Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pueblos (suite)

La culture Anasazi apparaît très tôt, vers 100 av. J.-C. Vers 400 de notre ère, l’agriculture s’affirme, les établissements sont plus importants, et la céramique apparaît. Dès 700 commence la période dite « pueblo », qui durera jusqu’au xxe s. Les maisons se groupent en différentes unités familiales, agglomérées autour de la kiva, ou chambre cérémonielle. Les habitants travaillent le coton et ont domestiqué le dindon. Les morts ne sont plus enterrés sous les maisons, mais très peu de tombes ont été retrouvées.

Dès 1100, la civilisation pueblo est établie. Des sites comme Pueblo Bonito (Chaco Canyon, Nouveau-Mexique) en attestent la complexité. La vie sociale et religieuse s’organise autour des kivas. La situation du village, adossé à la falaise, ainsi que l’absence de portes et de fenêtres des habitations semblent prouver l’existence d’un danger permanent d’invasions guerrières. La poterie est à son apogée. À la même époque, à Mesa Verde (près de Durango, Colorado), les populations utilisent l’intérieur d’un grand abri naturel situé dans la falaise. Elles y construisent un énorme complexe de deux cents chambres en adobe (boue séchée au soleil) groupées autour de vingt-trois kivas, dominé par des tours dont l’utilisation n’a pas encore été déterminée. Il n’a été retrouvé de cimetières ni à Pueblo Bonito ni à Mesa Verde ; les seuls rituels funéraires attestés sont des crémations occasionnelles.

Au cours des ans, les populations Anasazi deviennent de plus en plus dépendantes de l’agriculture, donc du contrôle de l’eau. Le sol est aménagé en terrasses pour retenir l’humidité et sillonné par des rigoles pour distribuer l’eau.

Au xvie s., quand Francisco Vázquez de Coronado, parti à la recherche des sept Cités fabuleuses de Cibola, pénètre en pays Pueblo, il voit les reflets du soleil couchant sur les toits des villages habités par les descendants des peuples Anasazi. Il retourne à Mexico la bouche pleine de récits fabuleux sur ces constructions d’or qui brillent au soleil. À partir de ce moment, le sud-ouest des États-Unis sera occupé sans interruption et successivement par les Espagnols, les Mexicains et les Américains.

Actuellement, les Hopis et les Zuñis vivent toujours à proximité de ces villes jadis habitées par leurs ancêtres. À travers quatre cents ans d’occupation européenne, par une résistance plus ou moins passive, les Pueblos, vigoureusement attachés à leur style de vie traditionnel, ont maintenu les formes politiques, sociales et religieuses de leur culture originelle. La vie quotidienne dépend toujours de l’agriculture, et le problème de l’eau est de plus en plus angoissant, car l’aridité du pays a encore crû. Les Hopis, comme les Zuñis, tirent parti exclusivement des chutes de pluie, alors que, le long du Rio Grande, plus à l’est, les habitants pratiquent l’irrigation. Les travaux agricoles sont faits par les hommes, réunis en coopérative. Les femmes s’occupent des petits potagers, où poussent tomates, piments, oignons et où l’arrosage est fait à la main. Mais les Pueblos pratiquent également la cueillette et la chasse. En particulier, ils organisent des chasses communales au lapin, chasses qu’ils pratiquent avec des espèces de boomerangs multicolores qu’ils lancent sur le lapin pour l’assommer.

Dans une intention défensive, les villages ont été souvent construits au sommet d’un plateau, formés de maisons carrées en adobe qui se serrent les unes contre les autres. Chaque village est autonome politiquement. Les gouvernements sont théocratiques et constitués par les chefs des confréries religieuses.

La religion domine tous les aspects de la vie pueblo. Les Indiens comptent sur leur rituel pour leur apporter non seulement l’indispensable pluie, mais aussi la santé, une longue vie et la fécondité. Ce système de pensée est dramatisé dans un cérémonial élaboré qui mélange chants, danses, poésie et mythologie. La majorité des rituels se déroule dans les kivas, dont sont rigoureusement exclus les non-initiés et les femmes. Tout au long de l’année, les cérémonies religieuses forment le cadre dans lequel évolue cette société. Chez les Hopis, la venue des katchinas est un événement vital. Esprits des ancêtres, ces derniers apportent la pluie, et de la venue annuelle des danseurs masqués qui les personnifient dépend la sécheresse ou l’humidité, donc la famine ou l’abondance. Les masques, très élaborés, sont traités avec déférence ; ils sont l’incarnation de la divinité et sont brûlés à la mort de leur possesseur. Chez les Zuñis, la cérémonie la plus importante est celle du shalako, « courrier des faiseurs de pluie ». Elle a lieu en décembre et inaugure la nouvelle année. Six shalakos bénissent le village, allument le Feu nouveau et annoncent la pluie.

Sauf en ce qui concerne les objets associés aux rites religieux, l’artisanat pueblo moderne est dégénéré par rapport aux périodes historiques. La poterie n’est plus utilisée qu’à des fins décoratives, et le tissage a presque disparu. Par contre, le travail de l’argent et des turquoises, appris des Navahos, s’est beaucoup développé depuis le début du xxe s.

Tard venus dans le Sud-Ouest, les Navahos, de langue athabascan et originaires des régions arctiques, furent fortement influencés par les Pueblos, sédentaires et opulents. Arrivés vers 1300 apr. J.-C. avec une culture simple de chasseurs cueilleurs, ils apprirent rapidement les techniques d’agriculture, de tissage et de poterie de leurs voisins. Actuellement, ils sont agriculteurs et éleveurs, et ils ont annexé une grande partie des traditions pueblos. Ils habitent toujours dans leur maison traditionnelle, le hogan, mais sont devenus de merveilleux tisseurs et de très habiles orfèvres. Fondamentaux dans la religion navaho sont les « chants de guérison », qui racontent les mythes d’origine lors des cérémonies. Le chanteur, ou officiant, dessine en même temps sur le sol des « peintures de sables » qui sont des représentations de la vie du Peuple Sacré. En particulier, pendant la cérémonie du « Blessing Way », la plus importante du rituel navaho, les peintures représentent la grande réunion du Peuple Sacré (l’assemblée des dieux et des esprits), pendant laquelle, dans les temps mythologiques, l’humanité fut créée.