Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cano (Alonso) (suite)

Entré dans les ordres en 1652, Alonso Cano obtient une prébende à Grenade, sa ville natale, où il vivra le plus souvent désormais. Il incline de plus en plus vers le baroque. Ses figures sont construites sur d’amples diagonales, et l’espace de ses tableaux semble projeté hors du cadre (Mort de saint François à la Real Academia de San Fernando de Madrid). En dépit de l’hostilité du chapitre de la cathédrale de Grenade, il consacre une partie importante de son temps à la décoration de ce monument. Pour la rotonde de l’abside, il exécute les sept grands tableaux de la Vie de la Vierge, qui comptent parmi ses peintures les plus achevées.

À Grenade, Alonso Cano revient aussi à la sculpture sur bois polychrome, avec un métier renouvelé. Il s’agit de statues de petites dimensions, délicatement modelées, remplies de tendresse sous leurs accoutrements baroques, comme la Vierge de Bethléem de la cathédrale. Peu de temps avant sa mort, il donne les plans pour la façade de celle-ci, sans conteste son meilleur morceau d’architecture, une œuvre dépouillée qui affirme les lignes de force et les articulations, avec une prédominance marquée des lignes horizontales.

Le prestige du peintre, qui fit la réputation d’Alonso Cano auprès de ses contemporains, a bien baissé. Actuellement, c’est à sa sculpture qu’on s’adresse de préférence pour prendre contact avec sa personnalité artistique.

M. D.

 M. E. Gómez-Moreno, Alonso Cano (Madrid, 1954). / H. E. Wethey, Alonso Cano pintor (Madrid, 1958).

canon

Procédé de composition polyphonique et forme musicale reposant sur le principe de l’imitation stricte, qui consiste à reproduire sans le modifier, successivement dans chaque voix, le même dessin mélodique et rythmique, à des intervalles de temps et de hauteur déterminés.


On désigne par « antécédent » la partie qui énonce le canon, et par « conséquent » celles qui l’imitent. L’aspect le plus populaire de cette forme se trouve dans le canon circulaire, ou sans fin (exemple : Frère Jacques). Ce modèle se fait à l’unisson, mais il existe des canons à tous les intervalles (exemple : J.-S. Bach, Variations Goldberg). Quatre espèces de canons, issus du canon à l’intervalle, figurent dans les ressources de l’écriture contrapuntique.

• Les canons à transformation mélodique : a) le canon par mouvement contraire, dans lequel le conséquent fait entendre le renversement de l’antécédent (exemple : J.-S. Bach, Variations Goldberg, no 12) ; b) le canon rétrograde, dans lequel le conséquent remonte par la fin la voix de l’antécédent, tandis que celui-ci progresse normalement (exemple : J.-S. Bach, Offrande musicale) ; c) le canon par mouvement contraire et rétrograde, qui mêle les deux types précédents.

• Les canons à transformation rythmique, canons par diminution ou augmentation, où les valeurs du conséquent sont de moitié plus brèves ou plus longues que celles de l’antécédent (exemple : J.-S. Bach, Art de la fugue, canon par augmentation et mouvement contraire).

• Les canons à transformation harmonique, où l’antécédent conclut un ton au-dessus du ton initial (exemple : J.-S. Bach, Offrande musicale, canon « per tonos »).

• Les canons polymorphes, qui superposent plusieurs canons différents, et qui présentent des antécédents, donc des conséquents, à deux ou trois voix. De tels canons doubles ou triples montrent les prouesses contrapuntiques des musiciens du Moyen Âge et de la Renaissance (exemple : chanson à 6 voix, en triple canon, de Josquin Des Prés : Baises moy, ma doulce amye). J.-S. Bach illustre, dans sa musique d’orgue, l’héritage du passé (exemple : Orgelbüchlein, choral « Christus, der uns selig macht », en double canon). Couperin, Haydn, Mozart, Beethoven et Schönberg se sont divertis en composant des canons humoristiques ou sérieux, pour la solution desquels il faut résoudre l’énigme d’une notation volontairement mystérieuse. Schumann, Brahms, Franck et les romantiques, Berg et les dodécaphonistes ont utilisé les variétés du canon. Les musiciens contemporains, soucieux de prolonger la tradition médiévale, lui assurent ses lettres de noblesse (exemple : Dutilleux, Métaboles).

R. J.

 S. Jadassohn, Die Lehre vom Canon und von der Fuge (Leipzig, 1884). / B. Ziehn, Canonical Studies (Milwaukee, Wisconsin, 1912). / C. H. Kitson, Invertible Counterpoint and Canon (Londres, 1927).

canon

Arme à feu destinée à lancer des projectiles sur un objectif. Dans sa forme moderne, un canon peut être une pièce de campagne, l’arme d’un engin blindé, une arme antichar ou antiaérienne. Il comporte :
— un organe de lancement, la bouche à feu ;
— un élément assurant l’appui du matériel au sol ainsi que son déplacement, l’affût et son train de roulement, qui peuvent être tractés ou chenillés ;
— un organe rendant possible une cadence de tir rapide, le lien élastique ;
— un dispositif permettant de viser le but, l’appareil de pointage.



Description du canon

• Dans la bouche à feu, la déflagration d’une charge de poudre assure la mise en vitesse du projectile, qui est guidé dans l’âme pendant tout son parcours et généralement entraîné en rotation par des rayures inclinées dans le tube. On distingue de l’arrière vers l’avant :
— dans l’âme, la chambre à poudre, le cône de raccordement, le cône de forcement (où la ceinture du projectile est progressivement découpée) et la partie rayée. Le diamètre de l’âme entre les sommets des cloisons séparant les rayures est dit « calibre » de la bouche à feu ;
— à l’extérieur, le tonnerre, ou renfort, une partie intermédiaire et la volée, sur laquelle peut se monter un frein de bouche.

La culasse, qui assure la fermeture arrière, porte un obturateur, un appareil de mise de feu et des dispositifs de manœuvre et de sécurité. Elle peut être à coin vertical ou horizontal fonctionnant par coulissement ou à vis à filets interrompus. Elle se déverrouille alors en une fraction de tour, puis se dégage du tube en pivotant autour d’un axe vertical. Dans le premier cas, l’obturation est assurée au moyen d’une douille (v. projectile) ou d’un anneau obturateur ; dans le second, à l’aide d’un obturateur plastique qui s’écrase au tir par l’action des gaz sur une tête mobile. Une culasse à vis à filets excentrés, convenant aux munitions encartouchées, a été utilisée sur le 75 modèle 1897.

Au départ du coup, la bouche à feu recule dans une glissière liée à l’affût par des tourillons, qui permettent de donner au tube une inclinaison variable à l’aide d’un mécanisme de pointage en hauteur. Cet ensemble constitue la masse oscillante.