Cette tempête a soulevé sur la planète des nuées de poussière atteignant de 6 à 8 km de hauteur, qui, pendant deux mois, ont dérobé les détails du sol aux objectifs des trois sondes. Finalement, les caméras ont pu se mettre au travail. Elles n'ont pas chômé : les cinq sixièmes de la surface de la planète ont été photographiés. Entre-temps, pendant que sévissait la tempête de poussière, Mariner 9 avait eu tout loisir de photographier les deux minuscules satellites de Mars — Phobos et Deimos —, immenses rochers dont les curieuses formes irrégulières et criblées d'impacts de météorites sont maintenant parfaitement connues. Encore un mythe de moins pour hanter les imaginations : certains ne voyaient-ils pas dans ces astres minuscules de gros satellites artificiels construits et mis en orbite par les Martiens !

Un monde tourmenté

Quant aux photographies du sol de la planète — il y en aura de 10 000 à 20 000 —, on est encore bien loin d'avoir pu les dépouiller et les interpréter ; cependant, quelques résultats retiennent l'attention des milieux scientifiques. D'abord l'importance des accidents du relief, par leur nombre, leur diversité et leurs dimensions (d'autant plus grandes, relativement, que le rayon du globe martien est presque moitié moindre que celui de la Terre). Des systèmes de fissures se prolongent sur 1 800 km ; une vallée de la région de Rosena serpente sur 700 km ; plusieurs gorges dépassent 2 500 m de profondeur.

Sur la foi des photographies peu détaillées prises par les Mariner précédents, on avait prématurément vu dans le sol martien une réplique du sol lunaire. Il n'en est rien. Mars n'est pas un monde mort ; l'activité géologique y est considérable, les formations volcaniques sont récentes, nombreuses et souvent gigantesques. Nix Olympica, l'une des taches sombres observées traditionnellement par les astronomes (certains l'avaient prise pour une oasis), visible sous la forme d'une crique sur les photographies prises par les Mariner de 1969, se révèle maintenant sous sa vraie nature, celle d'un cratère volcanique entouré d'immenses coulées de lave. Les structures formées par le ruissellement de magma basaltique abondent à la surface de Mars.

D'autres formations n'ont pas leur équivalent sur la Lune ou sur la Terre, tels ces vastes effondrements qui ont créé des dépressions à fond plat, dont la profondeur va jusqu'à 2 900 m.

Soumis à une érosion éolienne sans comparaison sur la Terre (les vents soufflent couramment sur Mars à plusieurs centaines de km et peut-être exceptionnellement à un millier de km à l'heure !), le relief martien demeure quand même très accidenté, ce qui témoigne d'une activité tectonique récente. En fait, à l'image d'une planète morte qui semblait s'imposer auparavant, de nombreux savants opposent maintenant celle d'un monde en formation.

Les premières voitures lunaires

Le second Apollo de l'année 1971 (le 15e du nom) est lancé le 25 juillet 1971, de cap Kennedy. L'équipage est commandé par David R. Scott, qui a déjà volé sur Gemini 8 et Apollo 9 ; Alfred M. Worden, pilote du vaisseau (baptisé Endeavour), et James B. Irwin, pilote du module lunaire (baptisé Falcon), sont des néophytes. Le module lunaire porte une charge utile de 600 kg (150 pour le module précédent) et les astronautes utiliseront sur la Lune une automobile électrique très légère (225 kg), au lieu d'une brouette, comme ce fut le cas pour les hommes d'Apollo 14.

Après un voyage émaillé d'une série d'incidents techniques et de pannes, l'engin se satellise autour de la Lune le 29. Il est transféré ensuite sur l'orbite habituelle qui le fait passer à 16 km du sol. Un instant compromise par une mauvaise connexion (ce qui oblige l'engin à faire un tour supplémentaire de la Lune), la séparation du module lunaire a lieu le 30 juillet. Le même jour, à 23 h 16 mn 30 s, Falcon se pose au pied des Apennins lunaires, tout près de la faille Hadley.

Les 31 juillet, 1er et 2 août, Scott et Irwin font trois sorties et trois excursions de quelques kilomètres à bord de leur voiture lunaire. Ils installent sur le sol les instruments habituels (séismomètre, détecteur de vent solaire, réflecteur laser, générateur électrique et émetteur de radio), complétés cette fois-ci par des thermocouples placés au fond de trous (forés dans le sol par un appareil électrique) et destinés à fournir des indications sur la chaleur interne de la Lune. De nombreux échantillons du sol sont collectés.