AKP
sigle d'Adalet ve Kalkınma Partisi, en français parti de la Justice et du Développement
Parti politique turc.
1. Les origines
Fondé le 14 août 2001, il est issu d’une scission au sein de l’islamisme politique turc qui prend son essor à partir du début des années 1990 avec la progression du parti Refah (RP, parti de la Prospérité, créé en 1983), devenu le premier parti au Parlement en 1995. C’est au sein de cette formation peu démocratique, étroitement contrôlée par son chef Necmettin Erbakan, que se fait jour une opposition larvée entre traditionnalistes et modernistes menés notamment par Recep Tayyip Erdoğan, alors maire d’Istanbul. Après l’interdiction du Refah par la Cour constitutionnelle en 1998, c’est au cours du congrès organisé en mai 2000 pour l’élection du président du nouveau parti de la Vertu (Fazilet Partisi, FP), que cette opposition s’exprime ouvertement, l’issue de la compétition étant la victoire, à une faible majorité, des traditionnalistes menés par le président sortant Recai Kutan soutenu par N. Erbakan, contre les modernistes représentés par Abdullah Gül. Après l’interdiction du FP en juin 2001, cette scission est consommée. Tandis que les premiers créent le parti de la Félicité (Saadet Partisi, SP), les seconds forment l’AKP dont les 74 membres fondateurs choisissent R. T. Erdoğan pour leader et que rejoignent une cinquantaine de députés. Se distançant de l’islamisme de ses prédécesseurs, le nouveau parti se définit d’emblée « conservateur et démocratique » écartant même l’étiquette de « démocrate musulman », ce qui le rapproche des partis modérés turcs de centre droit traditionnels. Sont ainsi mis en avant le respect de l’État de droit, des libertés fondamentales, de la diversité, la séparation des pouvoirs et surtout, bien davantage que les partis islamiques précédents, de la laïcité, rejetant toute instrumentalisation politique de la religion et toute islamisation de la société, tandis qu’il prône une économie de marché sans écarter l’intervention régulatrice de l’État.
2. Le règne de l’AKP (2002-)
Depuis sa victoire massive en novembre 2002 (361 députés sur 550), malgré de fortes tensions avec l’armée et la justice, l’AKP s’impose comme parti hégémonique au point de susciter dans les rangs de l’opposition (« kémaliste », menée par le CHP, et kurde, notamment) la crainte d’une dérive autocratique du régime. Fort de la réussite de la politique économique et sociale du gouvernement, le parti sort, pour la troisième fois, vainqueur des élections législatives en juin 2011, mais son chef doit faire face à une contestation inédite en 2013. En raison de ses divisions, l'opposition ne parvient cependant pas à offrir une alternative au pouvoir islamo-conservateur. En août 2014, à la suite de la victoire de R. T. Erdoğan à l’issue du premier scrutin présidentiel au suffrage universel direct, Ahmet Davutoğlu, ministre des Affaires étrangères depuis 2009 et fidèle allié du nouveau président, hérite de la direction du parti et du gouvernement.
Les élections de 2015 se déroulent dans un contexte particulièrement tendu : alors que les nationalistes du MHP et le parti pro-kurde HDP progressent sensiblement, le parti connaît un recul inédit au mois de juin et perd sa majorité pour la première fois depuis 2002 en n’obtenant que 258 sièges. Mais il parvient, cinq mois plus tard, à l'issue d’un scrutin anticipé, à retourner en sa faveur la situation très instable issue de l’engagement croissant de la Turquie dans le conflit syrien et des tensions renaissantes avec la minorité kurde. Il retrouve ainsi sa majorité en remportant plus de 49 % des suffrages et 317 sièges.
Les mésententes entre le président et son Premier ministre conduisent cependant à la démission de ce dernier. Binali Yıldırım accède alors à la tête de l’AKP et du gouvernement, à l’issue d’un congrès extraordinaire du parti le 22 mai 2016.
Pour en savoir plus, voir l'article Turquie : histoire.