Bombay ou Mumbai

Bombay
Bombay

Ville d'Inde, sur l'océan Indien, capitale du Maharashtra. Depuis 1996, son nom officiel, en langue marathi, est Mumbai, mais la ville est encore souvent désignée sous son ancien nom de Bombay.

  • Population pour l'agglomération : 18 414 288 hab. (estimation pour 2011)

Construite sur une presqu'île de 15 km, la ville s'étend au bord de la mer d'Oman et au pied des Ghats occidentaux. Il s'agit de la cinquième plus grande agglomération du monde (Tokyo étant la première) et de la deuxième d'Asie, devant Delhi, Shanghai, Calcutta et Dacca, au Bangladesh (ce qui indique l'importance de l'urbanisation dans le sous-continent indien). Comme Calcutta, la ville est une création de la colonisation, et elle lui doit les premières phases de son développement.
Bombay assure une part importante de la production nationale. Elle concentre par ailleurs de nombreuses activités tertiaires et une capacité économique décisionnelle unique en Inde grâce à la présence des sièges sociaux des plus grandes entreprises indiennes. Elle dispose d'importants équipements portuaires et aéroportuaires et accueille de nombreuses firmes étrangères.
La ville connaît une forte croissance économique, qui se traduit dans l'organisation de l'espace urbain : nouveau quartier d'affaires et nouvelles zones industrielles dans le nord de la ville.
Bombay est marquée par d'extrêmes inégalités de conditions de vie. La ville a grandi anarchiquement depuis plusieurs décennies en raison d'une très vive croissance urbaine. Celle-ci a souvent pris la forme de quartiers informels ou d'habitats précaires. Dans ces bidonvilles qui regrouperaient aujourd'hui plus de 6 millions d'habitants, la population n'a pas accès aux services de base (eau, transport...).
Bombay compte aussi une classe moyenne en plein développement et des populations très aisées.

GÉOGRAPHIE

1. Les avantages du site et de la situation

Les Européens, comme avant eux les Arabes, ont développé leur commerce à partir des côtes occidentales de l'Inde. La partie septentrionale de cette bande côtière présentait l'avantage d'être en liaison facile avec le nord du monde indien, peuplé, d'où la situation favorable de la région où se trouve aujourd'hui Bombay. De plus, à la latitude de la ville, un col dans les montagnes bordières de la péninsule permettait un accès aisé vers le plateau péninsulaire, tandis que la plaine littorale se développant vers le nord offrait des possibilités de communications avec la plaine du Gange.

Le site est favorable à l'installation d'un grand port, au prix de travaux assez considérables. Le plateau péninsulaire se termine ici par un escarpement brutal, au pied duquel s'étendait une plaine amphibie étroite. Au niveau de l'actuelle Bombay, une série de blocs de lave, mal reliés entre eux par des cordons vaseux, formaient des alignements d'îles. Des travaux de drainage et d'assainissement, menés pendant plus de deux siècles, ont abouti à la formation de deux îles, reliées entre elles par des chaussées et parallèles à la côte selon un axe nord-sud : île de Salsette au nord, île de Bombay proprement dite au sud. Ces deux îles isolent entre elles et la côte un vaste plan d'eau, ouvert au sud et abrité de la mousson, souvent désigné sous le nom de Thana Creek. La façade de l'île regardant vers le continent se prêtait donc à l'aménagement d'un port convenablement abrité contre les tempêtes de l'océan Indien, assez agité pendant la mousson.

2. Les étapes de la croissance

Les îles ne sont pas restées désertes avant l'arrivée des Européens, mais elles ont surtout été occupées par des pêcheurs.

Avec la phase des comptoirs (1534-1850) commence véritablement la croissance. La région appartint d'abord aux Portugais, qui développèrent peu le port, car ils possédaient plus au nord le comptoir de Surat. C'est lorsque Bombay fut cédée aux Britanniques, en 1661, que commença l'essor. La ville devint alors le principal comptoir anglais de la côte ouest, puis, avec le début de la conquête, une base d'opérations contre les Marathes notamment, et, enfin, la capitale de l'une des trois « présidences » de l'Inde britannique. La fonction commerciale et politique permit d'atteindre 250 000 habitants vers 1850.

