Saint-Vincent-de-Paul (Société de) (suite)
Le développement de la Société s’opère à un rythme d’abord lent, puis de plus en plus rapide. La première filiale de province est établie à Lyon en 1836, et la première filiale étrangère en Italie en 1842. À la fin de 1848, on compte 388 conférences, dont 282 en France, ce qui suppose un effectif de 8 000 à 10 000 membres actifs. Le rayonnement de la Société est alors considérable, car, si la visite des familles pauvres à domicile reste son moyen principal d’action, les conférences multiplient localement les œuvres charitables et sociales (patronages, écoles, cités ouvrières, réunions de formation, accueil des familles, centres de transit, réseaux de solidarité).
La Société groupe 50 000 membres en 1860, répartis en 2 500 conférences. Le duc de Persigny, qui accuse ses dirigeants d’esprit légitimiste, dissout le conseil général et les conseils provinciaux, qui ne sont reconstitués qu’en 1870. En 1913, on compte dans le monde 8 000 conférences avec un chiffre de 133 000 membres.
En 1973, la Société de Saint-Vincent-de-Paul regroupe 650 000 membres, hommes et femmes, jeunes et adultes, répartis en 109 pays (17 en Europe, 33 aux Amériques, 32 en Afrique, 27 en Asie). Si la visite à domicile des personnes à aider reste la forme primaire de l’activité de ses membres, cette activité s’oriente, dans un second temps, vers des domaines spécialisés, tels que l’agriculture, l’alphabétisation, la prise en charge des asociaux, des handicapés, des marginaux, des migrants... Cette action prend souvent — notamment dans les pays pauvres — la forme d’un projet d’autodéveloppement par « en bas » (self help project), destiné, au-delà d’un simple dépannage, à éviter le retour de la situation antérieure, à permettre aux personnes dans le besoin de s’aider elles-mêmes, le but étant prospectif et éducatif.
C’est dire que les vincentiens (membres de la Société) ont adapté l’idéal de leurs fondateurs aux nécessités et aux besoins du monde moderne. Lors de la 7e Assemblée plénière mondiale, qui s’est tenue à Dublin en septembre 1973 et où dominaient les représentants des pays non européens, ils ont redéfini leur vocation à la lumière des enseignements actuels de l’Église et doté leur mouvement d’une nouvelle charte, ou règle, chaque conseil national ayant la liberté de fixer son propre règlement.
Les conférences (qui se veulent des fraternités), tout en restant fidèles aux intentions premières de la Société, enracinées dans le message évangélique, et particulièrement au service direct des pauvres, se caractérisent à la fois comme une association pauvre — donc ne thésaurisant pas —, profondément fraternelle, une famille de laïques chrétiens, une société d’esprit jeune, en recherche perpétuelle d’adaptation, ouverte à l’œcuménisme, soucieuse de justice sociale, d’un devoir permanent vis-à-vis du développement solidaire de l’homme, le service du prochain étant sanctifié par une sorte de « sacrement » qui est l’approche du Christ souffrant présent dans les pauvres.
P. P.
➙ Catholicisme social / Église catholique ou romaine / Vincent de Paul (saint).
A. Foucault, la Société de Saint-Vincent de Paul (Spes, 1933). / Livre du centenaire de la Société de Saint-Vincent-de-Paul (Beauchesne, 1933-34 ; 2 vol.).