Lombardie
en italien Lombardia
Région du nord de l'Italie, au pied des Alpes, la plus peuplée du pays.
- Superficie : 23 859 km2
- Population : 10 036 258 hab. (recensement de 2018)
Divisée en douze provinces (Bergame, Brescia, Côme, Crémone, Lecco, Lodi, Mantoue, Milan, Monza et Brianza, Pavie, Sondrio et Varèse), la Lombardie a pour capitale régionale Milan. Limitée à l'Ouest et au Sud par le Piémont et l'Émilie-Romagne, à l'Est par la Vénétie, elle est contiguë à la Suisse au Nord. Sa situation est donc exceptionnelle, au cœur de la plaine padane d'une part, sur la voie des grandes routes transalpines d'autre part.
C'est la région la plus active du pays, dominée par l'industrie (constructions mécaniques et électriques, textile, chimie) et les services (transport, commerce, finance) malgré le poids de l'agriculture (élevage, riz, maïs). De loin la région la plus riche d'Italie, la Lombardie est la deuxième région la plus riche d'Europe, derrière l'Île-de-France et devant Londres.
On y distingue : les Alpes lombardes, bordées, au Sud, par un chapelet de grands lacs (lacs Majeur, de Côme, de Garde, etc.) ; la plaine lombarde, qui associe de riches cultures à un élevage intensif et qui constitue surtout un grand foyer industriel (métallurgie, textile, chimie).
1. Le milieu
La Lombardie s'étend des Alpes au Pô, limitée par les rivières Tessin et Sesia, à l'O., et le lac de Garde et le Mincio, à l'E. Les données physiques sont un élément d'explication de la prospérité lombarde. Elles se caractérisent par une grande variété avec de nombreuses potentialités économiques. Sur le plan du relief, comme de la structure, la Lombardie présente trois grandes unités d'extension inégale : la montagne (40 % de la superficie), les collines (14 %) et la plaine (46 %).
1.1. La zone montagneuse
La partie nord de la région est occupée par une zone montagneuse dans laquelle serpente la frontière italo-suisse. La structure est complexe, et la variété lithologique très grande. Elle se divise en deux unités : les Alpes Lépontiennes et Rhétiques, aux confins de la Suisse (avec de nombreux sommets entre 3 000 et 4 000 m et un plus haut sommet à 4 052 m dans le massif de la Bernina) et l'Adamello, dans le Nord-Est. Elles sont séparées par un massif peu marqué des Préalpes, les Préalpes de Bergame, plus au sud, qui forment des massifs isolés de calcaire dolomitique. L'action de l'érosion glaciaire, alliée à des phénomènes structuraux, a mis en évidence de grandes vallées (comme celle de l'Adda : la Valteline) et a créé de grands lacs (Majeur, Côme, Garde).
Le climat est rude, avec des amplitudes annuelles de 20 °C, des amplitudes diurnes fortes et des précipitations estivales.
Ces montagnes apportent à l'économie régionale, outre les produits de la montagne (élevage, bois, industries extractives), l'hydroélectricité et sont animées par le tourisme. Elles sont parcourues par des voies de communication essentielles pour l'Italie et qui aboutissent à des passages transalpins ; l'axe majeur est ici la route du Saint-Gothard (en territoire suisse).
1.2. Les collines
En contrebas des Alpes se localisent des collines morainiques disposées en arcs autour des lacs, comme à Brianza. Les collines ne constituent pas une bande continue (elles n'existent pas aux environs de Bergame et de Brescia). Formées par les fronts d'anciens glaciers quaternaires, elles constituent trois grands amphithéâtre. C'est le domaine de la petite propriété, où l'on cultive les arbres fruitiers et la vigne.
1.3. La régions des lacs
Au contact des Préalpes avec les collines ou la plaine, la région des lacs est un petit secteur au caractère méditerranéen. La Lombardie compte cinq lacs; dont les trois plus grands sont le lac Majeur, le lac de Côme et le lac de Garde, les autres étant le lac d'Iseo et le lac de Varèse. La douceur du climat et la beauté du paysage en font des sites enchanteurs, où les petites cités de villégiature (Bellagio) s'échelonnent au milieu d'une végétation souvent luxuriante.
