Autun (suite)
L’histoire des siècles suivants se ramène à un inventaire de sièges et de prises d’assaut par des Barbares de toute origine : Huns et Burgondes au ve s., Francs au vie s., Arabes au viiie s., Normands au ixe s. Entre-temps, les progrès du christianisme avaient été rapides : Autun fut évangélisée de bonne heure (martyre de saint Symphorien en 179) ; son évêque Syagrius reçut le pallium en 599. Au xe s., les reliques de Lazare firent d’Autun un lieu de pèlerinage.
À la fin du ixe s., il y eut des comtes d’Autun ; puis le comté fut absorbé par le duché de Bourgogne, dont Autun fut la première capitale. Le duc était représenté à la tête de la ville par le vigier, désigné par les habitants à partir de 1481 et dont la fonction subsista jusqu’en 1692. L’agglomération autunoise était partagée en deux quartiers : celui de Marchaux, autour de l’ancien forum, et celui du château ; ils étaient séparés par un vaste champ de foire. La ville se releva si difficilement des ruines causées par la guerre de Cent Ans que François Ier s’en émut et fit bâtir une nouvelle enceinte. Prenant parti pour la Ligue, les Autunois résistèrent au siège entrepris par le maréchal d’Aumont en 1591. Autun fut, durant les premières décennies du xixe s., un relais de poste important.
R. H.
Autun, ville d’art
Toutes les tours de l’enceinte romaine ont disparu, mais deux de ses portes subsistent. La porte d’Arroux, faite de gros blocs de calcaire oolithique assemblés à joints vifs, est percée de quatre arcades, au-dessus desquelles règne une galerie ornée de pilastres cannelés à chapiteaux corinthiens ; la porte Saint-André est encore flanquée de l’un de ses deux corps de garde (il aurait été très anciennement converti en église sous le vocable de l’apôtre). Adossé au coteau, le théâtre, bien conservé jusqu’à la fin du xviie s., puis enseveli sous des éboulis de terrain, a été déblayé. De l’immense amphithéâtre, il ne reste que quelques bancs de la promenade des Marbres. Vestige du sanctuaire d’une divinité inconnue, dont elle constituait la cella centrale, la tour carrée dite « temple de Janus » se dresse à l’ouest de la porte d’Arroux, tandis qu’au sud-est de la ville la Pyramide funéraire de Couhard domine le champ des Urnes, cimetière installé selon l’usage antique en bordure d’une grande voie.
La cathédrale, dédiée à saint Lazare, fut commencée vers 1120, consacrée en 1132 par le pape Innocent II et complètement achevée vers 1140. On y retrouve, très vivace, le souvenir des monuments romains : les piliers sont cantonnés de pilastres cannelés, et l’arcature aveugle qui se développe entre les grandes arcades en tiers point et les fenêtres hautes reproduit la galerie qui couronne la porte d’Arroux. En 1178, on établissait en avant du grand portail un porche réservé aux lépreux ; vers 1294, des arcs-boutants consolidaient les murs latéraux. Au xve s., le cardinal Rolin fit procéder à divers embellissements : clocher gothique remplaçant la tour romane frappée par la foudre, chapelles latérales, tribune d’orgue et jubé (démoli en 1748). La cathédrale fut restaurée à partir de 1843. Son grand portail, avec l’immense et tragique tympan du Jugement dernier, est une des plus belles œuvres de l’art bourguignon ; il est signé du sculpteur Gislebertus, auteur probable d’un grand nombre des chapiteaux de l’église. Le musée Rolin abrite d’importantes collections, parmi lesquelles les restes de l’imposant « tombeau de saint Lazare » (dernier tiers du xiie s.) et ces deux joyaux que sont la célèbre Eve provenant du portail nord de la cathédrale et l’émouvante Nativité du Maître de Moulins.
M. B.
L. Morel, Autun la romaine et ses sites (Taverne et Chandioux, Autun, 1937). / D. Grivot et G. Zarnecki, Gislebertus, sculpteur d’Autun (Éd. Trianon, 1960 ; 2e éd., 1965). / R. Baschet, Autun, ville d’art (Nouv. Éd. latines, 1961). / D. Grivot, Autun (Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1962) ; Autun, histoire et guide de la ville (Lescuyer, Lyon, 1968).