Cette mutation se traduit par le contingent versé par les communes au titre de l'aide sociale, par les subventions données au bureau d'aide sociale, et aussi (et surtout) par la gestion des équipements sociaux par des associations bénéficiant de subventions communales. Ces trois domaines ont progressé de façon sensible.

– Le contingent d'aide sociale (toujours exprimé en francs constants) a progressé de 74,5 % de 1954 à 1974. À noter que le rythme de progression s'est accéléré sensiblement à partir de 1964 : la charge par habitant a, en effet, augmenté de 27,5 % de 1964 à 1974. Là comme ailleurs, les taux de progression ne sont pas uniformes : à Orléans et Angers, ils se sont élevés respectivement de 170,4 et 114,6 % tandis qu'ils n'atteignent que 72,4 % à Aix-en-Provence et 17,2 % à Villeurbanne.

– Les participations financières des grandes cités aux dépenses du bureau d'aide sociale augmentent à un rythme encore plus élevé. De 1954 à 1974, la subvention communale a progressé de 180,3 % à Lille, passant de 6,60 francs à 11,90 francs. Elle a atteint 508 % de 1961 à 1974 dans la ville d'Orléans !

– L'aide sociale dite « facultative » concerne un nombre important d'équipements collectifs (crèches, garderies, foyers-clubs pour personnes âgées, etc.), devenus de plus en plus indispensables. Là encore, la progression des équipements (comme, bien sûr, celle des dépenses) est saisissante :
on comptait un foyer-club pour 140 000 personnes âgées en 1954 à Toulon. Vingt ans plus tard, on en relève un pour 10 526, soit une évolution de 1 230 % !
il existait, en 1954, une crèche pour 50 045 citoyens à Clermont-Ferrand. En 1974, il y en a une pour 28 600 habitants, soit une évolution de 75 %.

Taux de progression démographique

L'Association des maires de grandes villes de France regroupe des élus de toutes tendances d'une trentaine d'agglomérations (Aix-en-province, Amiens, Angers, Avignon, Bayonne, Besançon, Bordeaux, Brest, Caen, Clermont-Ferrand, Dijon, Le Havre, Le Mans, Lille-Roubaix-Tourcoing, Lyon, Marseille, Metz, Montpellier, Nancy, Nantes, Nice, Orléans, Pau, Perpignan, Rennes, Rouen, Saint-Étienne, Toulon, Toulouse, Tours). À noter que le taux de progression démographique de ces grandes cités a été de près de 50 % pendant les deux dernières décades. Il a atteint 112 % à Aix-en-Provence, 90 % è Besançon et 19,4 % à Nantes. À Nancy, la population de la ville a même baissé de 1,7 % de 1954 à 1974. Dans ces deux derniers cas, ce sont les communes périphériques qui ont bénéficié principalement de l'afflux des ruraux.

La scolarité

Les cités doivent aussi faire face à la forte augmentation de la population scolaire. Elles participent financièrement non seulement à l'implantation d'établissements du premier et du second degré, mais aussi, dans les grandes villes, à la création d'établissements d'enseignement supérieur. À quoi il convient d'ajouter toutes les charges nouvelles qui découlent de la transformation de la notion de scolarité : classes vertes, classes de neige, centres aérés, cantines et ramassage, etc.

En dépit des besoins, la couverture de la population scolaire est de mieux en mieux assurés. Ainsi, à Nantes, il existait un établissement public pour 325 enfants en 1954, contre un pour 206 en 1974, soit un écart de 57 %.

Mais les dépenses de la ville, elles, se sont accrues beaucoup plus rapidement. Ainsi, en quinze ans, de 1959 à 1974, les dépenses de petit matériel pour les écoles primaires et maternelles augmentaient de 94,4 %, tandis que les indemnités versées au personnel enseignant s'élevaient de 399 %.

En théorie, le financement des établissements d'enseignement supérieur est principalement du ressort de l'État. En pratique, les acquisitions de terrains et les achats d'immeubles sont supportés de plus en plus souvent par les grandes villes. Nice a assuré la moitié du financement de la nouvelle École de médecine (19 millions sur 38). À Besançon, la municipalité subvient presque entièrement aux besoins de la faculté de médecine et de pharmacie, tandis qu'à Metz la ville coopère activement à la création de l'université : sa participation à l'Institut européen d'écologie représente plus de 17 francs par tête d'habitant.