Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Aunis, Saintonge et Angoumois (suite)

Derrière ce solide front de mer, la construction pacifique peut reprendre au xviiie s. Elle est d’abord religieuse : en dehors des initiatives des Jésuites, les deux entreprises majeures seront les nouveaux bâtiments (seconde moitié du siècle) de l’abbaye bénédictine de Saint-Jean-d’Angély, fondée au ixe s., et la cathédrale de La Rochelle, œuvre des Gabriel*.

Elle est ensuite civile : La Rochelle vit une période faste, beaucoup plus que l’Angoumois. Le palais de justice et l’hôtel de la Bourse expriment la distinction du goût Louis XVI ; de nombreux hôtels particuliers rivalisent avec les résidences bordelaises. À la campagne, les châteaux de Buzay, de Plassac (œuvre de Victor Louis [1731 - v. 1811]), témoignent d’un raffinement qui ne résistera pas à la Révolution et à l’Empire.

Les seules figures qui émergent au xixe s. sont celles du peintre orientaliste Eugène Fromentin (1820-1876) et de Chassériau*, né à Saint-Domingue d’une mère rochelaise. La reconstruction de Royan, après les combats de 1944-45, a permis à l’architecte Guillaume Gillet (né en 1912) de dessiner une église qui marque dans l’esthétique contemporaine.

F. E.

➙ Guyenne et Gascogne / Poitou.

 L. Papy, H. Enjalbert, F. de Vaux de Foletier, H. Talvart, M.-L. Saravas et P. Moisy, Visages de l’Aunis, de la Saintonge et de l’Angoumois (Horizons de France, 1952). / C. Connoué, les Églises de Saintonge (R. Delavaud, Saintes, 1959-1961 ; 5 vol.). / L. Papy, Aunis et Saintonge (Arthaud, Grenoble, 1961). / C. Daras, Angoumois roman (Zodiaque ; La Pierre-qui-Vire, 1962). / F. Eygun, Arts des pays d’Ouest (Arthaud, 1966). / J.-M. Deveau, Histoire de l’Aunis et de la Saintonge (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1974).

Jalons historiques

507 :

après Vouillé, Clovis intègre l’Aunis et la Saintonge au royaume franc.

xiie s. :

ces provinces passent progressivement dans la mouvance anglaise.

1371-1375 :

elles font définitivement retour à la France, ainsi que l’Angoumois.

xvie s. :

elles constituent un fief de la puissance protestante en France.

1628 :

la prise de La Rochelle par Richelieu marque le début de l’emprise totale de la royauté sur ces provinces.

Aurélien

En lat. Lucius Domitius Aurelianus (v. 214-275), empereur romain de 270 à 275.



Le pourfendeur des Barbares

Né soit près de Sirmium, en Pannonie, soit en Mésie, il était le fils d’un colon d’Illyrie et d’une prêtresse du Soleil. Officier, il était admiré pour son courage : on l’appelait Main à l’épée (Manus ad ferrum). Des chansons de soldats célébraient ses succès. Sa sévérité était familière aux soldats : « Tiens le soldat, disait-il, que personne ne vole un poulet, un mouton, une grappe... »

En 240, il était aux prises avec les Francs dans la région de Mayence. Il battit les Goths en 257-258, et de nouveau en 269, où il en fit un grand carnage dans les montagnes de l’Haemus (Balkan). À la mort de l’empereur Claude II le Gothique, il fut porté au pouvoir par ses soldats, alors que le sénat désignait le frère de Claude, Quintillus. Celui-ci ne tarda pas à mourir : on raconta qu’il s’était ouvert les veines pour laisser la place à un homme de plus grande valeur que lui (270).

En même temps que la pourpre, Aurélien acquérait un empire menacé de toutes parts par les envahisseurs. Sitôt proclamé, il fit part de ses intentions résolues : « J’ai de l’or pour mes amis et du fer pour mes ennemis. » Il partit en guerre contre les Juthunges, groupe de tribus germaniques qui déferlaient dans la Cisalpine, où elles atteignaient Vérone. Il les prit à revers et les contraignit à négocier.

Peu après, les Vandales envahirent la Pannonie ; Aurélien leur coupa les vivres en ramenant le bétail et les récoltes dans les villes fortifiées. Les Vandales livrèrent des otages et fournirent des cavaliers auxiliaires à l’armée romaine. D’autres Barbares, les Alamans, apparurent à leur tour en Italie. Aurélien tenta, mais en vain, de les prendre à revers, et les troupes romaines, attaquées par surprise près de Plaisance, furent battues. La nouvelle de la défaite sema la panique en Italie. On consulta les livres Sibyllins, on célébra une procession expiatoire autour de la ville de Rome, on fit des sacrifices. Les Barbares, qui s’étaient éparpillés et n’avaient pas su exploiter leur avantage, furent battus à Fano et à Pavie (271).

La bataille de Plaisance eut comme conséquence la construction d’un rempart pour protéger Rome ; une nouvelle ligne de fortifications, englobant la totalité de l’agglomération, fut édifiée en peu d’années. Avec 19 km de longueur, 8 à 16 m de hauteur, c’est la plus importante enceinte fortifiée de l’Empire romain.


L’unificateur de l’Empire

Les plus mémorables campagnes du règne furent dirigées contre le royaume de Palmyre. Cet État vassal avait étendu son territoire et ses prétentions aux dépens de l’Empire. Ses souverains, Vaballath et Zénobie, s’étaient mis à frapper des monnaies où ils se qualifiaient d’Augustus et d’Augusta. Aurélien partit en campagne en 271. Il battit les Goths en Dacie, et tua leur roi Cannabas. La ville de Tyane ferma ses portes devant lui, mais elle échappa au pillage par égard pour la mémoire du thaumaturge local Apollonios.

À Antioche, Aurélien trancha avec sagesse le différend qui opposait l’hérésiarque Paul de Samosate à son successeur orthodoxe au siège épiscopal, Domnus. Après des combats à Daphné et près d’Émèse, et une difficile traversée du désert, Palmyre fut prise sans peine. La reine Zénobie, capturée, accusa ses conseillers de l’avoir poussée à la révolte contre Rome. Parmi ceux-ci, qui furent exécutés, figurait le rhéteur Longin (273). Quelques mois plus tard, Palmyre se révoltait de nouveau, et Alexandrie suivait son exemple. L’empereur revint à marches forcées, entra sans combat dans Palmyre, qu’il laissa saccager par les soldats : la ville ne s’en releva jamais.

Le dernier adversaire, l’empereur des Gaules Tetricus, préféra renoncer à la lutte, malgré l’importance de ses troupes (Châlons, 273 ou 274). La Gaule ne capitula pas aussi vite que son empereur : il fallut châtier Trèves et Lyon, puis expulser les Barbares, qui avaient profité des circonstances pour se répandre partout.

Aurélien laissa la vie à Tetricus et à Zénobie. Mieux : Tetricus se vit attribuer de hautes fonctions, et Zénobie put couler des jours paisibles dans une villa de Tivoli, après que tous deux eurent figuré au triomphe impérial de 274.