1.4. La plaine lombarde
La plaine du Pô (11 m d'altitude au plus bas) leur succède au sud, divisée en deux bandes distinctes. Au nord de Milan s'étend la « haute plaine », formée d'alluvions grossières ; sèche et perméable, de faible valeur agricole, elle est le lieu préférentiel des implantations industrielles. Au sud de Milan, les horizons monotones de la « basse plaine » (moins de 100 m d'altitude) s'abaissent lentement vers le Pô ; imperméable à cause des fines alluvions qui la constituent, humide, intensément irriguée grâce aux résurgences des eaux infiltrées dans la haute plaine (la ligne des fontanili, large de 10 à 30 km), la basse plaine est très riche sur le plan agricole. Collines et plaine sont traversées par des cours d'eaux abondants, affluents de gauche du Pô (Tessin, Adda [et ses affluents le Brembo et le Serio], Oglio, Mincio).
1.5. Le climat
Sur l'ensemble de la région règne un climat assez rude, de type continental, avec des hivers froids, des étés chauds et humides, des brouillards fréquents. Ce climat s'aggrave en montagne avec l'altitude ; par contre, il s'adoucit considérablement sur les rives des lacs subalpins, où la présence des masses d'eau lacustres atténue les effets de la continentalité (d'où l'essor précoce du tourisme dans ce secteur).
Milan bénéficie d'un climat méditerranéen de nuance aride, avec 1 017 mm de précipitations par an, assez bien réparties au long de l'année, et une température moyenne annuelle de 14 °C, avec un maximum au mois de juillet de 25 °C et un minimum au mois de janvier de 3 °C.
2. L'économie
Ces conditions favorables, les Lombards ont su remarquablement les exploiter au cours des siècles. La Lombardie, héritière d'un prestigieux passé médiéval, a été une terre disputée. Son passage sous la domination autrichienne a été marqué par la transformation de l'agriculture (cadastre, grande agriculture fondée sur l'élevage dans la basse plaine et développement du mûrier, et donc du ver à soie, dans la haute plaine). Des capitaux et des hommes se sont ainsi accumulés. Après l'unité italienne, l'ouverture du Saint-Gothard (1882), l'utilisation de l'électricité (société Edison en 1884), la Lombardie est devenue cette éminente région économique que l'on observe aujourd'hui. Elle attire à elle des travailleurs de toutes les autres régions italiennes, surtout vers les foyers urbains de la plaine. Dans tous les domaines de la vie économique nationale, la région occupe une place de choix.
2.1. L'agriculture
Sur le plan agricole, la Lombardie vient au deuxième rang, après l'Émilie-Romagne. La présence de vastes exploitations, le haut niveau de mécanisation, le recours intensif aux engrais chimiques, un dense réseau de canaux d'irrigation confèrent à cette agriculture un caractère très performant. Dans la montagne, à côté de l'exploitation forestière, on pratique surtout l'élevage bovin et les cultures céréalières, ainsi que, là où les conditions climatiques s'y prêtent, l'arboriculture fruitière et la viticulture (dans la Valteline par exemple). Avec des nuances, un tableau analogue s'observe dans les collines (fruits et vigne du sud de la province de Pavie, l'« Oltrepo pavese »). La prospérité agricole s'affirme surtout dans la basse plaine. La plaine padane, au climat continental, avec d'épais brouillards est intensivement exploitée en grandes propriétés. Les céréales n'occupent pas la plus vaste superficie, mais, grâce à de forts rendements, la Lombardie tient la première place en Italie pour la production de maïs et la deuxième pour celle de blé et celle de riz (riz de la Lomellina). Il y a d'autres cultures, comme celles de la betterave à sucre, des légumes et des fruits. Les plantes fourragères sont encore bien plus importantes. Le système d'irrigation par l'eau à température constante issue des fontanili (sans gel hivernal) permet sept ou huit fauches par an. L'élevage bovin, qui en bénéficie, place la région au tout premier rang pour le lait, le beurre, le fromage ; l'élevage porcin est aussi développé. Un dernier trait à relever est l'extension des peupliers dans la basse plaine.
