et de la violence qui engendre le terrorisme. Un glossaire des nouvelles menaces rapproche fanatisme, fondamentalisme, intégrisme, radicalisme. Peut-on négocier avec des fanatiques ? Le mot est chargé de connotations négatives dont fondamentalisme semble exempt. L’estampille « fanatisme » sonne la charge polémique, peu propice au dialogue, tandis que fondamentalistes, radicaux et intégristes sont susceptibles d’y participer, en dépit du désaccord irréductible qu’ils sont censés incarner.

Le fanatisme est au-delà ou en deçà du désaccord, car il rejette le pluralisme ; or, la plus âpre des divergences de vues admet qu’il existe au moins deux points de vue, hostiles assurément, mais tous deux dignes d’être examinés. Le fanatisme n’apporte pas la contradiction : il récuse l’idée même de contradiction. Il n’est pas un traditionalisme intransigeant : le concept d’intransigeance lui est étranger, car celui-ci suppose le débat.