compagnonnage
(de compagnon)
Association entre ouvriers d'un même corps d'état à des fins d'instruction professionnelle, d'assurance mutuelle et de moralisation.
Le compagnonnage, nommé Devoir jusqu'au xviie s., remonte au Moyen Âge. Pourtant, bon nombre de compagnons ont fait remonter leur association à la construction du Temple de Jérusalem. L'histoire du compagnonnage sort de l'ombre au xvie s. Il semble qu'une grave scission ait été causée par la Réforme, entre devoirants ou dévorants, fidèles au catholicisme, et gavots, plus ouverts aux nouveautés. Les compagnonnages se manifestent alors dans tout le royaume (particulièrement au sud de la Seine) et, dès 1539, l'ordonnance de Villers-Cotterêts interdit aux ouvriers de « cabaler pour se placer les uns les autres chez les maîtres ». Ces associations ont en effet un but essentiel, assurer dans le monde du travail une forme élémentaire de solidarité. Le compagnonnage est aussi une forme d'assurance mutuelle, et une école d'instruction professionnelle et morale. On distingue les compagnons du Devoir (rites de maître Jacques et du père Soubise) et les compagnons du Devoir de liberté (rite de Salomon). Dans l'une comme dans l'autre association, l'ouvrier n'est admis qu'après un temps de probation, et doit subir une initiation. Tout compagnon reçu après avoir présenté son chef-d'œuvre doit effectuer un tour de France. Dans chaque grande ville, le compagnon est reçu dans une « cayenne », tenue par une « mère ». Le « rouleur » lui trouve du travail. À peine toléré sous l'Ancien Régime, combattu par la Révolution (loi Le Chapelier, 1791), le compagnonnage retrouva sa vigueur sous la Restauration. Mais, dès la seconde moitié du xixe s., la naissance de la grande entreprise et le développement du syndicalisme affaiblirent son impact sur le monde ouvrier. Cependant les compagnonnages se maintiennent toujours.