Ethnie du Mali (Afrique occidentale), qui occupe le sud-ouest de la boucle du Niger à la hauteur de Mopti.
Sa population comprend environ 300 000 personnes. Son territoire, également parcouru par des Peuls, se trouve entouré par les ethnies des Mossis, des Kouroumbas, des Sarakollés et des Bobos. La région habitée par les Dogons est formée d’un vaste plateau rocheux, d’une série de falaises orientées du sud-ouest au nord-est, entre Bandiagara et Hombori, et d’une plaine. L’absence de cours d’eau permanent rend la saison sèche du climat soudanien particulièrement dure, et il est nécessaire d’aménager de nombreux réservoirs naturels pour profiter des quatre mois de pluie.
Les Dogons parlent une langue apparentée au groupe voltaïque. Ils sont divisés en quatre tribus — Dyon, Arou, Ono et Domno —, mais les membres de celles-ci ne sont pas regroupés territorialement. Il n’existe pas d’autorité politique centralisée. Ce sont les hogons, chefs à la fois religieux et juridiques (les peines prononcées sont le bannissement et des amendes), qui remplissent les fonctions du pouvoir et président le Conseil des vieillards. Chaque tribu possède plusieurs hogons, dont la compétence est répartie territorialement. Cependant, la tribu Arou n’a qu’un seul hogon, qui est aussi le doyen de tous les hogons. Jadis, ceux-ci assuraient la police des marchés. Les villages dont la population ne dépasse pas 1 000 habitants sont adossés aux parois d’une falaise ou installés sur les éboulis. Cette situation facilitait la défense des villages, et c’est au pied des falaises que l’on trouve les terres les plus fertiles. Les maisons, en pierre ou en argile, sont de plan quadrangulaire. Les villages sont divisés en quartiers qui comprennent une ou plusieurs habitations de familles étendues (segments de lignages). Chaque habitation comprend les maisons des différents membres du groupe, les autels des ancêtres et des greniers communs, hauts de 5 à 6 m et capables d’engranger trois récoltes de mil. Un village possède également des constructions collectives : greniers et autels du culte de Lébé sur la grande place publique, l’abri des hommes et la maison ronde des femmes réglées à l’extérieur du village. Le hogon occupe une maison spéciale, interdite aux femmes et aux enfants. Les Dogons sont des agriculteurs qui cultivent le mil, le riz, le maïs et, depuis l’époque coloniale, l’oignon aux fins d’exportation. Ils élèvent des moutons et des chèvres, mais peu de bovidés. Les hommes assurent les gros travaux et pratiquent également la chasse et la pêche. Les activités artisanales sont le fait de castes endogames, qui habitent à l’extérieur du village : ce sont les forgerons, les travailleurs du bois et du cuir. Autrefois, on trouvait des esclaves qui travaillaient pour la communauté (prisonniers de guerre, individus mis en gage).
L’organisation familiale est patrilinéaire et patrilocale. La famille étendue, le ginna, comprend une ou plusieurs familles indivises. Elle possède ses maisons et ses champs, et la transmission des biens se fait à l’intérieur de ce groupe. Le ginna est dirigé par l’homme le plus âgé. Le mariage préférentiel se fait avec la cousine croisée matrilatérale. Les groupes castes ont la même organisation familiale. La société dogon connaît une organisation en groupes d’âge et une coupure entre les non-initiés et les initiés (ayant subi la circoncision). Les Dogons pratiquent quatre cultes religieux différents. Le culte des ancêtres est célébré dans le ginna. Le culte des dieux immortels exprime les appartenances totémiques. Enfin, le grand culte public qui unifie le pays dogon est le culte de Lébé, assuré par les hogons. Ces trois cultes consacrent la perpétuation des espèces animales ou végétales et, en tant que cultes de vie, ils s’opposent au culte des masques, un culte des morts. La société des masques (awa), qui assure ce dernier, est formée des hommes et jeunes gens circoncis, mais non castrés. C’est au cours de ce culte qu’on utilise les grands masques conservés dans la falaise. Cette mythologie et cette cosmogonie sont d’une profonde complexité. L’essentiel des travaux de Marcel Griaule (1898-1956) et de Germaine Dieterlen est consacré à ce domaine. L’islām, cependant, connaît une diffusion de plus en plus grande.
J. C.
➙ Afrique noire / Mali.
M. Palau Marti, les Dogon (P. U. F., 1957). / G. Calamé-Griaule, Ethnologie et langage, la parole chez les Dogon (Gallimard, 1965). / M. Griaule, Dieu d’eau (Fayard, 1966). / D. Zahan, la Viande et la graine, mythologie dogon (Présence africaine, 1969). / C. Lefèvre, Pays Dogon, chronique d’un village africain (Éd. du Chêne, 1972).