À cette date s'amorce la phase d'industrialisation. Les Britanniques s'intéressèrent très tôt à la culture du coton sur les terres noires du nord-ouest de la péninsule. À partir de 1850, ils commencèrent à développer une industrie de traitement du coton, d'abord de la filature pour l'exportation vers la Chine, puis du tissage. Très tôt, des communautés indiennes, parsis de Bombay et castes commerçantes issues du Gujerat voisin, se lancèrent également dans les entreprises d'industrie textile. Aussi, usines et banques apparurent-elles dans l'agglomération, dont l'activité fut stimulée de surcroît par l'ouverture du canal de Suez et par la guerre de Sécession aux Etats-Unis, qui fit monter rapidement les prix du coton. La construction d'une voie ferrée à travers les Ghats (1855-1870) facilita les échanges avec l'intérieur. Malgré des périodes difficiles, notamment lors de la crise mondiale, l'activité continua à se développer, et, en 1941, la ville atteignait environ 1 500 000 habitants.

La période contemporaine (depuis 1941) a vu cette croissance s'accélérer. D'une part, la guerre amena la création de vastes marchés pour les produits industriels. D'autre part, la politique d'industrialisation du gouvernement indien draina vers Bombay des capitaux importants. L'accélération générale de la croissance démographique lui profita également, si bien que, en 1950, l'agglomération avait 2 800 000 habitants, 4 100 000 en 1960. En 1970, la population approchait 6 millions d'habitants, pour atteindre 8,6 millions en 1980, 12 millions en 1990, 16 millions en 2000 et 18 millions en 2005.

La population, cosmopolite, est formée principalement par les éléments qui parlent marathe, puis gujarati et ourdou.

3. Les activités actuelles

Ville portuaire et industrielle, Bombay est devenue une grande place commerciale et financière. Plus de 40 % des actifs sont employés dans l'industrie ; environ 55 % dans le secteur tertiaire.

Le port est le premier de l'Inde pour le tonnage débarqué et embarqué (environ 26 Mt par an), mais il est devenu insuffisant et menacé d'envasement. Les principaux produits d'importation sont les produits chimiques et métallurgiques, l'outillage de chemin de fer, le kérosène, le sucre et le bois de construction. Le port exporte charbon, coton, graines et céréales, huile, thé, cuirs et peaux, laine brute et filée, et minerai de manganèse.

Un gros apport de capitaux (émanant notamment des parsis, communauté riche et influente) a permis la création de pêcheries actives, de nombreuses industries mécaniques (machines et véhicules), chimiques, textiles (coton), agroalimentaire, de raffineries de pétrole et de studios de cinéma. Un centre atomique a été construit au nord, à Trombay.

Le négoce du diamant devient une activité majeure, tiré par la demande des classes moyennes indiennes et chinoises. Bombay ambitionne de devenir la capitale mondiale du diamant, au détriment d'Anvers.

Enfin, il existe une puissante activité artisanale, fondée en partie sur le traitement des matériaux de récupération, avec l'orfèvrerie de l'or et de l'argent, traités et façonnés en dentelle, et la fabrication, sur une très grande échelle, de pots et ustensiles en cuivre ou en laiton, le travail du bois laqué, les incrustations de bois de santal. À cet artisanat est venue s'ajouter une multitude de petits ateliers qui produisent notamment des machines-outils et des pièces détachées.

Par l'importance de son trafic maritime, de ses activités portuaires et de ses échanges commerciaux, Bombay contribue en première place à la prospérité de l'Inde.

La ville est également un centre universitaire.

4. La structure de l'agglomération

L'urbanisation affecte la totalité de l'île de Bombay et le sud de celle de Salsette. Bombay s'étire du sud au nord sur plus de 25 km, avec une largeur maximale de trois à quatre kilomètres. L'île de Bombay a une forme rectangulaire, mais au sud elle dessine deux pointes, comme les pinces d'un crabe (pointe de Colaba à l'est et de Malabar Hill à l'ouest). Les anciens îlots de lave contrastent nettement avec les régions basses, progressivement conquises sur la mer par drainage et remblaiement. Les parties hautes ont été recherchées par les habitants aisés, car les brises de mer y apportent de la fraîcheur en fin d'après-midi.

L'urbanisation a commencé au sud et à l'est de l'île, autour du port, puis a gagné vers le nord et l'ouest. Des quartiers très différenciés reflètent l'histoire de ce développement.

Le quartier du « fort » est situé au sud-est de l'île. Les installations militaires qui lui ont donné son nom ont maintenant disparu, et le quartier est devenu celui des affaires et de l'administration. Armateurs, banquiers, industriels, administrateurs sont encore dans une très large mesure installés dans des bâtiments de cinq ou six étages, de style néo-classique, ou d'un néo-gothique victorien rendu fort curieux par des incorporations de traits de style « mongol ». Les espaces dégagés pour faciliter le tir à partir du fort ont été transformés en esplanades qui aèrent le centre.

