Scythes (suite)
En Russie du Sud, les Scythes sédentaires habitaient des villages ou des villes. Les vestiges de diverses vastes agglomérations ont été explorés. Le village de Kamenskoïe (auj. Dnieprodzerjinsk), près de Nikopol, sur le Dniepr, comportait surtout, derrière un rempart de terre, des maisons ovales de bois et d’argile. Neapolis (près de Simferopol, Crimée), capitale des Scythes royaux (iiie s.), comportait des édifices publics de pierre, et on y pratiquait l’artisanat : les témoignages de l’adoption d’une partie de la civilisation grecque coexistent avec l’attachement traditionnel à la chasse et à la nourriture carnée. Les viandes étaient cuites en ragoût dans des chaudrons. Le koumiss était déjà très apprécié.
À Pazyryk, le costume était composé de pantalons et de tuniques de cuir, dont la coupe pratique supportait de somptueuses broderies. Les bottes étaient de rigueur. Ainsi, ces peuples, que leur nomadisme ou leurs traditions nomades incitaient à s’encombrer le moins possible, plaçaient leur richesse dans leurs atours et leurs équipements.
Primitifs, ils étaient très superstitieux. Leurs sorciers pratiquaient la magie, leurs devins, probablement eunuques, prédisaient l’avenir. La principale divinité figurée sur les objets d’art — Tabiti, déesse du feu et peut-être des animaux — était déjà honorée en Russie du Sud avant leur venue. La Grande Déesse était également adorée. Il n’y avait ni autels, ni temples, ni lieux de culte consacrés, mais les sacrifices humains n’étaient pas rares. Les manifestations religieuses proprement dites semblent éclipsées par les honneurs rendus aux morts : les enterrements de chefs, décrits par Hérodote, étaient des cérémonies impressionnantes et sanglantes. À la fin de la cérémonie, les participants se droguaient au chanvre indien.
Les Scythes disparurent brutalement de l’histoire ; ils furent remplacés principalement par les Sarmates (iiie - iie s.), qui, meilleurs cavaliers (utilisant l’étrier), menacèrent souvent les frontières romaines. Leur art, très voisin de celui des Scythes, s’est attaché à la technique plus clinquante des émaux champlevés. Plus tard encore (xe s.), l’avènement du christianisme en Russie ne réussit pas à déraciner les traditions païennes qui remontaient à l’époque scythe et qui, comme le style animalier, se sont conservées longtemps chez les paysans russes.
R. H.
A. L. Mongait, l’Archéologie en U. R. S. S. (en russe, Moscou, 1955 ; trad. fr., Moscou, 1959). / T. T. Rice, The Scythians (Londres, 1957 ; trad. fr. les Scythes, Arrhaud, 1958). / S. I. Rudenko, la Culture des agglomérations de l’Altaï central (en russe, Leningrad, 1960). / E. D. Phillips, The Royal Hordes, Nomad Peoples of the Steppes (Londres, 1965 ; trad. fr. les Nomades de la steppe, Sequoia, 1966). / M. I. Artamonov, les Trésors d’art des Scythes (Gründ, 1968). / G. Charrière, l’Art barbare scythe (Cercle d’art, 1971). / L’Or des Scythes (Musées nationaux, 1975).