2.2. L'industrie
L'industrie dépasse toutefois, et de loin, l'agriculture. La Lombardie occupe le premier rang industriel d'Italie (la zone de Milan concentrant l'essentiel des industries). Toutes les branches sont bien représentées : les industries textiles et de l'habillement, la métallurgie, la mécanique, la chimie. Dans la montagne, l'industrie est rare. Elle se limite à la production d'hydroélectricité (Grosio, Cimego), à l'extraction de quelques produits (le talc dans la province de Sondrio par exemple) et à des usines isolées, le plus souvent textiles (travail du coton) ou mécaniques. Dans la basse plaine apparaissent des foyers industriels isolés. Ainsi, d'ouest en est, se succèdent Vigevano (capitale italienne de la chaussure), Pavie (fibres artificielles et synthétiques, électroménager et matériel de bureau), Lodi (constructions agricoles, laine), Crema (mécanique et chimie), Crémone (industrie alimentaire [moutarde], raffinage du pétrole et de gaz naturel, avec l'oléoduc de Gênes, matériel agricole, soierie), Mantoue (papeterie et complexe chimique, soierie). Un processus d'industrialisation à partir de Milan s'amorce dans la plaine, venant relayer les petites exploitations alimentaires ou textiles traditionnelles. La concentration industrielle est le fait de la haute plaine et des collines. Ici, l'industrie est partout. Il y a d'abord l'énorme conurbation milanaise. Le raffinage du pétrole et du gaz naturel est présent à Rho, avec l'oléoduc de Gênes, les fibres artificielles et synthétiques à Magenta, les tapis à Monza, le lin à Desio, et également les constructions mécaniques et automobiles (Alfa Romeo, OM et Innocenti), les pneumatiques Pirelli-Dunlop, les matériels électriques et électroniques, le mobilier et la maroquinerie.
Les villes au contact des Alpes organisent aussi un espace industriel, en partie sous la domination milanaise. La multiplicité des fabrications est de règle, mais quelques regroupements sont possibles. Autour de Varèse, il y a de notables industries de matières plastiques, de la soie, de constructions aéronautiques (à Gallarate), de cycles et motos (à Varèse et à Legnano), des produits électroménagers, de fabrication d'engrais (à Legnano), et un centre de recherches nucléaires, à Ispra. La région de Côme, outre la mécanique, perpétue le travail textile (soierie, laine à Erba), l'artisanat du meuble et l'horlogerie, tandis que Lecco est spécialisée dans la tréfilerie. Le secteur de Bergame est une antenne industrielle de Milan avec la métallurgie de Dalmine, des entreprises textiles cotonnières qui s'insinuent dans les vallées ou s'égrènent le long de l'Adda. Bergame est encore le siège d'une société de ciment, dont les cimenteries se dispersent dans tout le pays, et de brasseries. Plus éloignée de Milan, Brescia constitue un foyer industriel plus indépendant (sidérurgie, brasseries, engrais, soie, constructions ferroviaires). La sidérurgie est présente à Lecco et à Legnano, la métallurgie à Paderno et Dugnano. Si la mécanique et le textile dominent, il existe aussi des spécialités (fabrication d'armes à feu, brasseries, robinetterie, armature métallique pour ciment armé).
2.3. Le secteur tertiaire
Une telle puissance industrielle est complétée par un équipement tertiaire dépassant celui de toutes les autres régions italiennes : administrations et services ; universités ; radio-télévision et presse ; activités commerciales (foires) et culturelles (expositions) ; tourisme d'été et d'hiver dans la montagne (Bormio, Livigno) et sur les lacs (stations de Bellagio et de Salo sur le lac de Côme et de Sirmione sur le lac de Garde). Un réseau serré de communications parcourt la région. Les services se rassemblent dans les villes, notamment dans les chefs-lieux de provinces. Certaines sont au contact de la plaine et de la montagne. Si Sondrio est une petite cité, Varèse, Côme, Bergame, Brescia sont des cités actives, très commerçantes, conservant une certaine autonomie face à Milan. Dans la vallée du Pô, les villes sont plus paisibles. Crémone, Mantoue sont encore de gros marchés agricoles. Pavie est une cité particulière en raison de son ancienne fonction universitaire. Mais c'est évidemment Milan, capitale économique de l'Italie, qui regroupe le plus de fonctions.
2.4. Les sites de Lombardie classés à l'Unesco
La Lombardie compte plusieurs sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco :
– Crespi d'Adda ;
– Mantoue ;
– Lombards en Italie : lieux de pouvoir (568-774 après J.-C.) ;
– Sacri Monti ;
– Val Camonica : art rupestre ;
– Albula et Bernina : chemin de fer rhétique.