boules
Jeu qui se joue avec des boules.
SPORTS
On ne peut évoquer le jeu de boules sans penser aussitôt à la Provence qui en a fait en quelque sorte son sport national. Les Provençaux ne sont pourtant pas les inventeurs de ce jeu qui se pratique un peu partout dans le monde.
Historique des jeux de boules
D'après certains textes, les Grecs s'y adonnaient déjà avec ferveur ; ils le nommaient la sphéristique, et des médecins aussi célèbres qu'Hippocrate (460-377 avant J.-C.) recommandaient la pratique de cet exercice qu'ils considéraient comme le plus complet. « C'est le moins rude de tous les sports », écrivait le médecin grec Oribase, « par conséquent le plus utile à ceux qui ont besoin de repos : il est le plus propre à ramener les forces perdues et il convient à merveille au vieillard comme à l'enfant. » Il s'agissait alors d'envoyer le plus loin possible des boules d'un poids et d'une taille variables.
À la suite des Grecs, les Romains pratiquèrent eux aussi ce jeu. Cette distraction très simple faisait fureur au Moyen Âge ; en France le roi Charles V dut même éditer en 1369 une ordonnance interdisant à son peuple de s'y livrer et demandant aux baillis de le faire remplacer par le tir à l'arc et à l'arbalète. Cela n'empêcha pas le jeu de se développer, et, quelques siècles plus tard, on pouvait voir le grand Turenne s'y adonner.
Au début du xxe s., le jeu de boules commença à s'organiser en fédérations et à avoir des règles très précises. En dehors de leurs adhérents, spécialistes qui s'affrontent en concours, le jeu est aujourd'hui pratiqué en tout lieu et constitue l'une des distractions préférées de bien des vacanciers.
La boule lyonnaise (ou sport-boules)
La boule lyonnaise consiste à placer le maximum de boules le plus près possible d'une petite sphère de bois servant de but, qu'on appelle le cochonnet. Cette forme de jeu de boules est de nos jours la plus connue et la plus universellement pratiquée. La Fédération française du sport-boules comptait en 1994 environ 125 000 licenciés.
Le terrain de la boule lyonnaise
La partie se déroule, en principe, sur un emplacement qu'on appelle le cadre. Celui-ci doit mesurer 27,50 m de long et de 2,5 à 4 m de large. Il est divisé en trois zones principales : au milieu, une aire libre de 12,50 m de long et à chaque extrémité deux autres espaces mesurant chacun 7,50 m de long. Ces deux zones (l'une de jeu, l'autre où le joueur peut lancer sa boule) sont compartimentées de façon identique : à l'intérieur du cadre, une ligne située à 0,50 m du bord délimite une partie neutre dans laquelle les boules et le cochonnet sont considérés comme perdus.
Une deuxième ligne, située à 2 m de la première, est appelée raie de but ; elle indique la distance maximale à laquelle le cochonnet peut être lancé.
La troisième ligne, ou raie de pied, tracée à 5 m de la précédente (à 7,50 m du bord du cadre) limite la zone dans laquelle le joueur peut évoluer pour lancer sa boule.
Lorsque le cochonnet est jeté, celui-ci doit s'arrêter entre la raie de but et la raie de pied, c'est-à-dire qu'il se trouve toujours à une distance minimale de 12,50 m du joueur.
Les boules et le but
Les joueurs choisissent généralement leurs boules en fonction de la taille de leur main et de leur force. Ce choix doit cependant s'opérer dans certaines limites ; le diamètre de la boule varie de 9 à 11 cm, et son poids doit rester inférieur à 1,3 kg. Peuvent être employées des boules métalliques (avec ou sans remplissage) ou des boules en matière synthétique. Ces boules doivent être bien équilibrées, et le plombage, qui consiste à ajouter une petite charge sur l'une des faces de la sphère, est interdit.
Le cochonnet lui-même est toujours en bois (en principe du buis) ; il ne doit être ni ferré ni gravé.
Les équipes
On peut jouer aux boules à un contre un, et chaque partenaire dispose alors de trois ou quatre boules. Deux équipes peuvent également s'affronter. Lorsqu'elles ont chacune deux joueurs, on les appelle des doublettes ; des équipes à trois joueurs sont des triplettes ; à quatre joueurs, ce sont des quadrettes. Dans ces cas, chaque équipier possède deux boules.
Le principe du jeu de la boule lyonnaise
Le principe du jeu est très simple. Il s'agit pour chaque équipe d'envoyer un maximum de boules plus près du cochonnet que ne le sont celles de l'équipe adverse. Chaque boule ainsi placée vaut 1 point et la partie se joue en 11, 13, 15, 18 ou 21 points selon une convention fixée à l'avance.
