Cette double résolution, qui reflète bien l'isolement d'Israël dans la communauté mondiale, ouvre la voie à l'adoption d'une série de motions dirigées contre la politique de l'État juif par plusieurs organismes internationaux, notamment par l'UNESCO, l'OIT et l'OMS.

Divers pays du tiers monde, nombre d'États communistes autorisent l'OLP à établir des représentations officielles dans leurs capitales. Dès le 21 octobre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean Sauvagnargues, s'était entretenu pendant deux heures à Beyrouth avec Yasser Arafat. Trois jours plus tard, le président Giscard se prononce publiquement en faveur de l'établissement d'un foyer national palestinien.

Les succès qu'enregistre l'OLP sur la scène internationale constituent en quelque sorte les fruits de la politique ébauchée par ses principaux dirigeants dès la fin de la guerre d'octobre 1973. S'étant implicitement ralliés à l'idée d'un compromis négocié à la conférence de Genève, ils reçoivent la caution du « parlement » de la résistance, le Congrès national palestinien, réuni au Caire du 1er au 9 juin 1974 (Journal de l'Année, 1973-1974). Yasser Arafat obtient que son organisation soit reconnue par tous les chefs d'État arabes comme le seul représentant légitime du peuple palestinien. Le « sommet » arabe, réuni à Rabat, adopte le 28 octobre une résolution consacrant le droit des Palestiniens d'établir un « pouvoir national » (en d'autres termes, un État) sur tout territoire « libéré ».

Cette victoire remportée contre le roi Hussein de Jordanie, qui persistait à vouloir parler au nom des Palestiniens de son royaume, ainsi que l'admission de l'OLP à l'ONU sont accueillies dans les territoires occupés par des manifestations de joie, qui dégénèrent en émeutes, lesquelles durent du 13 au 23 novembre.

Divergences

En Israël, les avis sont partagés — jusqu'au sein du gouvernement — sur l'attitude à adopter à l'égard de Yasser Arafat et ses amis. Avant de démissionner, le ministre de l'Information, Aharon Yariv, déclarait le 12 juillet que l'État juif négocierait avec l'OLP si celle-ci mettait un terme à ses activités terroristes et si elle reconnaissait le droit d'Israël à l'existence. Yariv est cependant contredit dès le lendemain par le président du Conseil Rabin, lequel affirme qu'à ses yeux, seul le roi Hussein pourrait être un interlocuteur valable. À l'issue de vives discussions, le cabinet décide le 21 juillet qu'Israël ne tolérerait pas la création d'un mini-État palestinien indépendant.

Les États-Unis, pour leur part, adoptent une attitude plus nuancée. Ils s'engagent à tenir compte des « intérêts légitimes » du peuple palestinien (communiqué publié le 3 juillet à l'issue de la visite du président Nixon à Moscou) ; ils ne s'opposent pas à l'éventuelle ouverture de négociations entre Israël et l'OLP (déclaration du président Ford le 15 novembre), mais indiquent que les fedayin devraient reconnaître au préalable l'État juif (Henry Kissinger, le 10 décembre). Cependant, la préoccupation prioritaire de Washington est de favoriser les négociations entre Israël et les États arabes belligérants, en particulier l'Égypte.

Partisans d'un règlement global, les dirigeants soviétiques insistent pour que l'OLP soit admise sans tarder à la conférence de Genève, dont ils réclament la convocation. Yasser Arafat est invité à plusieurs reprises à se rendre à Moscou, où il est accueilli à titre officiel, pour la première fois, le 30 juillet 1974. La presse soviétique prend position contre les organisations de fedayin appartenant au Front du refus, en leur reprochant de rejeter toute forme de compromis et de prôner la destruction de l'État d'Israël. La Liturnaya gazeta dénonce, le 14 août, Georges Habache, leader du Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), comme un « pseudo-révolutionnaire » et un « extrémiste ».

Attentats

Les maximalistes du Front du refus mènent une virulente campagne contre Yasser Arafat et ses alliés, les accusant de défaitisme et de compromissions avec les États-Unis et les États arabes capitulards. Le 25 septembre, le FPLP retire ses représentants du comité exécutif de l'OLP. La plupart des attentats contre Israël sont perpétrés par des militants des organisations extrémistes, lesquels ne sont pas cependant désavoués par les dirigeants modérés. Ces derniers, qui craignent d'être débordés par leurs adversaires, revendiquent divers attentats, dont celui de l'hôtel Savoy à Tel-Aviv, le 6 mars, qui coûte la vie à 18 personnes, dont les 7 membres du commando palestinien. Abou Ayad, le numéro 2 du Fath, déclare que la lutte armée s'intensifiera pour rappeler à Henry Kissinger qu'il n'y a pas de paix possible sans les Palestiniens.

Le raid, lancé le jour môme où le secrétaire d'État américain commençait sa neuvième mission de conciliation au Proche-Orient, est destiné à servir d'avertissement tout autant aux États-Unis qu'à Israël et à l'Égypte, dont les relations avec l'OLP ne cessent de se détériorer. Yasser Arafat, qui s'allie à la Syrie et envisage de se réconcilier avec le roi Hussein de Jordanie, tente de faire avorter l'accord intérimaire que Le Caire et Jérusalem souhaitent conclure par le truchement de Henry Kissinger.