Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

agglutination (suite)

Dans le système ABO, il existe sur les hématies des agglutinogènes A, B, isolés ou associés (groupes A, B, A B), ou aucun agglutinogène (groupe O). À chaque agglutinogène correspond une isoagglutinine anti-A ou anti-B. Ces agglutinines sont naturelles ou immunes. Le système rhésus distingue 85 p. 100 des sujets possédant un antigène identique à celui des hématies de Macacus rhesus (Rh +) et 15 p. 100 des sujets ne le possédant pas (Rh –). Il existe de très nombreuses variétés d’antigènes dans ce système. Les agglutinines n’apparaissent qu’après immunisation fœtomaternelle ou transfusionnelle.

L’agglutination sur lame permet de déterminer les agglutinogènes et les agglutinines existant chez un sujet (groupe sanguin). Des techniques de dilution permettent de calculer leur taux.

En pathologie, on peut rechercher par agglutination des anticorps non spécifiques. Les auto-agglutinines sont des substances existant lors de certaines affections et agglutinant les hématies du malade à la température du corps (40 °C) ou à basse température (4 °C) [cryoglobulines].

Les hétéro-agglutinines ont pour type l’agglutinine « anti-hématie de mouton », dont le taux s’élève chez l’homme au cours de la mononucléose infectieuse.

P. V.

Agnathes

Vertébrés primitifs aquatiques, à respiration branchiale et dépourvus de mâchoires. Les Agnathes ou Cyclostomes s’opposent aux Gnathostomes, qui réunissent tous les autres Vertébrés, pourvus de mâchoires.


Les Agnathes actuels comprennent deux groupes.

Les Myxinoïdes, marins, renferment une quinzaine d’espèces, dont la Myxine (Myxine glutinosa) de l’Atlantique Nord. Celle-ci est un prédateur de 20 cm, qui attaque les poissons malades, pénètre dans ses proies par les ouïes et les dévore de l’intérieur.

Les Pétromyzontides comportent une vingtaine d’espèces ; certaines, comme la Lamproie de Planer (Lampetra Planeri, 10 à 20 cm) des rivières de France, vivent constamment en eau douce ; d’autres, comme la Lamproie marine (Petromyzon marinus, 1 m), viennent se reproduire en eau douce après avoir vécu en mer.

La Lamproie marine peut servir de type d’Agnathe. Son corps allongé et cylindrique ne montre pas de limites externes entre la tête, le tronc et la queue. La peau est dépourvue d’écailles ; il n’y a pas de nageoires paires mais seulement des nageoires impaires. À l’extrémité antérieure la bouche, arrondie, s’ouvre dans un entonnoir tapissé de dents cornées, au fond duquel la langue, mobile d’avant en arrière, fonctionne comme un piston. La Lamproie se fixe par la bouche sur un poisson et en ronge les chairs. Sur le dessus de la tête, l’orifice naso-hypophysaire donne accès au sac nasal, organe olfactif en rapport étroit avec l’hypophyse. De chaque côté de la tête, en arrière de l’œil, sept paires d’orifices branchiaux de forme arrondie débouchent dans des poches branchiales. Ces dernières s’ouvrent à l’intérieur dans un diverticule en cul-de-sac, ou aqueduc, qui communique en avant avec l’œsophage. Le squelette est cartilagineux et sa comparaison avec celui des autres Vertébrés est difficile à faire. Les mâchoires ne sont pas différenciées ; il n’y a pas de vertèbres mais seulement, dans chaque métamère, des baguettes cartilagineuses appliquées contre la corde dorsale ; celle-ci, bien développée, joue le rôle de soutien dévolu à la colonne vertébrale chez les autres Vertébrés. Le système nerveux est caractérisé par un cerveau très réduit ; la moelle épinière émet de chaque côté une seule corne à la fois motrice et sensitive, alors que chez les Gnathostomes il existe une corne antérieure motrice et une corne postérieure sensitive. Le rein embryonnaire, ou pronéphros, persiste longtemps. L’appareil reproducteur comprend une gonade unique sans conduits génitaux. Les gamètes tombent dans la cavité cœlomique et sont évacués à l’extérieur par la papille urogénitale.

Les Lamproies pondent des œufs nombreux (jusqu’à 80 000) et petits (1 mm). L’œuf donne naissance à une larve, ou ammocète, caractérisée par sa nutrition microphage et par la présence d’un endostyle semblable à celui des Procordés. L’ammocète peut vivre trois ans avant de se métamorphoser en adulte. Les Myxines n’ont pas de métamorphoses.

Les Cyclostomes sont des Vertébrés incontestables par de multiples caractères tels que la présence d’un squelette, d’une corde, d’un système nerveux dorsal, d’un épithélium pluristratifié, d’un système circulatoire clos avec un cœur ventral. Des caractères particuliers comme l’absence de mâchoires, de membres pairs et d’écaillés, la persistance du pronéphros, la réduction des narines à un seul orifice médian les isolent cependant nettement. Pour certains auteurs, ces caractères seraient ceux de Vertébrés primitifs ; pour d’autres, ils ne sont que la conséquence de modifications régressives causées par l’habitat sur les fonds vaseux et par le mode d’alimentation.

Le paléontologiste suédois Stensiö a étudié avec minutie les Agnathes fossiles ou Ostracodermes. Ceux-ci ont eu leur maximum de diversification au Silurien et au Dévonien. Ils comprennent deux groupes principaux : les Hétérostracés, qui sont les plus anciens et les plus mal connus, et les Ostéostracés, dont les restes sont plus abondants et qui sont bien étudiés. Les Ostéostracés ne dépassaient pas 60 cm ; ils ont une forme aplatie dorso-ventralement avec la tête large, les yeux rapprochés sur la face dorsale, les orifices branchiaux et la bouche sur la face ventrale. Leur caractère essentiel est la présence d’un bouclier osseux enfermant la tête et une partie du tronc. Le reste du corps est couvert d’écaillés. Des formations énigmatiques sont interprétées comme des organes « électriques ». La forme aplatie montre que ces animaux vivaient sur les fonds, et le grand développement de la chambre branchiale prouve qu’ils étaient des microphages se nourrissant des particules en suspension dans l’eau, et non des prédateurs comme la Lamproie. Comme tous les Agnathes ils n’ont pas de mâchoires et leur orifice naso-hypophysaire est impair. L’existence de pièces osseuses est un caractère primitif qui a disparu chez les Agnathes actuels, que l’on peut considérer comme les descendants régressés des Ostracodermes.

R. D.