Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

activité économique (suite)

Les notions de branche et de secteur d’activité

En comptabilité économique française, le secteur regroupe toutes les entreprises qui ont la même activité principale : une entreprise fabriquant des rasoirs mécaniques et des stylos à bille apparaît dans la rubrique « constructions mécaniques » si le chiffre d’affaires des rasoirs est le plus important. À cette notion de secteur se juxtapose celle de branche, qui regroupe la part de toutes les entreprises produisant un bien ou service donné ; on retrouve ainsi dans la branche « produits chimiques organiques » la part du chiffre d’affaires d’une entreprise de chimie qui relève de la chimie organique.

La notion de branche a une importance particulière, dans la mesure où elle permet la constitution d’un tableau d’échanges interindustriels, c’est-à-dire un tableau carré, qui permet, d’une part, d’énumérer les branches consommatrices d’un produit i donné et, d’autre part, de savoir de quelles branches viennent les produits nécessaires à la production de ce produit i. Ce tableau permet d’estimer l’influence d’une variation d’activité d’une branche donnée sur une autre branche, dans la mesure où la consommation d’un produit de la branche i par la branche j reste constante.

A. B.

 C. Clark, The Conditions of Economic Progress (Londres, 1940 ; 3e éd., 1957 ; trad. fr. les Conditions du progrès économique, P. U. F., 1960). / J. Fourastié, le Grand Espoir du xxe siècle (P. U. F., 1949, nouv. éd., 1958). / I. N. S. E. E., Méthodes de la comptabilité nationale (P. U. F., « Études et conjonctures », mars 1966).

acupuncture

Méthode thérapeutique d’origine chinoise, qui consiste à implanter des aiguilles en certains points du corps.


Elle fut introduite en France par George Soulié de Morant. Ce sinologue, lors de son séjour à Shang hai (Chang-hai), traduisit en français des documents chinois traitant de l’acupuncture, entre autres le Nei jing (Nei king), considéré comme le plus ancien ouvrage de médecine qui fut publié à la fin de la dynastie des Zhou (Tcheou) et au début des Qin (Ts’in) [iiie s. av. J.-C.] et dont la rédaction initiale remonterait au xviiie s. av. J.-C.

L’acupuncture est enseignée dans des écoles privées à Paris (associations d’acupuncture diverses). Une Société internationale d’acupuncture a été fondée par le docteur R. de La Fuÿe ; elle a Paris pour siège et regroupe les diverses sociétés nationales des pays du monde entier. Il y a environ deux cents médecins qui pratiquent l’acupuncture en France.

Cette méthode thérapeutique utilise le plus souvent des aiguilles implantées en des points déterminés (jue [tsiue]) de la surface cutanée qui se trouvent situés sur des lignes hypothétiques appelées jing (king) ou méridiens, au nombre de douze, et les vaisseaux extraordinaires (mo), au nombre de huit, par où circulerait l’énergie vitale qi (ts’i).

La pensée chinoise est dominée par la notion d’alternance : la lumière et l’obscurité, le temps froid et humide s’opposant aux jours ensoleillés et secs, le ciel s’opposant à la terre, le soleil à la lune, etc. Ces oppositions étant caractérisées par les dénominations yang et yin. Par exemple, le soleil est yang parce qu’il est source d’énergie, alors que la lune est yin. Cette dualité est illustrée par le symbole sacré Dao (Tao), la partie blanche étant le yang et la partie sombre le yin. On remarque dans chaque région une réminiscence du principe opposé, figurée par un petit cercle clair dans la région sombre et inversement. Cette notion d’équilibre du yang et du yin est l’élément fondamental des conceptions chinoises réglant la morale, la science, la philosophie et la médecine. C’est la représentation synthétique de l’oscillation universelle, la loi unique du Dao.

Pour les Chinois, la matière est constituée de cinq éléments — le feu, le bois, le métal, la terre et l’eau — et du signe yang ou yin, qui prédomine dans chacun d’eux.

L’acupuncture n’est qu’une partie de la médecine chinoise et est utilisée comme méthode prophylactique plus que comme méthode curative par les Chinois. L’activité des organes internes est détectée par les « pouls chinois », qui permettent de percevoir l’état de ces organes. L’étude des pouls chinois est pratiquée couramment en Extrême-Orient, mais elle est contestée par certains acupuncteurs occidentaux. Elle se fait en plusieurs endroits du corps, mais, le plus souvent, les pouls se recherchent dans les gouttières radiales droite et gauche, selon une technique précise. Il existe douze pouls palpables, six superficiels (yang) et six profonds (yin), correspondant aux douze méridiens.

Les acupuncteurs utilisent des aiguilles pour « poncturer » (piquer) les points indiqués ; primitivement, ils se servaient d’épines de bois, puis de silex ; actuellement, les aiguilles sont métalliques (de métal jaune [or, cuivre], d’action tonifiante, ou de métal blanc [argent, acier], d’action sédative), leur longueur variant de 1 à 2,5 cm. Certains acupuncteurs utilisent des moxas ; ce sont des cautères en bois mis en ignition (armoise), utilisés surtout chez les malades affaiblis. Il est possible d’utiliser le massage chinois, technique recommandée pour des régions très douloureuses ou chez des personnes ne supportant pas les piqûres.

Pour les Chinois anciens, la maladie réside dans le déséquilibre de l’énergie, dans l’opposition entre l’excès ou l’insuffisance d’énergie pour un même symptôme matériel ou moral, dans l’opposition entre l’aspect yin ou yang d’une même maladie (Soulié de Morant), ce qui différencie la conception même de la maladie en Extrême-Orient et en Occident. Aussi, le médecin chinois peut-il prévenir grâce à l’acupuncture des troubles qui n’ont encore été ressentis.

Les indications de l’acupuncture en Occident sont du domaine des troubles fonctionnels et de la médecine psychosomatique. Les spasmes viscéraux, les inflammations des muqueuses, des douleurs diverses, certains troubles neurovégétatifs, la névrose d’angoisse, la psychasthénie, l’insomnie, l’agoraphobie, etc., sont traités avec succès dans un grand nombre de cas.

W. B.