bocage

(de bosc, de l'ancien français bos, bois)

Région où les champs et les prés sont enclos par des levées de terre portant des haies ou des rangées d'arbres, et où l'habitat est généralement dispersé en fermes et en hameaux.

GÉOGRAPHIE

Caractéristiques du bocage

Le bocage s'oppose aux plaines et aux autres paysages de champs ouverts, tels que l'openfield. Il se distingue des autres paysages cloisonnés (de murets, de talus, de fossés, de palissades ou de fil de fer) mais dépourvus de haies, ainsi que des paysages de gâtines, parsemés de boqueteaux, ou des bocages dégradés, encore entrecoupés de tronçons de haies.

Le bocage domine en France dans les régions de l'Ouest (Vendée, Bretagne, Normandie) et dans le Massif central, mais on le trouve aussi dans certaines parties du Bassin parisien (en Thiérache et dans le pays de Bray), et dans le Pays basque. Ailleurs, en Europe, il existe dans une large partie des îles Britanniques, dans certaines régions de Belgique (en Campine) et d'Allemagne (dans le Schleswig-Holstein), dans la Galice espagnole et le Minho portugais.

Origines et aspects du bocage

Le bocage a été créé dans des régions de peuplement relativement tardif. Il a connu plusieurs phases de développement, l'une qui correspond à l'essor des fermes familiales pendant les xie et xiiie s. et l'autre qui correspond à la poussée des métairies pendant les xve et xvie s.. Il a connu une nouvelle extension au xixe s. et a atteint son maximum vers 1850.

Si le bocage est partout un paysage coupé de haies, il en existe en fait maintes variantes.

Certains bocages sont à mailles serrées et à parcelles exiguës, toutes bordées de haies (en Bretagne), d'autres sont à mailles lâches et à parcelles plus étendues, une haie pouvant entourer plusieurs parcelles (en Limousin). Certains bocages ont des haies épaisses poussant sur des talus encadrant des chemins creux entre talus (en Vendée), la plupart ont des haies simples et claires (dans le Perche). L'habitat est généralement fait de hameaux et de maisons isolées, mais ce n'est pas toujours le cas.

L'utilité des haies du bocage

Dans les régions moyennement accidentées dans lesquelles champs cultivés, pâtures, prés de fauche et parcelles boisées sont très imbriqués, les haies vives entourant chaque parcelle permettent de maintenir le bétail, sans gardiennage, sur les parcelles à pâturer ; de protéger toute parcelle contre le bétail échappé ou circulant sur les chemins ; de retenir la terre et l'eau sur les pentes et d'assainir les parcelles humides ; de protéger le terrain des vents desséchant de l'été, et de protéger le bétail des vents froids et humides de l'automne. Accessoirement, les haies vives de charme, d'érable, de coudrier, fournissent du bois de chauffage et des fruits (châtaignes, noix).

Avec le mouvement de modernisation qui s'est imposé aux agriculteurs après la Seconde Guerre mondiale, certains inconvénients sérieux sont apparus : les haies freinent l'inévitable remembrement ; elles gênent considérablement la mécanisation, notamment l'emploi des grosses machines ; avec les chemins, elles couvrent une surface importante qui est perdue pour les cultures ; enfin l'entretien de kilomètres de haies demande un travail considérable. Le bocage est ainsi apparu comme une contrainte héritée du passé et il a fortement reculé dans les espaces à dominante agricole.

La destruction des haies du bocage a provoqué cependant des déconvenues par les changements apportés à l'écosystème. Les principaux inconvénients résident dans l'érosion des pentes, les inondations, les vents violents, les dégâts aux cultures, les accidents sanitaires. Cela a conduit à redécouvrir et à mieux étudier l'utilité écologique du bocage dans les régions accidentées et vallonnées, arrosées et ventées : réduction de 30 à 50 % de la vitesse du vent ; augmentation de 1 à 2 °C des basses températures ; frein à la dissémination des maladies cryptogamiques et des insectes ; augmentation des rendements végétaux et animaux ; production de bois et de petits fruits ; amélioration du cadre de vie.