auscultation (suite)
• En troisième et dernier lieu doit être envisagée l’apparition de bruits adventices. Il en est ainsi des frottements secs et humides, dus à la présence de fausses membranes à la surface des feuillets de la plèvre et appartenant aux pleurésies. De même, les râles peuvent être secs ou humides. Les premiers sont des râles ronflants, ou sibilants (rencontrés dans l’asthme), les seconds sont des râles crépitants (comparés par Laennec « aux bruits du sel que l’on fait crépiter à une chaleur douce dans une bassine »), éclatant sous l’oreille en fin d’inspiration et observés principalement lors des pneumopathies aiguës, et des râles sous-crépitants, perçus aux deux temps de la respiration, témoins de bronchopneumopathies. Tels sont les principaux éléments qui peuvent être appréciés par l’auscultation pulmonaire. Il est à noter que celle-ci, jointe à la percussion, permet de reconnaître dans les hydropneumothorax la succussion hippocratique (bruit entendu à l’auscultation en secouant le malade).
Auscultation du cœur
L’auscultation cardiaque permet de reconnaître les bruits normaux : premier bruit maximal à la pointe, suivi du petit silence, ou systole, deuxième bruit maximal à la base, suivi du grand silence, ou diastole. Elle décèle également les anomalies d’intensité (par exemple assourdissement des bruits au cours de péricardites, ou son éclatant et métallique du deuxième bruit à la base [appelé clangor]), de timbre et de rythme. Le dédoublement des bruits est surtout le fait du deuxième bruit du cœur (claquements des valvules de l’aorte et de l’artère pulmonaire, qui doivent se faire ensemble). Les bruits surajoutés consistent en frottement péricardique, en bruit de galop, signe d’insuffisance cardiaque, en roulement diastolique, traduisant un rétrécissement mitral, et en souffle systolique ou diastolique, témoin d’insuffisance mitrale ou aortique. Les bruits normaux ou anormaux peuvent être enregistrés sur bandes de papier (phonocardiogramme), l’enregistrement se déroulant simultanément avec celui de l’électrocardiogramme. Les anomalies cardiaques sont les plus intéressantes à étudier par ce procédé.
Les bruits du cœur du fœtus sont auscultés à travers la paroi abdominale de la mère, grâce à un stéthoscope rigide.
Auscultation des vaisseaux
Il reste à mentionner l’auscultation des vaisseaux périphériques, intéressante en cas d’anévrismes artériels ou artério-veineux et de thrombose des gros vaisseaux (carotide), l’auscultation de l’abdomen, permettant parfois d’entendre des souffles d’origine tumorale ou anévrismale, enfin l’auscultation du crâne, percevant le souffle de certains anévrismes cirsoïdes.
M. R.
Les initiateurs de l’auscultation
Gaspard Laurent Bayle,
clinicien et anatomo-pathologiste français (Vernet, Provence, 1774 - † 1816). Contemporain de Laennec, il fut le premier à pratiquer l’auscultation du cœur en vue d’en diagnostiquer les maladies ; c’est toutefois dans le domaine des maladies pulmonaires qu’il fit le plus progresser les connaissances médicales, en publiant en 1810 ses Recherches sur la phtisie galopante.
René Laennec,
v. l’article.