Bambaras (suite)
Le village
Le chef de village est toujours l’aîné des descendants du premier occupant de la terre. Pour cette raison, il est le « chef de la terre » : il veille au maintien de l’ordre public et à la concorde entre les familles ; il préside le tribunal coutumier, dont la tâche essentielle réside dans le règlement des différends fonciers et matrimoniaux ; il collecte les impôts, ordonne les festivités et célèbre les sacrifices à la terre et aux ancêtres. Il est entouré d’une assemblée constituée des chefs de famille et qui a droit de regard sur tous les aspects de la vie et de la communauté. La fonction de chef pour les Bambaras est d’abord et avant tout un sacerdoce.
Le kafu
Groupant cinq à dix villages frères d’une population d’environ 5 000 habitants, le kafu (ou kafou), qui a perdu toute influence politique à la suite de la colonisation, reposait sur le même système qui régit encore le village.
Pour ce qui est de l’organisation globale de la nation bambara, il ne survit plus rien du point de vue politique. Seules subsistent une certaine solidarité « raciale », nationale et une grande nostalgie des anciennes entités mythiques ou politiques.
Les coutumes et les croyances
Les entités socio-politiques sont toutes régies par les mêmes institutions (laada).
La fasiya, ce qui émane de la semence, de la race, de l’essence des pères, des ancêtres, est l’ensemble des acquis matériels, moraux et spirituels hérités des ancêtres.
Les rites sont très nombreux. Ils ont trait au mariage, à la naissance, à la circoncision et à l’excision, à la fécondité, aux funérailles, au culte des ancêtres, à la « purification » des choses et des êtres, et enfin à la terre, « mère nourricière ».
Les fraternités d’âge et les sociétés de culture ont un caractère initiatique et éducatif ainsi qu’un aspect paramilitaire.
Les sociétés d’initiation ont pour but d’instruire et d’éduquer l’homme. À la fois cultuelles et culturelles, ces sociétés d’initiation, appelées à tort sociétés secrètes, dispensent, à qui le désire, leur enseignement sur les plans théologique et philosophique.
La pensée bambara repose sur la croyance en un Dieu créateur unique qui pensa dans et par son esprit les choses et les êtres avant de les réaliser dans la matière primordiale, le « néant initial ». D’où la présence partout et en tout de cet esprit créateur.
Celui-ci porte deux cent soixante-six noms et attributs sacrés, qui connotent ses actes et les grandes étapes de la création. On retrouve le même nombre de jours que totalisent les neuf mois lunaires nécessaires à la conception de l’enfant, qui correspond à autant d’attributs divins et de symboles. Cet ensemble constitue un système cosmogonique et une métaphysique fondée sur l’interrelation fondamentale entre toutes les catégories composant notre univers. Le maintien de cette connexion, c’est-à-dire de l’harmonie universelle, revient sur la terre à des personnalités mythiques, telle Faro ou Ba-Faro, la « mère parfaite, la reine des eaux », qui préside à tous les cultes bambaras.
Y. C.
➙ Afrique noire / Mali.
L. Tauxier, la Religion bambara (P. Geuthner, 1927). / G. Dieterlen, Essai sur la religion bambara (P. U. F., 1951). / V. Paques, les Bambara (P. U. F., 1954). / D. Zahan, Sociétés d’initiation bambara (Mouton, 1960) ; la Dialectique du verbe chez les Bambara (Mouton, 1963).