bataille de Sekigahara ou Sekigahara so tatakai
Grande bataille qui se déroule le 21 octobre 1600 aux environs de Sekigahara (aujourd'hui dans la préfecture de Gifu) dans une de ces passes montagneuses qui relient le Kanto (le Japon de l'Est) au Kansai (le Japon de l'Ouest), et qui oppose les troupes de Tokugawa Ieyasu et ses alliés aux armées d'Ishida Mitsunari et des grandes familles fidèles à Toyotomi Hideyori, fils et héritier présumé du grand général Toyotomi Hideyoshi.
Toyotomi Hideyoshi, après des années de batailles, réussit à soumettre la plus grande partie de Kyushu, la grande île du Sud, ainsi que le Japon oriental et septentrional, mais, enivré par ses succès militaires, il se lance dans la conquête de la Chine (1592), et ses armées s'enlisent en Corée, et l'œuvre d'unification du Japon qu'il avait entreprise reste instable. Sa mort, en 1599, laisse un grand vide politique. Son principal vassal, Tokugawa Ieyasu, à qui il a confié le gouvernement des six provinces du Kanto (l'est de l'île de Honshu), va mettre à profit ce vide politique pour s'emparer du pouvoir. Mais, en affirmant ses prétentions à la succession de Hideyoshi, Tokugawa Ieyasu se heurte aux ambitions des autres prétendants qui, comme lui, siégent au conseil des cinq anciens (go-tairo) que Hideyoshi a mis en place pour assurer la régence au nom de son jeune fils, Toyotomi Hideyori.
Plus de 210 000 hommes sont en présence. L'engagement a lieu sous la pluie, le 21 octobre 1600, Dans l'après-midi du lendemain, Kobayakawa Hideaki et quelques autres daimyo s'étant finalement rangés aux côtés de Ieyasu, le sort de la bataille, jusque-là indécis, bascule en faveur des armées de l'Est. Les chefs des armées de l'Ouest vaincues, leurs chefs sont décapités, en même temps que 40 000 soldats. Les biens de quatre-vingt dix des plus grandes familles sont confisqués, et les terres de leurs fiefs redistribuées à des hommes sûrs, acquis au nouveau maître du Japon.
Cette bataille, la dernière des batailles des seigneurs de la guerre japonais, ouvre le début d'une ère nouvelle dans l'histoire d'un Japon unifié.
En 1603, Tokugawa Ieyasu reçoit de l'empereur le titre héréditaire de Sei-i-tai-shogun (« commandant en chef contre les Barbares »), que ses prédécesseurs n'avaient pas réussi à obtenir, et il établit sa capitale à Edo (actuelle Tokyo). C'est la naissance d'un nouveau régime (« période d'Edo »), que les historiens japonais désignent du nom de bakuhan-taisei (« régime du bakufu et des han ») : le pouvoir est partagé entre le bakufu (gouvernement militaire) du shogun et les daimyo, à la tête de quelque deux cent cinquante territoires, ou clans (han). De façon formelle, c'est d'une délégation de l'empereur que le bakufu tire son autorité, mais en fait celui-ci, qui contrôle sévèrement les activités de la cour, limite strictement les possibilités pour les nobles de communiquer avec le reste du pays, et l'empereur, assigné à résidence dans son château d'Osaka, voit limiter ses attributions à un rôle purement cérémoniel et à la validation des nominations décidées par le shogun. Cela paraît bientôt encore trop : durant l'hiver 1614-1615, les troupes de Ieyasu mettent le siège devant le château d'Osaka, et Hideyori, forcé dans les derniers bastions de sa forteresse n'a d'autre issue que le suicide. Ieyasu entre dans le château, l'incendie et fait décapiter le fils d'Hideyori, le dernier descendant d'Hideyoshi ; celui-ci, un enfant de sept ans, est pourtant son propre petit-fils, puisque Ieyasu, dans un geste d'une magnanimité savamment calculée, a après sa victoire donné sa fille Sen-hime en mariage au vaincu de Sekigahara. C'est sur ces violences meurtrières que sont fondés les deux siècles et demi de paix que la dynastie des Tokugawa donna au Japon.
Pour en savoir plus, voir l'article histoire du Japon.