Fressin

Commune du département du Pas-de-Calais (arrondissement de Montreuil).

  • Population : 591 hab. (recensement de 2018)
  • Nom des habitants : Fressinois

Histoire

Aux confins de l'Artois et du Boulonnais, aux sources de la Planquette, petit affluent de la Canche, ce village doit sa réputation à son glorieux passé, conquis dans la fureur des batailles menées aux xvie et xviie siècles par la famille des puissants seigneurs de Créquy, mais aussi grâce à l'écrivain Georges Bernanos qui y avait sa maison et y puisa l'inspiration de plusieurs de ses romans : Mouchette, Sous le soleil de Satan (1926).

L'église (xve siècle) fut édifiée par les seigneurs de Créquy, qui voulurent lui donner un décor éclatant (ogives et cordons historiés). Dans la chapelle sépulcrale (1425), les dais de style flamboyant des stalles de pierre voisinent avec une cheminée, témoignage du luxe que les seigneurs se réservaient et qui leur permettait d'assister confortablement aux offices. L'autel (d'époque carolingienne ?) est surmonté d'un retable de pierre où sont représentés les donateurs, Jean IV de Créquy et sa femme, et leurs saints protecteurs.

Le château, aujourd'hui en ruines, était l'œuvre de Jean V de Créquy (mort en 1474) ; ami du duc de Bourgogne Philippe le Bon, dont il était le conseiller, ce seigneur souhaita sans doute rivaliser avec son prince dans la construction de cette forteresse, qu'il voulut aussi belle que celle que le duc de Bourgogne avait fait édifier non loin de là, à Vieil-Hesdin, et qui fut rasée sur ordre de Charles-Quint en 1528. Après que l'Artois fut tombé aux mains de Charles-Quint, héritier des ducs de Bourgogne, le château de Fressin devint une place forte convoitée dans les guerres de reconquête menées par François Ier et son successeur Henri II : assiégé en vain par les Anglais en 1522, il fut enlevé en 1525 par Philippe de Croy, seigneur d'Arschott, l'un des chefs de l'armée de Charles Quint. Les Français qui étaient parvenus à le reprendre en 1544, le reperdirent en 1552 après un assaut conduit par Adrien de Croy, comte de Roeulx, général des armées impériales. En 1639, la prise d'Hesdin rattacha définitivement l'Artois à la France, mais la révolte de Baltazar de Fargues (1658) fut finalement fatale au vieil édifice : cet aventurier qui, avec le soutien de l'Espagne, s'était rendu maître d'Hesdin, fit démanteler tous châteaux environnants, dont celui des seigneurs de Créquy, qui fut détruit à l'explosif.