Géographie universelle

Une Géographie universelle est un ouvrage de géographie visant à fournir un tableau complet de l'ensemble du monde. C'est une démarche spécifiquement française qui, quatre fois en deux siècles, s'est concrétisée dans des publications guidées par le souci d'embrasser l'ensemble des pays, des villes et des régions, proposant ainsi à leurs contemporains un bilan de la connaissance du Monde. Ces publications successives constituent non seulement de remarquables photographies du monde, elles expriment aussi l'état des connaissances géographiques à leur époque.

Les deux premières Géographies universelles, fortement imprégnées d'histoire, furent chacune l'œuvre d'une seule personne. La première, due à Conrad Malte-Brun, Danois que ses idées libérales avaient obligé à se réfugier en France, fut publiée entre 1810 et 1829 ; les 8 tomes de l'ouvrage, intitulé Précis de géographie universelle, passent en revue les diverses parties de la planète ; c'est une œuvre autant littéraire que scientifique. La seconde est due à Élisée Reclus, géographe français que ses idées anarchistes et sa participation à la Commune avaient obligé à finir sa vie en Belgique ; sa Nouvelle Géographie universelle (1875-1894), forte de 19 volumes, a connu une large diffusion et a notamment inspiré Jules Verne.

Les deux Géographies universelles du xxe s. sont, par contraste, des œuvres collectives. La Géographie universelle de l'entre-deux-guerres fut entreprise sous l'autorité de Paul Vidal de La Blache et de Lucien Gallois en 1910, mais elle mit longtemps à voir le jour ; ses 23 volumes, rédigés par une quinzaine d'auteurs, tous universitaires, furent publiés entre 1927 et 1948 ; sa conception d'ensemble était fortement marquée par la géographie physique. Quant à la dernière Géographie universelle, commencée au début des années 1990, la publication de ses dix volumes s'est achevée en 1996. Cette nouvelle série, sous la direction de Roger Brunet, fut l'œuvre de 26 auteurs et de plusieurs dizaines de collaborateurs du RECLUS ; plaçant l'étude de l'organisation des sociétés humaines au cœur de sa recherche, cet ouvrage, largement illustré de photographies et de cartes en couleurs, se donnait pour ambition de décrire et d'expliquer l'ordre et le désordre du monde à la veille du troisième millénaire.