Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bambaras (suite)

Le village

Le chef de village est toujours l’aîné des descendants du premier occupant de la terre. Pour cette raison, il est le « chef de la terre » : il veille au maintien de l’ordre public et à la concorde entre les familles ; il préside le tribunal coutumier, dont la tâche essentielle réside dans le règlement des différends fonciers et matrimoniaux ; il collecte les impôts, ordonne les festivités et célèbre les sacrifices à la terre et aux ancêtres. Il est entouré d’une assemblée constituée des chefs de famille et qui a droit de regard sur tous les aspects de la vie et de la communauté. La fonction de chef pour les Bambaras est d’abord et avant tout un sacerdoce.


Le kafu

Groupant cinq à dix villages frères d’une population d’environ 5 000 habitants, le kafu (ou kafou), qui a perdu toute influence politique à la suite de la colonisation, reposait sur le même système qui régit encore le village.

Pour ce qui est de l’organisation globale de la nation bambara, il ne survit plus rien du point de vue politique. Seules subsistent une certaine solidarité « raciale », nationale et une grande nostalgie des anciennes entités mythiques ou politiques.


Les coutumes et les croyances

Les entités socio-politiques sont toutes régies par les mêmes institutions (laada).

La fasiya, ce qui émane de la semence, de la race, de l’essence des pères, des ancêtres, est l’ensemble des acquis matériels, moraux et spirituels hérités des ancêtres.

Les rites sont très nombreux. Ils ont trait au mariage, à la naissance, à la circoncision et à l’excision, à la fécondité, aux funérailles, au culte des ancêtres, à la « purification » des choses et des êtres, et enfin à la terre, « mère nourricière ».

Les fraternités d’âge et les sociétés de culture ont un caractère initiatique et éducatif ainsi qu’un aspect paramilitaire.

Les sociétés d’initiation ont pour but d’instruire et d’éduquer l’homme. À la fois cultuelles et culturelles, ces sociétés d’initiation, appelées à tort sociétés secrètes, dispensent, à qui le désire, leur enseignement sur les plans théologique et philosophique.

La pensée bambara repose sur la croyance en un Dieu créateur unique qui pensa dans et par son esprit les choses et les êtres avant de les réaliser dans la matière primordiale, le « néant initial ». D’où la présence partout et en tout de cet esprit créateur.

Celui-ci porte deux cent soixante-six noms et attributs sacrés, qui connotent ses actes et les grandes étapes de la création. On retrouve le même nombre de jours que totalisent les neuf mois lunaires nécessaires à la conception de l’enfant, qui correspond à autant d’attributs divins et de symboles. Cet ensemble constitue un système cosmogonique et une métaphysique fondée sur l’interrelation fondamentale entre toutes les catégories composant notre univers. Le maintien de cette connexion, c’est-à-dire de l’harmonie universelle, revient sur la terre à des personnalités mythiques, telle Faro ou Ba-Faro, la « mère parfaite, la reine des eaux », qui préside à tous les cultes bambaras.

Y. C.

➙ Afrique noire / Mali.

 L. Tauxier, la Religion bambara (P. Geuthner, 1927). / G. Dieterlen, Essai sur la religion bambara (P. U. F., 1951). / V. Paques, les Bambara (P. U. F., 1954). / D. Zahan, Sociétés d’initiation bambara (Mouton, 1960) ; la Dialectique du verbe chez les Bambara (Mouton, 1963).

Bamilékés

Groupe de populations habitant le sud du Cameroun.



L’environnement

Le groupe de populations englobées sous le vocable administratif bamiléké occupe dans le sud du Cameroun un haut plateau de 1 500 m d’altitude moyenne sur une surface de 4 000 km2 environ. À l’intérieur de ce périmètre, la population totale est évaluée à 500 000 personnes environ. Le système agraire est fondé sur la division permanente du sol entre les individus et sur l’association de l’agriculture et de l’élevage par un réseau de clôtures ; ce système, dans le sud du Cameroun, ne rencontre des conditions écologiques favorables qu’en altitude. En pleine expansion démographique, les Bamilékés émigrent en grand nombre, principalement vers les villes du sud du Cameroun, où leur activité dominante est le commerce.


Le système social

Les habitants de chaque groupement se définissent par rapport au chef. Ils sont divisés en trois catégories : 1o les descendants du chef ; 2o les serviteurs ou les héritiers de serviteurs du chef ; 3o les simples habitants.

Ces catégories ne constituent pas des castes : c’est ainsi que des descendants du chef épousent des filles de serviteurs. La qualité de serviteur du chef est regardée comme honorable et place au-dessus du simple habitant.


Les notables

Il existe chez les Bamilékés deux catégories de dignitaires : notables « fils de chef » et notables serviteurs. Mais, on ne peut pas dire qu’il existe une noblesse : la considération ne s’attache qu’à la personne du détenteur du titre. Ses descendants, à l’exception de son héritier, se retrouveront placés sur le même plan que les simples habitants.

Les notables « fils de chefs » reçoivent des titres qu’ils doivent à leur naissance, mais surtout à un choix. Parmi ses très nombreux frères, chaque chef nouvellement nommé choisit un adjoint notamment, dont le titre se transmettra à ses héritiers successifs.

Les notables serviteurs reçoivent des titres en rapport avec leurs services et qui se transmettront également d’héritier en héritier.

Mais la dignité ainsi accordée n’est pas chose figée. La considération qui s’y attache dépend, dans une large mesure, de la personnalité du détenteur, de son activité, de sa richesse. En fait, loin d’être combattue par la coutume, la mobilité sociale constitue la raison d’être et, si l’on peut dire, le moteur de l’ensemble du système d’institutions des Bamilékés. La promotion personnelle est ouverte à tous, dans le cadre des sociétés coutumières de la chefferie.