Au début du jeu, un joueur de l'équipe désignée par le sort pour jouer la première lance une boule le plus près possible du cochonnet : c'est ce qu'on appelle pointer. Un joueur de l'autre équipe tente alors de ravir le point en envoyant une de ses boules plus près encore du but. La même équipe continue ainsi à lancer ses boules jusqu'à ce qu'elle ait fait mieux que la première. Si elle y parvient avant épuisement de ses boules, l'autre équipe essaye de lui reprendre le point, soit en pointant à nouveau, soit en tirant pour chasser une ou plusieurs des boules de l'adversaire. Lorsque toutes les boules ont été ainsi pointées ou tirées, un arbitre compte le nombre de points : ce nombre correspond à celui des boules d'une même équipe placées plus près du cochonnet que toutes celles de l'équipe adverse.
Une réglementation particulière au sport-boules concerne le tir. Le tireur désigne l'objet (boule ou but) qu'il va tirer : il l'annonce. Ses adversaires tracent alors un arc de cercle de 50 cm de rayon et de 15 à 20 cm de longueur en avant de l'objet annoncé. Ils tracent également une raie à 0,50 m en avant de tous les objets sans distinction de camp situés dans le rayon de 0,50 m et en arrière de l'objet annoncé.
Un tir est régulier lorsque :
– la boule n'a pas été sifflée par l'arbitre (pour faute de pied, mauvais placement des partenaires…) ;
– le point de chute n'est pas à plus de 0,50 m de l'objet annoncé ;
– il n'est pas à plus de 0,50 m de l'objet frappé en premier ;
– l'objet frappé en premier n'est pas à plus de 0,50 m de l'objet annoncé.
Sinon la boule est annulée, ainsi que ses effets : comme l'emplacement des autres boules a été marqué, celles qui ont été illégalement déplacées sont remises à leur place, sauf si l'adversaire y trouve son avantage.
Les compétitions de sport-boules (locales, régionales, nationales, internationales) sont soumises à une réglementation très sévère, un arbitre étant désigné pour chacune des parties.
Dans la pratique, les règles officielles ne sont observées que par les participants des concours. La plupart des amateurs pratiquent en effet leur sport favori non point sur le champ clos du boulodrome, mais dans les endroits les plus divers : petites routes, places des villes ou des villages, prés, plages, jardins…
La pétanque
Parmi les innombrables variantes du jeu de boules, la plus célèbre est sans doute la pétanque, née à La Ciotat vers 1910, et pour laquelle la Fédération française de la pétanque et du jeu provençal a publié un règlement spécial.
Si le principe de ce jeu est à peu près le même que celui dit national, il n'en est pas moins caractérisé par une particularité essentielle qu'exprime d'ailleurs le mot « pétanque » : du provençal ped-tanco qui veut dire pieds tanqués, fixés (au sol). Ce jeu exige en effet que les joueurs ne prennent pas d'élan pour jeter leurs boules et demeurent à l'intérieur d'un cercle de 35 à 50 cm. De ce fait, les dimensions du jeu et les caractéristiques des boules se trouvent modifiées. Ces dernières, métalliques, ont un diamètre compris entre 7,05 et 8 cm et un poids variant de 600 à 800 g. Le but (cochonnet), exclusivement en bois, ne doit pas être lancé à moins de 6 m ni à plus de 10 m. En outre, son diamètre est toujours modeste (2,5 à 3,5 cm).
La pétanque, qui réclame moins de qualités athlétiques que la boule lyonnaise (notamment puissance et coordination motrice), est donc un jeu qui peut être pratiqué par tous. D'autre part, la possibilité de jouer sur tout terrain, même très accidenté, est également un facteur de réussite de ce jeu.
Créée en 1945, la Fédération française de pétanque et du jeu provencal regroupe plus de 450 000 licenciés (1994). Des championnats de France ont lieu tous les ans et les ligues organisent régionalement des tournois, dont certains ont acquis une grande popularité. Ce développement a largement dépassé le cadre de la France, et la Fédération internationale de pétanque et du jeu provencal, qui a été reconnue par le Comité international olympique en 1986, regroupe aujourd'hui une trentaine de pays.
Les autres formes du jeu de boules
À côté de la boule lyonnaise et de la pétanque, existent bien d'autres manières de jouer aux boules. Elles sont parfois tombées en désuétude, comme la boule des berges qui se jouait dans des fossés dont le fond et les bords étaient cimentés.
Dans d'autres cas, elles sont circonscrites à certaines régions, comme la boule en bois, pratiquée dans l'Ouest ; la boule de fort (Loire), qui se joue dans un fossé de terre battue avec des boules allongées irrégulièrement (un de leurs côtés, convexe, se nomme le fort) ; le jeu de boules lisses (Suisse romande), où les bords du terrain sont boisés et les boules en bois ; la raffa (Italie) qui diffère du sport-boules en ceci que le joueur peut tirer « à la rafle ». Quant au jeu provencal (appelé familièrement longue), il diffère de la pétanque essentiellement par une distance plus grande (15 à 21 m) séparant la ligne de lancement du but, et il est surtout pratiqué dans le Sud de la France.