carrière
(latin populaire quadraria, du bas latin quadrus lapis, [pierre] carrée)
Terrain d'où l'on extrait des roches propres à la construction.
Les carrières font partie intégrante du paysage des pays un tant soit peu industrialisés. Les matériaux nécessaires à l'industrie du bâtiment et des travaux publics sont, pour des raisons économiques, des matériaux de proximité, ne supportant pas des coûts de transport élevés. De ce fait, l'ouverture de carrières à faible distance des grandes villes, qui sont les principaux centres de consommation avec les grands chantiers (autoroutes, TGV), est une nécessité, même si elle s'accompagne de certaines nuisances, que la profession, consciente des enjeux, s'efforce de réduire.
Types de carrières
Il existe des carrières à ciel ouvert et des carrières souterraines.
Les carrières les plus nombreuses au monde ont pour objet l'extraction de matériaux et de roches et minéraux industriels de valeur ajoutée faible à moyenne. Leurs coûts d'extraction ne doivent donc pas dépasser des limites précises, attachées à chaque type de substance. C'est la raison pour laquelle les carrières sont de préférence à ciel ouvert. L'épaisseur acceptable des morts terrains qui sont à décaper pour parvenir à la substance exploitable est fonction de la valeur de cette substance par rapport au coût du décapage. On l'apprécie par le taux de décapage, ou découverture (épaisseur ou tonnage de morts terrains/épaisseur ou tonnage de minerai exploitable). Celui-ci est inférieur à 1 pour des pondéreux, mais il peut être de 15/1 pour des minerais de haute valeur comme la chromite.
La profondeur des gisements ne permet cependant pas toujours une exploitation à ciel ouvert à un taux de décapage rentable. Il est relativement rare que des pierres de construction soient exploitées en carrière souterraine, à cause des coûts particuliers du souterrain (abattage, soutènement, ventilation, roulage, remontée des produits au jour – trop consommatrice d'énergie –, etc.). Seuls les gisements de barytine et de minerais métalliques sont en général exploitables en souterrain. Le vocabulaire utilise alors le terme de mine, et non de carrière souterraine (reflet de la législation différente). Cependant, l'exploitant recherchera toujours, dans la mesure du possible, à effectuer au moins une partie de l'extraction en « mine à ciel ouvert » ou découverte (open pit), ce mode étant même la règle pour les gisements de cuivre à basse teneur de type porphyres cuprifères. L'abattage est pratiqué par une série de gradins. Plus la carrière est grande et plus l'extraction se prête à la mécanisation et à l'emploi d'engins de grande capacité.
Législation des carrières
Mines et carrières devant le code minier
La législation française, adoptée par de très nombreux pays, appelle carrières les gîtes de substances telles que les pierres à bâtir, le gypse, les granulats alluvionnaires à béton, les sables, les argiles, la barytine, l'amiante, le talc, les roches massives pour granulats concassés et les roches ornementales.
En revanche, elle appelle mines les gîtes des substances énergétiques comme la houille, mais aussi la potasse, la bauxite, la fluorine, le phosphate, et les minerais à métaux. Pour les carrières, la propriété du sol donne la propriété du sous-sol (tandis que pour les mines l'État reste propriétaire des richesses du sous-sol, et n'en octroie le droit d'exploitation à des particuliers que sous forme de concession). Celui qui désire exploiter une carrière doit donc soit acheter le terrain, soit acquérir les droits de fortage, qui lui permettent, moyennant redevance, d'exploiter les matériaux.
Carrières : installations classées
L'ouverture d'une carrière en France nécessite, outre l'accord du propriétaire du sol, une autorisation préfectorale. Les carrières étant classées dans le régime des installations classées pour la protection de l'environnement (au même titre que les installations industrielles et de stockage de déchets), une enquête publique avec étude d'impact prélude à cette autorisation.
La production des granulats alluvionnaires est génératrice de conflits d'usage qui vont en se multipliant, et de perturbations pour l'environnement ; cette activité repose en France sur 4 000 points d'extraction qui occupent une surface cumulée de l'ordre de 50 000 ha de terrains, souvent situés en lits de cours d'eau. Le besoin d'une gestion équitable de ces conflits a conduit progressivement les pouvoirs publics à dresser pour tous les départements les schémas départementaux des carrières.
Schéma départemental des carrières
Le schéma est élaboré par la Commission départementale des carrières et approuvé, après avis du Conseil général, par le préfet de département. Il doit constituer un instrument d'aide à la décision du préfet lorsque celui-ci autorise les exploitations. Ses recommandations visent essentiellement à assurer une gestion rationnelle et optimale des ressource, et une meilleure protection de l'environnement.
Les tâches élémentaires à accomplir par cette commission portent sur neuf thèmes fondamentaux :
– l'inventaire des ressources ;
– l'analyse des besoins existants et à venir en matériaux ;
– l'analyse des modes d'approvisionnement existants ;
– l'analyse de l'impact des carrières existantes sur l'environnement ;
– l'analyse des modalités de transport des matériaux et des orientations à privilégier dans ce domaine ;
– les orientations et objectifs dans le domaine de l'utilisation économe et rationnelle des matériaux ;
– la détermination des zones devant être protégées, compte tenu de la qualité et de la fragilité de leur environnement et en liaison avec la gestion des eaux ;
– les orientations et objectifs à atteindre dans les modes d'approvisionnement de matériaux afin de réduire l'impact des extractions sur l'environnement ;
– les orientations à privilégier en matière de réaménagement des carrières.
Matériaux de carrières
Les principaux matériaux sont les granulats à béton, extraits principalement des alluvions (lit majeur et terrasses anciennes des cours d'eau) et minoritairement par concassage de roches dures. Viennent ensuite les matériaux de construction (calcaire et argile pour ciment, gypse pour le plâtre, argile pour tuiles et briques, pierres de taille), puis les substances utilisées dans l'industrie (calcaire pour la chaux et la sidérurgie, carbonates pour charges, silice de verrerie, talc et barytine).
Carrières et environnement
Les autorisations d'ouverture et l'extraction font l'objet d'une réglementation de plus en plus stricte dans les domaines de la santé (empoussièrement) et de l'environnement. Ces contraintes sont assez bien acceptées par la profession, qui s'est considérablement modernisée et structurée ces dernières années, et qui est devenue soucieuse de son image de marque. Les problèmes les plus importants portent sur la réduction des nuisances dues au bruit, aux vibrations, au transport routier (camions), à la pollution des eaux, et aux impacts faunistiques, floristiques et paysagers. La réhabilitation des carrières fait l'objet d'une réglementation particulière, avec obligation pour l'exploitant de déposer, dès le début, une garantie financière pour couvrir le coût de réhabilitation des lieux en fin d'exploitation.