Les quartiers résidentiels aisés entourent le « fort ». Ceux de la pointe de Colaba et de la colline de Malabar (à l'O., du côté de l'océan Indien) sont anciens, et leurs villas éparse dans la verdure ne manquent pas d'un certain charme assez désuet. De immeubles très élevés apparaissent, ainsi que sur les remblaiements du fond de baie, autour du prestigieux front de mer de Marine Drive. Le sud de l'île, faiblement occupé, est réservé à des bâtiments officiels.

La vieille ville indienne flanque cet ensemble au nord. Elle a été créé pendant la « phase de comptoirs » avant 1850, mais s'est beaucoup densifiée depuis. Elle forme aujourd'hui un ensemble très congestionné. Des maisons de trois ou quatre étages, avec des balcons de bois plaqués sur les façades, sont souvent surpeuplées. Les petits commerces et les activités artisanales parfois modernisés, donnent une grande impression d'activité.

Les quartiers industriels proprement dits forment deux groupes distincts, mais partiellement contigus : le quartier du port commence immédiatement au nord du « fort » et s'allonge sur toute la façade orientale de l'île. Le quartier industriel central, construit depuis 1850, borde au nord la vieille ville indienne. Les usines textiles, souvent assez dégradées, alternent avec des habitations surpeuplées qui forment un chaos compliqué d'immeubles collectifs construits par les industriels et de petites maisons d'aspect rural.

L'ensemble de ces quartiers forme un bloc compact dans les deux tiers méridionaux de l'île de Bombay. Dans le nord de celle-ci et dans l'île de Salsette, les extensions récentes sont beaucoup moins continues. Des usines (le long des voies ferrées) alternent avec des quartiers résidentiels moyens en immeubles collectifs, quelques unités résidentielles riches, des villages de pêcheurs peu transformés et aussi de tristes bidonvilles au bord des marécages ou sur le flanc des collines. Le tout forme des noyaux urbains moins denses (à Mahim, Bandra, Trombay, etc.), l'aéroport de Santa Cruz, ainsi que la station balnéaire de Juhu Beach. Le plus confortable voisine donc avec le plus misérable, et l'agglomération se perd peu à peu dans les marécages.

L’agglomération de Bombay est aujourd’hui menacée d’asphyxie. L’espace disponible pour la construction de nouveaux logements est restreint. Un habitants sur deux vit dans un bidonville. Le plus grand, Dharavi, est sans équivalent dans toute l’Asie et regroupe plus de 800 000 personnes.

D'une manière générale, les services publics n'ont pas pu suivre le rythme de l'urbanisation, et la vie est pénible à Bombay pour les plus pauvres. De plus, les liaisons avec l'intérieur sont difficiles. Les routes et les voies ferrées, peu nombreuses, construites à travers les marais, sont surchargées. Les autorités cherchent maintenant à freiner la croissance de Bombay. Beaucoup de villes, dans un rayon de 100 à 200 km, profitent des tentatives de décentralisations. Le long de l'autoroute Mumbai-Pune se développent diverses activités de pointe dans la recherche industrielle.

5. Aperçus culturels

Si les quartiers en bord de mer sont modernes, la « Cité » conserve encore dans ses rues étroites quelques maisons aux ornements de bois de style gujarati. Le quartier de Bhuleshvar, où se trouve le Mombadevi Tank, bassin de la divinité tutélaire de la ville, attire de nombreux dévots. Les temples les plus anciens de Bombay sont ceux de Mahalakshmi, près de Breach Candy. À l'extrémité de la pointe de Malabar se trouvent le célèbre temple hindou de Walkeshvar et les cinq tours du silence, en haut desquelles les parsis font dévorer les cadavres de leurs morts par des oiseaux de proie. La ville abrite quelques exemples remarquables d'architecture victorienne (dont la gare Victoria, ou Chhatrapati Shivaji, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2004). L'île d'Elephanta, à quelques kilomètres au large de Bombay, abrite de merveilleuses grottes sculptées, dédiées au dieu Shiva. Enfin, le Prince of Wales Museum contient de riches collections de miniatures persanes et la bibliothèque de la Royal Asiatic Society est réputée comme l'une des meilleures d'Asie.

6. Le climat

Bombay bénéficie d'un climat tropical humide. Les précipitations, dues à la mousson, ont lieu quasiment uniquement en été, le total annuel moyen s'élevant à 2 078 mm. La température, d'une moyenne annuelle de 27,3 °C, reste élevée toute l'année, avec un maximum en mai, avant la mousson.

HISTOIRE

Fondée au xiiie s., Bombay supplanta Surat au xviie s. En 1885 s'y tint la première session du Congrès national indien. Depuis l'indépendance, l'ancien État de Bombay (qui comprenait le Sind jusqu'en 1937) a été divisé, sur des bases linguistiques, en deux États, le Gujerat et le Maharashtra.