Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

injection (suite)

Si on substitue au gicleur-vaporisateur un injecteur qui pulvérise le carburant, envoyé sous pression, l’essence est divisée en particules extrêmement fines et l’on tend vers la formation d’un aérosol, considéré comme un mélange parfait en raison de la stabilité des particules en suspension dans l’air. On peut augmenter la valeur du rapport volumétrique de compression sans faire apparaître la détonation, ce qui se traduit par une augmentation sensible de la puissance maximale (de 15 à 20 p. 100). Comme l’appareil est automatiquement réglé pour ne débiter que la seule quantité d’essence permettant de se tenir, en toutes circonstances, au point optimal de la courbe de consommation spécifique, on réalise une économie appréciable de carburant, et il n’existe plus de traces d’hydrocarbures imbrûlés dans l’échappement.


Mécanisme de l’injection

Des deux méthodes utilisables pour réaliser l’injection, on préfère le procédé dit « injection externe » — dans lequel le carburant est envoyé sous pression dans la tubulure d’admission, près de la soupape correspondante, où se produit son mélange avec l’air — à celui de l’« injection interne », qui consiste à faire débiter l’injecteur directement dans la culasse, à la fin du temps de compression, solution analogue à celle qu’on adopte pour le moteur Diesel, avec cette difficulté supplémentaire que la pompe doit régler l’injection de faibles quantités d’essence sous une pression importante. La seule difficulté réelle est d’assurer, automatiquement, la régulation de la quantité d’essence à injecter en fonction du régime et de la charge du moteur. Le système Peugeot-Kügelfischer fonde cette régulation sur la proportionnalité de la quantité d’essence à injecter au déplacement d’un piston dont la position au point mort bas est variable. À sa descente, ce piston bute contre un balancier de dosage dont l’extrémité arrière est reliée à un levier d’enrichissement de départ et l’autre extrémité à une came conique par une tige palpeuse. La came est sous l’influence de deux mouvements conjugués : un déplacement angulaire, proportionnel à la vitesse de régime par l’entremise d’un correcteur magnétique, solidaire de l’arbre de pompe, et un déplacement axial, commandé par la pédale d’accélérateur, qui règle, en outre, le débit de l’air aspiré.


Régulation électronique

Actuellement, on substitue à la régulation mécanique une commande par calculateur électronique. Celui-ci reçoit des informations, transmises par impulsions, concernant tous les paramètres qui influent sur le fonctionnement du moteur, les interprète et règle le temps d’ouverture de chaque injecteur (Citroën-Bosch). L’injecteur comprend une tige-pointeau qui reste soulevée tant que le courant passe dans un électro-aimant qui la commande. Ce temps varie de 0,002 5 s au ralenti à 0,009 2 s à pleine charge.

J. B.

➙ Carburation / Diesel (moteur).

 A. André, la Mécanique automobile moderne (Rangal, Thuillies, 1947). / R. Guerber, l’Automobile, t. I : le Moteur (Technique et vulgarisation, 1959).

Innocent III

(Anagni 1160 - Rome 1216), pape de 1198 à 1216.



L’homme

Les parents de Giovanni Lotario di Segni appartenaient à la haute noblesse romaine. Comme de nombreux autres jeunes ecclésiastiques italiens, il vient suivre les cours de théologie à l’université de Paris, où enseigne alors Pierre de Corbeil ; ensuite, il étudie le droit à Bologne.

À partir de 1185, revenu à Rome, Lotario parcourt la carrière des honneurs avant d’être nommé cardinal par le pape Clément III (1190). L’avènement de Célestin III, un Orsini ennemi de sa famille, l’écarté momentanément de la vie active, mais, en 1198, à la mort du pontife, les cardinaux donnent à l’unanimité leurs voix à Lotario di Segni, qui, à trente-huit ans, devient le pape Innocent III.

Selon les thèses du jeune pontife, le Sacerdoce doit dominer l’Empire : « De même que la lune reçoit sa lumière du soleil, de même la dignité royale n’est qu’un reflet de la dignité pontificale. » Cette idée n’est pas nouvelle : elle a été exprimée déjà par les papes du xie s. ; ce qui sera original, c’est la volonté de la faire passer dans les faits.

Innocent III voudra faire de la chrétienté une réalité ; à la place de princes en lutte les uns contre les autres, il tentera d’imposer la concorde universelle des souverains chrétiens et d’unir leurs efforts pour repousser les ennemis du Christ à l’intérieur comme à l’extérieur du monde chrétien. Mais il ne faut pas oublier que le pape cautionnera l’action des grands réformateurs du temps, tels saint Dominique* et saint François* d’Assise.


L’union de la chrétienté

Le pape porte un soin particulier à régler les problèmes pendants entre l’Empire et la papauté. Il profite de la mort de Henri VI en 1197 pour prendre en Italie la tête d’une croisade antigermanique ; dans les provinces pontificales, comme en Italie centrale, les représentants de l’empereur sont chassés dès la première année de son pontificat. Dans le Sud, il se fait le protecteur du jeune Frédéric de Hohenstaufen (Frédéric II*), fils d’Henri VI, qui règne sur les Deux-Siciles ; mieux : dans l’Empire même, où deux prétendants se disputent la couronne, il soutient Otton de Brunswick contre le frère d’Henri VI, Philippe de Souabe. Mais, après son triomphe en 1208, Otton (Otton IV) veut à son tour reconquérir la péninsule et déposséder Frédéric des Deux-Siciles (1210). Innocent III l’excommunie et suscite contre lui la révolte des villes lombardes ; puis il favorise la candidature impériale de Frédéric, à condition qu’il renonce à régner sur la Sicile, Innocent III redoutant l’union politique entre l’Empire et le sud de l’Italie.

Pour appuyer le Hohenstaufen, le pape soutient Philippe Auguste* contre Otton, qui est battu à Bouvines (1214).