Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
Z

Zaïre (suite)

Les besoins en énergie ne peuvent être couverts ni par le charbon, dont il n’existe que deux petits gisements au Shaba, ni par les hydrocarbures (schistes bitumineux dans la région côtière). Mais le potentiel hydroélectrique est estimé à 100 000 MW. Une trentaine de centrales, dont certaines sont de grande taille, utilisent les chutes naturelles et les rapides ; la plus grande partie de la production (environ 3,5 TWh) est absorbée par l’industrie ; mais la consommation urbaine exige de nouveaux équipements. L’aménagement du site d’Inga, sur le Zaïre inférieur, se fera par étapes et permettra l’installation progressive d’un complexe industriel ; la première tranche, de 300 MW, fonctionne depuis 1972.

Usines et ateliers se sont multipliés au Zaïre depuis 1920, mais le mouvement s’est accéléré surtout après 1945 ; il ne semble pas avoir beaucoup souffert des événements de 1960 à 1966. L’industrialisation bénéficiait à la fois d’une grande abondance de certaines matières premières et d’un marché intérieur plus vaste que celui de bien des pays africains. Le développement s’est donc orienté dans deux directions. L’extraction et l’enrichissement des divers minerais constituent une sorte d’enclave économique. Localisés dans le Sud-Est, les établissements produisent pour exporter vers l’Europe, et les métaux en lingots ne font guère que transiter par les voies ferrées et les voies d’eau vers les ports nationaux et étrangers. Seule une très faible partie est travaillée sur place, surtout à Lubumbashi et à Likasi (Jadotville). La fourniture des produits de grande consommation est concentrée pour l’essentiel à Kinshasa, le reste se trouvant dans les autres grandes villes (Lubumbashi, Kisangani). Échappent à ce regroupement les industries agricoles telles que les huileries, les sucreries (45 000 t), les minoteries (de maïs, de manioc), qui se dispersent sur les plantations et dans les régions productrices, et aussi une partie des scieries (celles qui se trouvent près des chantiers forestiers).

Les difficultés de la dernière décennie en matière d’importations, certaines mesures protectionnistes ont eu pour effet de stimuler une production qui devait répondre à une demande intérieure croissante (inflation monétaire). Les branches les plus développées sont celles de l’alimentation (matières grasses, sucre, farines, biscuiterie, boissons [4 Mhl de bière]), des textiles, qui ont vu se constituer de véritables complexes à intégration verticale (filature, tissage, confection, bonneterie, etc.) et de la chaussure (7 200 000 paires en 1972). L’industrie chimique est en partie liée au traitement des minerais (acide sulfurique, explosifs), mais comprend aussi le raffinage du pétrole (capacité de 1 300 000 t, production de 750 000 t), des fabriques de gaz liquide, de peinture, de savon, d’objets en matière plastique. La petite métallurgie fournit une gamme très large de produits, des chalands et des réservoirs aux clous et aux petits outils. Des chaînes installées récemment montent des postes de radio, des cycles, des camions. Enfin, les cimenteries ont une capacité de production (600 000 t) qui dépasse les besoins actuels. Le dynamisme économique est remarquable ; encouragés par un retour à la stabilité politique et par une conjoncture internationale favorable, les investissements étrangers se multiplient, favorisant un rétablissement rapide de la situation.

Un secteur de l’économie reste cependant déficient : celui des transports. Le réseau routier (140 000 km) est très dégradé, à l’exception de quelques axes bitumés (Kinshasa-Matadi, Lubumbashi-Kolwezi). Chemins de fer (5 200 km) et voies d’eau (16 000 km) avaient été conçus avant tout en fonction des exportations de matières premières. Les premiers conduisent donc directement aux ports étrangers les plus proches (Lobito et Beira) ou complètent le réseau navigable : bretelles aboutissant aux points d’embarquement ou tronçons évitant les rapides. L’équipement est inégal : si une partie est électrifiée, une autre partie est à voie étroite (0,60 m pour la société des chemins de fer vicinaux du Zaïre « Vicizaïre »). Les deux lignes les plus actives sont celles évacuant le minerai du Shaba (avec un trafic de l’ordre de 5 Mt), et du C. F. M. K. (Matadi-Kinshasa), 1,8 Mt. Quant à la grande voie d’eau du Zaïre et de ses affluents, elle n’a pas encore retrouvé son activité antérieure à 1960 : le port de Kinshasa a un trafic proche du million de tonnes contre 1 600 000 t en 1959. Un problème assez sérieux est posé par la prolifération de la jacinthe d’eau, contre laquelle la lutte est difficile. Un projet de voie ferrée prolongeant le K. D. L. jusqu’à Kinshasa ou Inkisi réduirait, s’il était réalisé, la dépendance du Zaïre vis-à-vis de ses voisins. Les transports aériens ont connu un essor considérable, mais ils ne jouent encore qu’un rôle économique restreint.

Il est indiscutable que le Zaïre dispose d’excellents atouts dans ses efforts de développement : sa production agricole est très diversifiée, et il peut encore l’accroître. Les ressources naturelles sont abondantes, et l’État contrôle aujourd’hui leur mise en exploitation. Le Zaïre suffit aujourd’hui à une partie non négligeable de ses besoins intérieurs grâce à une industrialisation assez poussée. Son commerce extérieur, étant nettement excédentaire (40 millions de zaïres en 1972), assure une bonne réserve de devises. Il demeure encore quelques contraintes : celle de la distance, qui pèse sur le coût des transports ; celles du sous-peuplement et surtout d’une inégale répartition des hommes ; celle, enfin, d’une urbanisation trop rapide, génératrice de déséquilibre économique et de chômage.

P. V.

➙ Afrique / Afrique noire / Kinshasa / Shaba.


Histoire


Le Congo léopoldien

C’est au cours de la conférence de Berlin, réunie de novembre 1884 à février 1885, que Léopold II*, roi des Belges, obtint des puissances la reconnaissance d’une immense possession personnelle dans le bassin du Congo. Ce succès sanctionnait des projets africains qui remontaient à 1875. Afin de s’établir en Afrique tropicale, Léopold II, après avoir organisé la Conférence internationale de géographie en 1876, avait obtenu la constitution d’une Association internationale africaine (A. I. A.) chargée d’installer des stations « scientifiques et hospitalières », puis, en 1878, celle d’un Comité d’études du Haut-Congo, également intéressé à la prospection commerciale et placé sous la direction de Stanley*, de retour de sa grande traversée d’Afrique. En janvier 1879, celui-ci repartit pour le compte du Comité, que Léopold II transforma en une Association internationale du Congo, dont il avait le contrôle total ; plus de quatre cents traités, qu’il fallait faire reconnaître, furent passés par Stanley et ses successeurs, Edmond Hanssens (1843-1884), Alphonse Van Gele (1848-1939).